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2014 : déjouer le piège de Thucydide
4 janvier 2014
Un siècle après le début de la première guerre mondiale en 1914, de nombreux historiens s’interrogent sur l’éventualité d’un nouveau conflit mondial. Pour Graham Allison, directeur du Centre Belfer pour la science et les affaires internationales, à la Kennedy School of Government de l’Université de Harvard, le danger est plus que réel. Allison commence par rappeler ce que les stratèges appellent le « piège de Thucydide », du nom de l’historien de la Grèce antique et auteur du récit sur la Guerre du Péloponnèse :
Thucydide avait, comme l’explique Allison dans un article publié dans The National Interest du 31 décembre dernier, « identifié les tensions structurelles comme étant la première cause de la guerre entre Athène et Sparte dans la Grèce antique. Dans une de ses remarques souvent citées, ’’c’était la montée d’Athène et la peur qu’en éprouva Sparte qui a rendu la guerre inévitable’’. » Selon Allison, les Spartes et Athène de 2014 sont les Etats-Unis et la Chine.
Allison ne croit pas que le conflit viendra directement d’une confrontation entre les forces des deux pays, comme l’incident entre le USS Cowpens et un vaisseau chinois en décembre dernier : « Thucydide aussi bien que 1914 nous rappellent le rôle d’un second groupe de facteurs qui, dans ces conditions, peuvent servir d’élément déclencheur de la guerre, emmêlant les relations entre les alliés. » En 2014, le Japon a plus de chance de devenir le déclencheur d’une guerre entre les Etats-Unis et la Chine que toute autre confrontation directe, selon Allison. Il cite la dispute territoriale à propos des îles Senkaku/Daioyu, ainsi que les « décennies perdues » pour le Japon en raison de la stagnation économique et le déclin. La Chine a entre-temps pris sa place comme numéro deux à l’échelle mondiale. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe est non seulement déterminé à renverser le déclin économique de son pays, écrit Allison, mais a également de « grandes ambitions » pour reconstruire ses capacités militaires, révisant dans le même temps les restrictions imposées par voie de traité par les Etats-Unis à la fin de la deuxième Guerre mondiale. Abe entend démontrer que le « Japon peut se tenir debout et défendre son territoire ». Allison décrit ensuite ce qu’il entrevoit comme le scénario le plus probable pour 2014. Tout commence par une initiative chinoise comme la déclaration, en novembre dernier, d’une zone d’identification de défense aérienne au dessus de la mer de Chine orientale, déclenchant une réponse de la part du Japon. « Des prises de risque de plus en plus grandes au niveau des représailles pourraient s’ensuivre, produisant un petit conflit naval et aérien entre le Japon et la Chine, au cours duquel des douzaines de navires et d’avions seraient détruits », écrit Allison. Les Etats-Unis seraient appelés à la rescousse, espérant que la combinaison des deux convaincraient la Chine de céder, sauf qu’il n’est pas clair selon lui si cette dernière se comporterait de la manière prévue. Allisson « parie » qu’une grande guerre n’aura pas lieu en 2014, mais ajoute cependant une note de prudence. Même si la guerre est « inconcevable » pour beaucoup, il ajoute que « le fait que les présidents Obama et Xi comprennent que la guerre serait une folie tant pour la Chine que pour les Etats-Unis est significatif mais ne permet pas de disposer de la question ». Le chantage d’Attali Comme d’habitude, Jacques Attali, interrogé par Europe 1 le 28 décembre, se veut menaçant pour faire accepter les recettes politiques qu’il préconise. S’il estime qu’une nouvelle crise bancaire frappera bientôt, elle ne sera résolue que par une crise d’hyperinflation mondiale, ou
Déjouer le piège Rappelons que l’actuel chef d’état-major des armées américaines, le général Martin Dempsey, a lui aussi développé au cours des derniers mois ce concept de « piège de Thucydide », non pas comme une fatalité mais pour ramener le président Obama à la prudence à chaque fois qu’il s’apprêtait à lancer une nouvelle attaque militaire. Si Thucydide a écrit cette histoire, c’est précisément pour nous permettre aujourd’hui d’échapper à ce piège. Avec un personnalité instable comme Barack Obama à la présidence de la plus grande puissance militaire du monde, et plusieurs membres de l’élite transatlantique estimant qu’une guerre pourrait être gérable une fois déclenchée (comme ceux qui prônaient l’été dernier quelques « frappes sommaires » contre la Syrie), nombreux sont les historiens et stratèges patriotes qui pensent, comme l’économiste américain Lyndon LaRouche, qu’Obama devrait être rapidement destitué. |