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Un message de Noël d’Helga Zepp-LaRouche, Fondatrice de l’Institut Schiller

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Transformons les épées en socs de charrue !

Personne ne pourra prétendre, comme les historiens l’ont fait après la Première Guerre mondiale, que c’est en somnambules que nous sommes entrés dans la Troisième Guerre mondiale. Les cris de guerre sont aujourd’hui si assourdissants qu’ils menacent de réveiller même les morts des guerres précédentes, y compris ceux des deux Guerres mondiales.

Les dépenses militaires accaparent une partie de plus en plus importante de l’argent des impôts, tandis que l’économie civile dépérit, que les infrastructures se dégradent, et que les écoles et les hôpitaux ferment leurs portes ou sont laissés à l’abandon. Aux États-Unis, le budget de la défense de 2024 s’élève à près de mille milliards de dollars, tandis que le budget de l’Union européenne et celui de tous les budgets nationaux en Europe sont organisés en fonction d’une militarisation de ces nations. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, demande que la nation se hisse en permanence au niveau d’état d’alerte, qu’elle soit « prête à la guerre, » et affirme qu’il ne nous reste que cinq à huit ans avant une confrontation militaire majeure avec la Russie. Les groupes de réflexion américains travaillent fébrilement sur des « jeux de guerre » en vue d’une guerre majeure avec la Chine, et ils considèrent qu’il vaudrait mieux qu’elle se produise le plus tôt possible. Voir l’article du magazine du Council of Foreign Relations, Foreign Affairs, "The Big One : Preparing for a Long War With China" (L’ultime combat : se préparer pour une dure guerre avec la Chine).

Comment en sommes-nous arrivés à cette trajectoire, qui ne peut que nous mener à une Troisième Guerre mondiale, à une guerre nucléaire mondiale entre les États-Unis et l’OTAN d’une part, et la Russie et la Chine d’autre part, et donc à l’Armageddon nucléaire ?

En 1961, à la fin de son mandat, le président Eisenhower mettait en garde contre le danger que représentait l’augmentation rapide du pouvoir du complexe militaro-industriel (CMI) :

«  Dans les délibérations du gouvernement, nous devons nous prémunir contre l’acquisition, par le complexe militaro-industriel, d’une influence déplacée, que celle-ci soit recherchée ou non. Le potentiel d’une augmentation désastreuse d’une telle influence déplacée existe et persistera. »

Depuis lors, malheureusement, l’histoire a montré que l’avertissement d’Eisenhower n’a pas été écoutée et cette « influence déplacée » s’est répandue dans toute la société tournant les agences du gouvernement en des institutions agissant pour le compte du CMI.

Un des points tournants décisifs a été la dissolution de l’Union soviétique. Au lieu d’élaborer un nouvel ordre mondial de paix, comme l’avait envisagé Lyndon LaRouche avec sa proposition de Pont terrestre eurasiatique, qui aurait intégré économiquement le continent eurasien et assuré des liens étroits entre l’Est et l’Ouest, les néoconservateurs ont opté pour la création d’un monde unipolaire dominé par les anglo-américains. La doctrine Wolfowitz de 1992 stipulait qu’il ne fallait permettre à aucun pays ou groupe de pays de surpasser les États-Unis en termes de puissance politique, économique ou militaire.

Trahissant les promesses faites au dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, au moment de la réunification de l’Allemagne, selon lesquelles l’OTAN ne s’agrandirait pas d’un seul « pouce » vers l’est, l’OTAN s’est agrandi à cinq reprises, se rapprochant ainsi de 1000 kilomètres de la frontière russe, et y installant des systèmes de défense antimissile potentiellement offensifs dans cette zone – et tout cela a eu lieu bien avant l’opération spéciale russe du 24 février 2022 en Ukraine. On a ainsi assisté à une nouvelle crise des missiles de Cuba mais à la vitesse de l’escargot, en quelque sorte.

Les États-Unis et les pays de l’OTAN ont opté pour le contrôle politique, pour l’idée que chaque pays devait adopter le modèle néolibéral occidental, et le résultat fut les changements de régime, les révolutions de couleur, les guerres interventionnistes (qui ont fait des millions de morts), la construction de bases militaires dans le monde entier, l’entraînement militaire de leurs alliés, l’expansion impériale de l’UE et de l’OTAN jusqu’à la création d’une OTAN mondiale comme moyen de contenir les rivaux réels et potentiels ; et, finalement l’utilisation du dollar comme arme. Tout cela sous la bannière de la démocratie libérale et des droits de l’homme que prétend défendre « l’ordre fondé sur des règles. »

Pendant ce temps, la Chine s’est concentrée sur le développement économique et la lutte contre la pauvreté pour 850 millions de ses propres citoyens, puis, de plus en plus, sur une coopération gagnant-gagnant avec les nations du Sud par le biais de l’Initiative de la nouvelle route de la soie. Grâce à cette coopération, ces pays ont eu pour la première fois la possibilité de se libérer de la pauvreté et du sous-développement qui ont marqué l’époque coloniale. Aujourd’hui, 150 pays collaborent avec la Chine à des milliers de projets liés à la Nouvelle route de la soie : construction de routes et de réseaux de trains à grande vitesse, de ports, d’aéroports, de corridors de développement, de parcs industriels, etc.

