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La menace d’un krach de la dette d’entreprise se précise

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Dans son édition internationale du 5 mai 2017, le quotidien financier allemand Handelsblatt met en garde contre le danger d’un krach financier global. Il résulterait d’une série de faillites en chaîne dans le secteur de la dette d’entreprise américaine, essentiellement des obligations émises par les sociétés pour se maintenir à flot.

Sous le titre révélateur « Debt-ja vue all over again », l’article résume la situation : « Une remontée massive de la dette d’entreprise, en particulier aux Etats-Unis, pourrait déclencher une nouvelle crise financière. Ceci devrait inquiéter l’Allemagne » s’alarme l’auteur, responsable des pages Finance du quotidien.

Handelsblatt revient d’abord sur les chiffres surréalistes de la croissance du secteur :

Il s’agit d’un chiffre énorme : rien qu’en 2016, les entreprises ont émis au niveau mondial pour 3700 milliards d’euros de nouvelles créances sur les marchés des capitaux. Cela (…) dépasse le record précédent, celui de 2006, c’est-à-dire juste avant le déclenchement de la dernière crise financière.

C’est un avertissement retentissant. Les contours d’une vaste bulle se précisent de plus en plus sur le marché des obligations d’entreprise. Elle pourrait éclater dans les prochaines années, en particulier à cause d’une forte hausse des taux d’intérêt et d’une économie en déclin.

A l’instar de la bulle immobilière de la décennie précédente, les Etats-Unis pourraient une fois de plus être en même temps le déclencheur et l’épicentre de la prochaine crise. Et une fois de plus, de grands investisseurs allemands risquent de se compter parmi les nombreuses victimes.

A qui la faute ? Pour Handelsblatt, ce sont les politiques d’intérêt zéro et d’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne qui sont à blâmer pour la menace qui pèse aujourd’hui sur le système.

En achetant de la dette souveraine et en chassant de ce secteur les banques et les fonds d’investissement, les banques centrales ont forcé ces établissements à acquérir des quantités sans précédent de dette d’entreprise à faible taux mais à haut risque. Témoin de cette évolution, la situation actuelle de l’assureur Allianz qui, d’après le journal, se retrouve avec, dans son portefeuille, une dette d’entreprise de plus de 220 milliards d’euros, dont la moitié est notée par les agences comme étant de qualité faible ou médiocre.

A cela s’ajoute, comme le note l’Institut international de la finance (IIF), le lobbyiste bancaire mondial le plus puissant, que seulement 3 % des entreprises américaines ou européennes investissent dans des choses comme des machines, des bâtiments, des systèmes d’information et autres projets à long terme. Les 97 % restants servent différentes formes d’ingénierie financière (…) En d’autres termes, les entreprises s’endettent avant tout pour faire monter la valeur de leurs actions à court terme. Cette tendance prévaut surtout aux Etats-Unis. Dans ce pays, l’envol de cette dette a fait qu’aujourd’hui, une société sur dix ne peut plus honorer sa dette avec les profits qu’elle se fait, bien que bénéficiant de taux bas de moins de 0,75 à 1 %.

Si les taux repartent à la hausse, affirme l’analyste Daniel Schaefer dans Handelsblatt, la bulle explosera à la moindre occasion.

Certains nous diront qu’il s’agit d’un schéma théorique quelque peu exagéré. Cependant, quantité de faits confortent un scénario contre lequel de nombreux professionnels mettent en garde.