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La crise alimentaire mondiale cache-t-elle un génocide silencieux ?

par Karel Vereycken

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J’ai l’espoir qu’un profond malaise vous saisisse lorsque vous découvrirez que le plus grand génocide de tout les temps est en cours sous nos yeux. Nous l’ignorons simplement parce qu’il s’agit d’un génocide « silencieux ». En effet, la mise à mort de ceux qui ne vivent pas encore, ne fait guère de bruit.

Expliquons-nous. L’histoire de l’humanité se résume souvent à une courbe impressionnante indiquant l’explosion démographique récente, résultant de plusieurs « anomalies ». Une des premières est certes l’avènement du christianisme, une autre la renaissance en Chine sous la dynastie des Song. Ensuite, l’effondrement brutal provoqué par la peste noire au milieu du quatorzième siècle, suivi de la reprise fulgurante à partir de la Renaissance italienne. La planète a pu accueillir un milliard d’humains en 1800, 2 milliards en 1930 (130 ans plus tard) ; 3 milliards en 1960 (30 ans plus tard) ; et 4 milliards en 1974 (seulement 14 ans plus tard).

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Population mondiale à travers l’histoire

Si l’on extrapole cette équation, en comptant la moitié de la durée précédente, pour ajouter un milliard d’hommes sur terre, le chiffre de 5 milliards aurait du être atteint en 1981 (7 ans après 1974) ; 6 milliards en 1985 (4 ans plus tard) et 7 milliards en 1987 (2 ans plus tard).

Cela n’a pas eu lieu. Seuls 6,8 milliards d’hommes environ vivent sur la planète à ce jour (11 ans après 1987), tandis qu’on aurait du dépasser les 10 milliards en 1990.

Pourquoi

Au début des années 1970, l’oligarchie financière internationale, siégeant à Londres, a décrété qu’il était temps de « stabiliser » la population mondiale aux alentours de 8 à 10 milliards de personnes, un nombre que cette oligarchie considère, selon son obsession idéologique, comme l’extrême limite tolérable, dans ce qu’elle considère comme étant un univers fixe composé de ressources limitées.

Cet objectif était celui que formula le Club de Rome en 1972 dans son « Halte à la croissance ? », dont 30 millions d’exemplaires furent imprimés en trente langues, pour devenir le fondement axiomatique du paradigme pessimiste de la mondialisation financière. L’économiste américain Lyndon LaRouche fut un des rares à combattre l’incompétence du Club de Rome et son programme, qu’il qualifiait de « plan pour l’extinction » de l’espèce humaine.

Aujourd’hui, d’après les statistiques publiées par l’Agence étasunienne des statistiques (US Census Bureau, 2008 first update), la population mondiale a passé le pic d’accroissement annuel de 85 millions en 1990 et décline depuis lors. L’accroissement annuel est tombé à 79 millions en 1998 et l’Agence prévoit une forte baisse à partir de 2013, ramenant l’accroissement annuel à quelque 50 millions par an, c’est-à-dire prévoit autant qu’en 1950.

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Evolution annuelle de la population mondiale (1950-2050)

Rappelons ici que le pasteur Thomas Malthus, apologiste stipendié de la Compagnie des indes orientales britannique, « prédisait » que la croissance démographique dessinait une courbe géométrique (1, 2, 4, 8, 16, 32…), tandis que les ressources disponibles pour l’humanité n’augmentaient que d’une façon arithmétique (1, 2, 3, 4, 5…), formant une ligne droite ; vu l’histoire de l’humanité, il s’agit à l’évidence d’une escroquerie.

Les planificateurs fascistes qui cherchent à piloter l’expansion démographique de l’humanité semblent vouloir prouver que Malthus se trompait. Non pas en démontrant que des « sauts » de la créativité humaine peut provoquer les accroissements nécessaires de productivité et de nouvelles ressources, permettant précisément la croissance démographique, mais en conformant la courbe démographique à la courbe linéaire formée par l’accroissement des ressources selon Malthus.

Pol Pot ou « Hitler light » ?

Si les statistiques de l’ONU soulignent que la population mondiale atteindra les 9,8 milliards de personnes en 2050, elles font souvent l’impasse sur le fait que cette estimation n’est qu’une de leurs projections statistiques parmi trois scénarios étudiés.

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Trois scénarios pour l’avenir
  1. La variante « basse », le rêve de l’oligarchie, anticipe un pic démographique d’environ 8 milliards de personnes en 2050, suivi d’une réduction constante très nette, chiffrée à 4,3 milliards de personnes en 2150 !
  2. La variante « moyenne » nous donnerait 9,8 milliards de personnes en 2050, pour ensuite se « stabiliser » autour de 11,5 milliards en 2150.
  3. La variante « haute » (qui, soulignons-le, n’est que l’extrapolation linéaire de la croissance démographique actuelle) nous donnerait 28 milliards d’âmes sur la terre vers 2150.