Au cours des dix dernières années, depuis que la Chine a mis « l’Initiative une Ceinture une Route » à l’ordre du jour, un optimisme culturel sans bornes s’est répandu parmi les « nations du Sud, » désormais la majorité mondiale, basé sur l’idée qu’elles deviendront bientôt des nations pleinement développées. Elles ont répondu à l’utilisation du dollar comme arme par la dédollarisation, c’est-à-dire en commerçant avec leurs propres monnaies et en planifiant à terme leur propre monnaie de réserve, et aussi en approfondissant le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine, et en créant leurs propres organisations, telles que le BRICS Plus, qui comptera dix membres à partir du 1er janvier 2024, et bien davantage dans un avenir rapproché.

Conclusion : la tentative de répondre à la désintégration de l’Union soviétique en proposant l’utopie d’un ordre mondial unipolaire, maintenu par la puissance militaire, s’est avérée être un échec monumental. Elle a conduit à une réaction stratégique sans précédent.

Par conséquent, la question la plus importante maintenant est la suivante : l’Occident, les États-Unis et les nations européennes, peuvent-ils corriger leur trajectoire politique à temps et choisir la coopération avec le Sud au lieu de la confrontation ? La Chine et la Russie, quant à elles ont souligné à plusieurs reprises que « l’initiative une Ceinture, une Route » et les pays du BRICS sont ouverts à la coopération avec l’Occident !

La principale difficulté réside dans le fait qu’une grande partie des capacités économiques des États-Unis, et une part croissante de celles de l’Europe, ont été accaparées par le CMI et qu’elles sont si étroitement liées aux grandes sociétés d’investissement et aux sociétés de gestion d’actifs de Wall Street et de la City de Londres, qu’un terme plus approprié est celui de complexe militaro-industriel-financier. (Voir la documentation en anglais sur le CMIF).

D’un point de vue technique, il serait relativement facile de réorienter ces capacités à des fins civiles et, au lieu de produire des bombardiers, des avions de chasse et des missiles, de produire des trains à grande vitesse (TGV), des réacteurs nucléaires de quatrième génération intrinsèquement sûrs, des réacteurs à fusion nucléaire, ainsi que des stations spatiales pour les voyages internationaux dans l’espace. En d’autres termes, toute la capacité industrielle actuellement utilisée pour la destruction de valeurs physiques réelles - à quoi d’autre les systèmes d’armes peuvent-ils servir ? - pourrait servir à la production de biens au service de l’intérêt général. Au lieu de chars d’assault et de munitions, elle pourrait produire des écoles et des hôpitaux, et aider nos nations à retrouver des économies prospères !

L’économiste russe Sergei Glazyev l’a résumé dans un message à l’occasion du centième anniversaire de Lyndon LaRouche. LaRouche a non seulement prévu avec clairvoyance la crise du système néolibéral, mais il a également proposé des solutions pour surmonter cette crise. Les pays qui ont rejeté ses solutions sont aujourd’hui en train de se désintégrer, tandis que ceux qui ont mis en œuvre ses idées prospèrent. Glazyev déclarait :

« Dans pratiquement tous les grands pays du monde qui se développent aujourd’hui avec succès - particulièrement l’Inde et la Chine - il y a des partisans de LaRouche. Ils ont utilisé ses pensées et ses idées pour créer leurs miracles économiques. Ce sont les principes de l’économie physique défendus par LaRouche qui sous-tendent aujourd’hui le miracle économique chinois et qui sont à la base de la politique de développement économique de l’Inde. Les partisans de LaRouche dans ces pays exercent une influence fructueuse, très positive et constructive sur l’élaboration de la politique économique dans ces nations qui mènent la lutte pour un nouveau paradigme économique mondial. »

Il n’est pas encore trop tard. Nous devons remplacer les cris de guerre réclamant toujours davantage d’armes par un retour à la diplomatie et à l’idée que nous pouvons - et devons - résoudre tous les conflits par la négociation, si nous voulons éviter une guerre nucléaire mondiale et un hiver nucléaire, qui effacerait tout souvenir de l’existence de l’humanité.

Au lieu de l’avidité des spéculateurs du CMIF, de Wall Street et de la City de Londres, dont les taux de profit élevés dépendent de l’argent des impôts levé pour financer de nouvelles guerres, nous devons défendre l’intérêt existentiel de la population : les intérêts des agriculteurs, des petites et moyennes entreprises, des conducteurs de train, des boulangers, etc.

Transformons les épées en socs de charrue !

Nous sommes nombreux et ils sont peu !

Pour la coopération avec les pays en voie de développement !