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Le courage de la jeunesse

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Exceptionnellement, nous vous présentons cette semaine, en guise d’éditorial, un discours prononcé par Franklin D. Roosevelt, avant son inauguration qui eut lieu le 1er mars 1933. Ce texte sera le premier d’une série de discours et de notes autobiographiques, couvrant la période 1932-1933, par le plus grand président américain du 20è siècle. Ces textes en français seront archivés sur le site www.comiterepubliquecanada.ca dans une section intitulée Franklin D. Roosevelt vous adresse la parole.

Les preuves du bouleversement survenu dans notre ordre social sont nombreuses, tragiques en leurs conséquences et démontrent irréfutablement la nécessité d’assainir toute notre organisation. Sans nul doute, cette nécessité impose une attitude patriotique et des sacrifices personnels à tous les hommes qui ont reçu la charge de diriger, de faire des lois et d’administrer les affaires de ce pays.

Nous pouvons nous rendre compte de la situation actuelle de chaque industrie ou profession, en consultant des statistiques, des études ou des graphiques. Nos calculs d’avenir peuvent être établis par les mêmes moyens. Bien que ceux-ci soient nécessaires, je préfère, au cours de ce qui va suivre, exposer les problèmes relatifs à nos projets, en me plaçant à un point de vue plus humain et tout aussi précis. Ce point de vue est directement celui de tous les hommes et de toutes les femmes à la recherche du bonheur et, peut-être plus encore, celui de ceux qui sont à l’âge des grandes ambitions, en pleine jeunesse. J’entends par là ces jeunes qui viennent de terminer leurs études, et qui sont prêts à mettre à l’épreuve la valeur du système d’éducation et de formation de caractère le plus affiné.

Je pense qu’il est bon de souligner l’attitude que doivent prendre tous ceux d’entre ces jeunes gens que nos projets nationaux intéressent, si nous voulons qu’ils soient de quelque utilité, aussi bien pour nous-mêmes que pour la génération à venir.

... La plupart de nos jeunes gens, aptes et prêts au travail, sont ou incapables de trouver un emploi dans une société prospère, ou profondément inquiets pour l’avenir de la situation qu’ils ont la chance d’avoir. Ils ont évidemment de l’espoir. Je souhaite pourtant que beaucoup de jeunes gens aient été initiés à la recherche inexorable de la vérité et qu’ils sachent la regarder en face avec courage. J’exprime le voeu qu’ils affrontent la situation malheureuse avec une netteté de vision plus grande que celle de leurs aînés.

Comme ils ont vu de près ce monde où ils s’apprêtent à jouer un rôle actif, je ne doute pas qu’ils n’aient été frappés par son aspect chaotique et l’absence de projets nécessaires à sa réorganisation. Ce manque d’appréciation exacte des valeurs et de prévoyance de l’avenir existe dans presque toutes les branches de l’industrie, dans chaque profession, dans chaque carrière..

... La stabilité, seule, peut nous permettre de tirer profit de notre récente expérience ; certains estiment qu’elle n’est pas à désirer. Il en sera d’eux comme beaucoup qui, sans courage, inquiets de tout changement, accrochés au faîte de leur toit alors que le flot monte, ne voudront s’élancer vers la planche de salut que lorsqu’ils ne pourront plus l’atteindre. Parmi ceux qui voudront tenter l’expérience, il s’élèvera de violentes divergences d’opinions sur la manière d’agir. Ces problèmes sont si complexes et intéressent des points du pays tellement distants les uns des autres, que les hommes et les femmes de sens commun ne peuvent s’entendre sur la méthode à suivre pour les résoudre. De tels désaccords mènent à l’inaction, à la politique du chien crevé au fil de l’eau. Une entente peut intervenir, mais trop tard.

Ne confondons pas objectifs et méthodes. Pour beaucoup de soi-disant chefs de la nation, les arbres cachent la forêt. Trop d’entre eux ne peuvent reconnaître la nécessité qu’il y a d’établir des projets pour atteindre des objectifs déterminés. La science réelle de celui qui dirige le peuple implique l’art de mettre devant les yeux de celui-ci des objectifs, et de rallier l’opinion de tous pour leur défense.

Lorsque la nation se sera montrée foncièrement unanime à établir de grands objectifs intéressant sa civilisation, le vrai chef fera l’accord de tous au sujet des méthodes à suivre.

Ce pays a besoin et même — si je ne me trompe sur son caractère — réclame des expériences hardies et toujours nouvelles. Il est raisonnable de choisir une méthode, de l’essayer ; si elle échoue, admettez-le franchement et essayer-en une autre. Mais surtout, essayez quelque chose. Les millions de gens qui sont dans le besoin ne resteront pas toujours silencieux, tandis que les choses qui peuvent les satisfaire sont à leur portée.

Il nous faut de l’enthousiasme, de l’imagination, et du savoir-faire pour affronter le problème, aussi déplaisant soit-il. Nous devons corriger, même par des moyens énergiques, les défauts de notre système économique, dont nous souffrons tant à l’heure présente. Il nous faut pour cela le courage de la jeunesse.

Voir également :

1) La vidéo : 1932 : Combattre le véritable ennemi : l’Empire britannique.

2) La vidéo : A modern CCC to replace today’s My Space culture, a class by LYM member Oyang Teng.

Gilles Gervais
Président du Comité pour la République du Canada
ecrivez@comiterepubliquecanada.ca