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Le néo-conservatisme d’Obama vertement critiqué

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Obama a pris la place de George Bush, mais les conseillers sont restés en place

Aussi bien aux États-Unis qu’au Royaume-Uni, de plus en plus de voix se lèvent pour dénoncer le caractère néfaste et dangereux de la bande des cinq conseillers néoconservateurs composant l’équipe resserrée de Barack Obama.

Ainsi, c’était au tour de l’ex-officier de la CIA Philip Giraldi de faire remarquer que le limogeage du secrétaire à la Défense Chuck Hagel par Obama est lié à l’affrontement entre certains militaires de haut niveau et la Conseillère à la sécurité nationale Susan Rice, proche d’Obama, concernant la politique chaotique et inconstante de l’administration Obama au Moyen-Orient.

Contrairement à Hagel, qui a connu les vicissitudes du terrain pendant la guerre du Vietnam, les proches conseillers d’Obama, Samantha Power, Susan Rice, Victoria Nuland et Valerie Jarrett, sont le pur produit des grandes universités américaines, dont les enfants ne mourront jamais dans des conditions atroces pour des prétendues « interventions humanitaires » à l’étranger.

Giraldi voit dans le départ de Hagel une victoire pour les partisans d’Israël opposés à toute entente avec l’Iran sur la question nucléaire. Mais surtout, conclut-il :

« Le plus grand triomphe des néocons est leur mainmise sur la politique à l’égard de la Russie, la seule puissance dans le monde capable d’attaquer et de détruire une grande partie des États-Unis. L’affrontement avec Moscou n’a aucun sens, puisque le seul intérêt vital des Etats-Unis est de maintenir une relation de travail fructueuse, mais la tension continue à monter. »

La sous-secrétaire d’Etat américaine Victoria Nuland n’est pas épargnée en tant que principale instigatrice de la crise ukrainienne, et en raison de son récent séjour en Lettonie, où elle a affirmé que les soldats américains étaient prêts à « donner leur vie » pour la sécurité des pays baltes. Et Giraldi, non sans ironie, note :

« L’allusion de Nuland au fait de "donner sa vie" peut sûrement être vue comme une mention poétique puisque la seule manière dont un néocon pourrait mourir de manière tragique serait de s’étouffer en avalant un morceau de foie gras »

Il termine en rappelant que la Lettonie n’est membre de l’OTAN que grâce à l’ « élargissement malavisé » de l’OTAN, lui-même une violation de l’entente entre Moscou et Washington suite à l’effondrement de l’Union soviétique, selon laquelle l’Occident ne tenterait pas de tirer profit de la chute du Mur pour élargir sa sphère d’influence en Europe de l’Est.

« La protection de la Lettonie est une politique qui ne nous fait que trop penser à l’enchaînement des événements qui a précédé tant la Première que la Deuxième Guerre mondiale. »

« Le limogeage par la Maison Blanche d’une voix prônant la retenue et la modération au Pentagone est peut-être inévitable  », étant donné les provocations de l’administration Obama en Irak et en Syrie, ainsi que sa volonté de saboter toute entente avec l’Iran, sans parler de ses agissements envers Moscou, résume-t-il.

Dissidence britannique

Une autre voix dissidente est celle du journaliste britannique renommé John Pilger, qui dénonce la complicité des médias dans l’escalade vers une guerre nucléaire contre la Russie.

Dans un discours foudroyant prononcé vendredi le 5 décembre à Londres lors d’un symposium sur le journalisme d’investigation, Pilger a accusé les grands médias occidentaux d’être responsables de la montée des tensions avec la Russie, conduisant le monde vers une troisième guerre mondiale :

« Le monde est menacé d’une guerre majeure, peut-être nucléaire, alors que les États-Unis s’entêtent à vouloir isoler et provoquer la Russie et éventuellement la Chine. La vérité est transformée à 180 degrés par les journalistes, incluant par ceux qui ont promu les mensonges qui ont conduit au bain de sang en Irak en 2003. L’époque dans laquelle nous vivons est si dangereuse et si déformée dans la conscience du public que la propagande n’est plus, comme l’avait qualifiée Edward Bernays, "un gouvernement invisible". Elle est le gouvernement. Elle gouverne directement, elle n’a plus peur de la contradiction et son objectif principal est de nous conquérir : notre perception du monde, notre capacité à séparer la vérité du mensonge. »

Pilger s’attaque en particulier aux soi-disant médias de référence comme le New York Times (il oublie de mentionner Le Monde) qui, contrairement à des organes plus idéologiques comme Fox News ou The Sun en Angleterre, ont une réputation d’objectivité : «  Lorsque le New York Times a rapporté que Saddam Hussein possédait des armes de destruction de masse, ces preuves truquées ont été prises au sérieux parce qu’il ne s’agissait pas de Fox News.  »

Le même raisonnement vaut pour le Washington Post et le Guardian, qu’il a accusés, avec le New York Times, d’avoir « présenté à tort les événements en Ukraine comme résultant d’actes malveillants de la part de la Russie, alors que le coup d’État fasciste en Ukraine est l’œuvre des États-Unis, aidés par l’Allemagne et l’OTAN. (…)

La suppression de la vérité sur l’Ukraine est la censure médiatique la plus complète dont je puisse me rappeler. La plus grande mobilisation militaire de l’Occident dans le Caucase et en Europe de l’Est depuis la Seconde Guerre mondiale est passée sous silence. L’aide secrète de Washington à Kiev et aux brigades néonazies responsables de crimes de guerre contre la population de l’est de l’Ukraine est complètement censurée. Les preuves contredisant la propagande affirmant que la Russie était responsable de la catastrophe de la Malaysian Airlines sont censurées. Plusieurs dans les médias occidentaux ont travaillé de manière acharnée pour présenter la population ukrainienne russophone comme des étrangers dans leur propre pays, comme s’ils n’avaient jamais souhaité une fédération à l’intérieur de l’Ukraine, en tant que citoyens ukrainiens résistant à un coup orchestré depuis l’étranger contre leur gouvernement élu.

Il n’y a pas lieu de s’étonner, bien sûr, que la grande majorité des médias occidentaux ait pris la décision de ne pas couvrir le discours de Pilger.