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ExoMars, une chance pour la paix !

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Par Sébastien Drochon du Groupe-Espace de Solidarité & Progrès.

S’il faut se réjouir de la mission spatiale européenne ExoMars, ce n’est pas seulement pour le merveilleux spectacle qu’elle nous promet, mais avant tout pour ce qu’elle peut inspirer aux jeunes générations. En effet, alors même que la Russie et les États-Unis semblent chaque jour se rapprocher d’un affrontement fatal, ce partenariat entre l’Agence spatiale européenne (ESA) et son homologue russe Roscosmos démontre avant tout qu’une coopération internationale est encore possible pour bâtir un avenir meilleur.

Ainsi, grâce à cette coopération pour la paix, une nouvelle étape dans la grande aventure spatiale européenne a commencé en ce dimanche 16 octobre, lorsque l’orbiteur « Trace Gas Orbitor », (TGO), s’est séparé de l’atterrisseur Schiaparelli. Alors que la sonde TGO entame désormais un long processus de mise en orbite autour de Mars, Schiaparelli, fort de ses 600 kg et de ses 2,4 mètres de diamètre, entrera en contact avec l’atmosphère martienne le 19 octobre. Il atterrira moins de 6 minutes plus tard, grâce au déploiement successif d’un parachute, d’un système de rétrofusées et d’une structure en aluminium déformable, capable d’amortir les deux derniers mètres de chute libre en réduisant sa vitesse à 4 km/h. Un nouveau moment « Curiosity » et « Rosetta » nous attend donc !

L’objectif de cette première mission est double : d’une part, détecter via la sonde TGO, la présence de méthane dans l’atmosphère martienne pour en déterminer l’origine géologique ou biologique ; d’autre part, avec Schiaparelli, tester la technologie d’atterrissage en vue d’amener sur Mars, d’ici 2020, un rover baptisé Pasteur. Ce dernier, dont le nom évoque à lui seul l’importance des découvertes qu’il est censé effectuer, sera doté d’une foreuse capable de creuser jusqu’à deux mètres de profondeur et d’instruments de mesure permettant de déterminer l’existence éventuelle de traces de vie passée ou présente dans le sous-sol martien. Après le succès de Curiosity, l’Europe, avec le concours de la Russie, compte donc acquérir les compétences nécessaires pour l’exploration robotisée du sol martien, et c’est tant mieux !

Si l’on rapproche cette mission du projet de l’actuel directeur de l’Agence spatiale européenne, Johann-Dietrich Wörner, visant à établir une base spatiale internationale sur la face cachée de la Lune, et des efforts faits par la Chine pour maîtriser au plus vite la fusion thermonucléaire grâce à l’hélium-3 présent sur le sol lunaire, nous avons devant nous les premières pierres d’un édifice cohérent, capable de garantir la bonne mise en œuvre des prochaines missions sur la planète Mars, avec, à l’horizon, une possible présence humaine.

C’est en considérant ces contraintes que l’on peut juger des prétentions délirantes d’un Barack Obama assurant pouvoir mener à bien une mission habitée sur Mars d’ici 2030 à 2040 et ce, en faisant appel essentiellement à des fonds privés. Ces prétentions cachent difficilement sa volonté de soutenir les ambitions encore plus folles de son ami milliardaire et directeur de l’agence SpaceX, Elon Musk, surtout quand on sait que les coupes budgétaires imposées par sa propre administration en 2011 ont forcé la NASA à abandonner son partenariat avec l’ESA dans le projet ExoMars.

Ainsi, quand il est question de projets spatiaux, il faut bien distinguer ceux qui font miroiter des rêves lointains, sans assurer véritablement les moyens d’y parvenir, de ceux qui tracent rigoureusement la piste de décollage pour garantir, avec tous les moyens nécessaires, la réalisation d’objectifs ambitieux mais raisonnables.

Avec son coût estimé à plus de 1,2 milliard d’euros, et compte tenu des nombreux soubresauts qu’elle a connus durant sa mise en œuvre, on peut considérer qu’ExoMars fait partie des missions entrant dans la deuxième catégorie. Reste aujourd’hui à démultiplier les efforts fournis par l’ESA dans cette mission en vue d’autres projets plus ambitieux, en coopération avec la Russie, la Chine, ainsi que toute autre nation désireuse de participer à l’aventure, y compris les États-Unis !

Ces objectifs ne seront réalisables que par un engagement à très long terme de toutes ces nations. Ça ne sera possible que si nous cessons de penser à courte vue en fonction d’une austérité destructrice et si nous décidons de mettre le maximum de moyens pour garantir les percées scientifiques et technologiques nécessaires.

Cela veut dire couper les banques en deux et mettre en faillite les banques-casinos avant qu’un nouveau krach ne vienne anéantir toute perspective d’investissement dans ces beaux projets. Cela veut dire aussi retrouver notre souveraineté monétaire et notre crédit public afin de lancer la révolution du 3.0 et du 4.0 qui fera émerger un nouveau type d’industrie cohérent avec la dynamique de ce programme spatial. Il faut retrouver pour cela la puissance des États au sein de l’Europe et cesser d’en donner les clés à des faux-monnayeurs sans vision.

L’espace n’est pas à laisser entre les mains de mégalomanes. Il requiert au contraire la responsabilité de nations œuvrant ensemble pour le bien public, la paix mondiale, et les objectifs communs de l’humanité.