Si la « variante basse » prend l’air d’un génocide à la Pol Pot à l’échelle planétaire, la « variante moyenne » demeure un programme qualifiable « d’Hitler light ».

Soulignons une fois de plus que la variante « haute » n’est qu’une projection linéaire de la croissance démographique, tandis que même Malthus, pour la cohérence de sa propre argumentation, affirmait que la population mondiale ne s’accroissait pas d’une façon linéaire (comme l’affirme l’ONU), mais d’une façon géométrique et exponentielle !

Cependant, c’est la version « Hitler light » qui a été adoptée comme base de travail « raisonnable » de toutes les institutions internationales (Banque mondiale, Fonds monétaire international, FAO, etc.), depuis au moins 1991 !

Alors, est-ce que nous accusons l’ONU d’être génocidaire ?

Oui ! Un article du New York Times du 1 juillet 1999 intitulé « l’ONU adopte un plan pour limiter la population » affirme que « L’Assemblée générale a débattu aujourd’hui un plan d’action quinquennal pour limiter la croissance de la population mondiale, bien que les pays en voie de développement restent profondément divisés sur certains aspects de ce plan. ‘Nous devons stabiliser la population de cette planète’ disait Kofi Annan dans son discours ouvrant la session spéciale. »

« L’essentiel du plan – qui vise à geler la population mondiale, actuellement aux alentours de 6 milliards, à 9,8 milliards en 2050 par l’amélioration du statut de la femme – a été accepté et mis en œuvre. »

« Cependant, un petit groupe de musulmans conservateurs et de pays catholiques du tiers-monde, appuyés par le Vatican, continuent à s’opposer sur certains aspects. »

Cinq ans auparavant, en septembre 1994, la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) du Caire avait fixé le programme. Ce n’était qu’un remake de la scandaleuse conférence de Bucarest de 1974, où Mme Helga Zepp-LaRouche était personnellement intervenue pour démasquer la philosophie fasciste du Club de Rome.

Rappelons également les déclarations troublantes du Commandant Cousteau dans le Courrier de l’Unesco de novembre 1991. En initié de la secte malthusienne, Cousteau déclara qu’il s’interrogeait sur l’intérêt réel des progrès médicaux : « l’élimination des virus relève d’une idée noble, mais elle pose à son tour d’énormes problèmes. Entre l’an 1 et l’an 1400, la population n’a pratiquement pas changé. A travers les épidémies, la nature compensait les abus de la natalité par des abus de mortalité. (…) Nous voulons éliminer les souffrances, les maladies ? L’idée est belle, mais peut-être pas tout à fait bénéfique à long terme. Il est à craindre que l’on compromette ainsi notre espèce. C’est terrible à dire. Il faut que la population mondiale se stabilise et pour cela, il faudrait éliminer 350 000 hommes par jour. C’est si horrible à dire qu’il ne faut même pas le dire. »

Le Prince Philip d’Edimbourg, mari consort de la Reine d’Angleterre et fondateur du Fonds mondiale pour la nature (WWF), a également formulé le souhait, après sa mort, de pouvoir se réincarner « en virus mortel capable de faire reculer la surpopulation ».

Pour l’oligarchie, la pauvreté et la destruction de la production alimentaire mondiale constituent les moyens les plus simples pour faire triompher les épidémies et pour réduire la population mondiale.

Le visage vert du fascisme malthusien

Malheureusement, le malthusianisme dispose de pas mal d’adeptes aux Etats-Unis. Comme l’écrit Nicolas Eberstadt, un « spécialiste » d’économie politique au think-tank néo-conservateur American Enterprise Institute (AEI) : « Stabiliser la population mondiale est un objectif bien reçu et financièrement soutenu par bon nombre des grands capitaines de l’industrie : parmi eux les multimilliardaires selfmade Ted Turner, Warren Buffet et Bill Gates. Le besoin de ‘stabiliser la population globale’ a été défendu par une vaste palette d’écrivains, de porte paroles et de commentateurs des média américains. Politiquement, l’objectif de ‘stabiliser la population mondiale’ est appuyé par l’USAID (l’Agence américaine d’aide internationale). Et l’exigence de ‘stabiliser la population mondiale’est prônée aux Etats-Unis par des personnalités politiques très influentes disposant d’une grande popularité : un des thuriféraires les plus éloquents de cette cause, le vice-président Al Gore, a d’ailleurs failli emporter l’élection présidentielle de 2000. »

Aujourd’hui, Nicolas Eberstadt, tout comme Al Gore, fait des conférences sur le réchauffement climatique, nouveau prétexte environnemental pour imposer le fascisme malthusien. Encore récemment, le 2 juillet 2008, Eberstadt partageait le podium avec le patron de la Banque mondiale, Robert Zoellick, sur le thème : « Malthus, avait-il raison ? Est-ce que la crise alimentaire d’aujourd’hui était inévitable ? »

