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La Chine investit dans des pays délaissés par les Occidentaux

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S&P—Passée la furie anti-chinoise des médias occidentaux autour de la réélection de Xi Jinping à la présidence de la Chine par le XIXe Congrès du Parti communiste chinois, des voix plus raisonnables se font entendre en Occident, apportant un regard plus réfléchi et positif sur l’initiative chinoise Une ceinture et une route (BRI).

En France, le Journal du dimanche a publié un dossier relativement objectif sur les investissements chinois en France, dont un entretien très intéressant avec Jean-Pierre Raffarin, dans lequel l’ancien Premier ministre affirme que la Chine doit être considérée comme notre alliée, précisant même que « c’est notre alliée politique au Conseil de sécurité de l’ONU, très engagée pour le multilatéralisme, contrairement à l’Amérique de Donald Trump et plus que la Russie de Vladimir Poutine ». Comme il l’a déjà dit par ailleurs, Raffarin estime que la France doit « se montrer bien plus actif au niveau européen sur le projet de Nouvelles Routes de la soie, où des milliards sont engagés ».

Outre-atlantique, le journaliste-chroniqueur Wade Shepard du magazine Forbesaffirme que l’inscription de la BRI dans la Constitution de la Chine représente une avancée fondamentale. Les comparaisons quantitatives, comme celle de dire que la BRI représente dix fois le Plan Marshall, ne sont désormais plus adéquates : « Le Plan Marshall était limité politiquement dans le temps (opérationnel pendant seulement quatre ans, de 1948 à 1952) et en étendue géographique, ne concernant que quelques pays d’Europe occidentale. L’adoption constitutionnelle garantit que cette initiative va être réalisée dans le temps long ».

Comme le rappelle Shepard, les fusions et acquisitions chinoises à l’étranger ont diminuées de 42 % entre 2016 et 2017, sous l’effet de mesures de régulation prises par le gouvernement afin de limiter les investissements « spéculatifs ». Ainsi, les investissements chinois dans les infrastructures de la Nouvelle Route de la soie à l’étranger ont atteint 33 milliards de dollars au mois de septembre, alors qu’ils avaient été de 31 milliards pour l’ensemble de l’année 2016.

Wade Shepard a publié le lendemain un second article, en réponse à un article de Bloomberg dans lequel il était expliqué que la stratégie d’investissements de la Chine risquait d’échouer : « Bloomberg a rapporté ce matin que 60 % des partenaires de la Chine dans la BRI ont des taux sur leurs dettes souveraines évalués au niveau de ’bonds poubelles’, voire se sont retirés des agences de notation. (…) Mais c’est précisément le point important. L’assistance aux pays économiquement dévastés, manquant d’infrastructures, et politiquement instables, est un élément central de la BRI de la Chine. (…) Il ne s’agit pas seulement de la rhétorique, c’est ce qui se passe réellement sur le terrain », écrit Shepard.

C’est ainsi que la Chine investit dans des pays comme le Sri Lanka, le Pakistan, le Bangladesh, la Grèce, et dans plusieurs pays africains. « S’il est vrai que la Ceinture et la route traverse des régions financièrement peu attractives, ces régions représentent néanmoins un grand potentiel de bénéfices économiques et politiques à long terme », explique le journaliste de Forbes. « La Chine réalise des investissements massifs là où personne n’investit, dans l’idée que par leur intégration dans la BRI, les perspectives de développement économique de ces pays changeront considérablement. Ici, le long-terme ne se compte pas en trois ou quatre ans, mais en trois ou quatre décennies ».

Nous nous trouvons à la croisée des chemins. Avec la main que leur tendent les Chinois pour participer à leurs côtés à la construction des Nouvelles Routes de la soie, les États-Unis et l’Europe ont une occasion de se libérer de la logique de pillage financier ayant prédominé depuis quatre décennies. Le président Trump s’envole aujourd’hui, avec une quarantaine d’hommes d’affaires américains, pour un voyage potentiellement décisif de dix jours en Asie, où il rencontrera de nombreux dirigeants, dont Xi Jinping et probablement Vladimir Poutine. A travers une référence ironique au slogan de campagne de Trump « Make America great again », le journal chinois Le Quotidien du peuple chinois lance : « La Chine et l’Amérique peuvent être grandes ensemble ! »