Indiquant les arrières pensées politiques de sa démarche, Eberstadt a écrit un article sur « L’avenir du SIDA », publié en 2002 dans Foreign Affairs. Eberstadt y affirme que la pandémie HIV/SIDA va bientôt « se déplacer de l’Afrique vers l’Eurasie. Le nombre de victimes dans les trois pays clefs – la Russie, l’Inde et la Chine — pourrait s’avérer considérable. Ce sera certainement une tragédie humaine, mais ce sera bien plus que cela. La maladie affectera le potentiel économique des principaux Etats de la région et l’équilibre des rapports de force. Moscou, New Delhi et Pékin pourraient prendre des mesures pour écarter le désastre – mais rien n’a été fait jusqu’ici. »

Eberstadt affirme que l’USAID approuve officiellement l’objectif de « stabiliser la population mondiale ». Dans un rapport intitulé « Profil sur la population mondiale : 1998, avec un chapitre spécial sur le VIH/SIDA dans les pays en voie de développement » élaboré par l’International Programs Center (IPC), une division de l’USAID, on sent l’inquiétude derrière le constat que « la croissance démographique a persisté depuis les trois dernières décennies, en dépit de la chute du taux de fécondité observée dans bon nombre de pays en voie de développement à la fin des années 1970, ainsi que dans certains pays, en dépit des victimes provoquées par l’épidémie du VIH/SIDA. Bien que l’accroissement de la population mondiale reflète un ralentissement de la croissance, la population mondiale continue de croître d’une façon conséquente, en termes absolus. L’accroissement de la population équivaut à rajouter à la population totale l’équivalent de la somme des populations d’Israël, d’Egypte, de Jordanie et de Palestine… Les hypothèses du bureau américain des statistiques concernant la fécondité et la mortalité, impliquent que la population mondiale atteignera le niveau des 8 milliards d’ici 25 ans et les 9,3 milliards en 2050. »

Si officiellement on attribue les succès de la lutte contre la surpopulation à un meilleur « planning familial », habilement rebaptisé « accès à la santé procréatrice », la réalité semble bien moins saine.

D’ailleurs, des voix s’élèvent ici et là pour souligner l’emphase excessive sur l’aspect démographique par rapport à l’impératif de développement. Une lobbyiste constate que « le contenu des discussions semble se focaliser sur le contrôle démographique et bien peu sur le développement. Dans un rapport-étape, le terme ‘santé procréatrice’ apparaît 57 fois, tandis que le terme ‘santé élémentaire’ n’apparaît que trois fois. »

D’après les données de l’UNPF (Fonds des Nations unies sur la population), un grand nombre de femmes dans le monde a accès à la contraception, bien qu’elles ne disposent aucunement à l’accès à l’eau potable. A Haïti, 81% des femmes ont accès à la contraception, tandis que seulement 28% de la population dispose d’eau de bonne qualité. Au Népal, 95% des femmes ont accès à la contraception, mais seulement 44% à l’eau potable.

En finir avec la « Révolution verte »

Dans les faits, la régression démographique coïncide avec la mise en œuvre des programmes d’ajustements structurels (PAS), imposés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Au nom du « Consensus de Washington », une dictature mondiale du libre échange, digne de l’Empire britannique, a dicté une dérégulation sauvage de l’économie mondiale, provoquant la fin de la sécurité alimentaire pour bien des pays dans le monde.

Au nom de ces « réformes » favorisant la liberté du renard dans le poulailler, un certain nombre de pays en voie de développement ont été forcés à démanteler leurs secteurs agricoles publics. Cette politique les a rendu totalement dépendants des revenus de leurs seules monocultures et, si les cours s’effondraient, de l’aide alimentaire mondiale d’urgence.

La « Révolution verte », héritière de la politique agricole menée par Henry E. Wallace, le ministre de l’Agriculture de Franklin Delano Roosevelt à l’époque du New Deal, avait réussi à révolutionner la production des semences, d’abord aux Etats-Unis, puis dans l’après-guerre au Mexique. A la fin des années cinquante, cette révolution verte avait été mise en marche avec succès en Inde, au Pakistan, aux Philippines et au Zimbabwe. Aujourd’hui, la contre-révolution verte est en marche, par les menées des maniaques malthusiens.

L’accroissement du nombre de personnes frappées d’insécurité alimentaire permanente, et semi permanente, crée le terreau favorable à ce que des maladies que l’on croyait éradiquées pour toujours puissent ressurgir, et à ce que de nouvelles épidémies puissent apparaître. Des épidémies majeures, telles que la polio ou le paludisme, pourtant en voie de disparition hier, reprennent de nouveau leur souffle, en arrachant la vie à au moins 15 millions de morts dans les pays en voie de développement, l’endroit où 90% de toutes les maladies infectieuses prospèrent.

D’autre part, si les nouvelles technologies, celles du nucléaire du futur et des isotopes d’hydrogène, sont mobilisées pour l’irrigation, le dessalement de l’eau de mer à grande échelle, la production d’énergie, le transport et les semences à haut rendement, la planète pourrait nourrir, rien qu’en utilisant réellement les connaissances existantes, trente à quarante milliards d’individus, rien que sur la terre.