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Russiagate : le mémo déclassifié sur le FBI terrorise les Britanniques

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S&P—Le « mémo Nunes » a été déclassifié vendredi par la Maison-Blanche. Un déluge de réactions et de commentaires s’est immédiatement déversé dans la presse transatlantique, l’hystérie la plus intense et la plus passionnée s’étant bien entendu manifestée du côté de ceux qui ont relayé les mensonges du Russiagate depuis le début. Et il y a quelque chose de comique à les voir déployer des efforts considérables pour nous expliquer que non, décidément, il n’y a rien dans ce mémo, comme des poulets sans tête courant partout, niant qu’ils ont perdu leur chapeau.

Comme l’a dit l’auteur du mémo, le député Devin Nunes, vendredi sur Fox News : « on sait qu’on vise la bonne cible lorsqu’on est attaqué de tous côtés ».

Le mémo révèle que de graves violations ont été perpétrées par de hauts responsables du FBI et du Département de la Justice (DOJ), à l’encontre de la court FISC (Foreign intelligence surveillance court), chargée de superviser les demandes de mandats autorisant la surveillance de présumés agents de renseignement étrangers. Cette cour a été créée en 1978, suite au Watergate, afin de protéger les citoyens américains contre les abus des services secrets, et elle est le résultat d’une longue bataille des Démocrates (sic) contre le « Maccarthysme » et les méthodes du directeur du FBI de l’époque, J. Edgar Hoover.

On y apprend que le FBI et le DOJ ont obtenu à partir d’octobre 2016 des mandats de la FISC pour placer sous écoute Carter Page, un bénévole de la campagne électorale de Donald Trump. Les signataires de la demande et de son renouvellement (qui doit être fait tous les 90 jours) sont James Comey, alors directeur du FBI, Andrew McCabe, le sous-directeur du FBI qui vient de démissionner, Rod Rosenstein, le numéro deux du DOJ, ainsi que deux procureurs généraux adjoints.

C’est le « dossier Steele », rédigé par l’ « ex » agent britannique du MI6 Christopher Steele, qui a servi de base pour justifier les écoutes auprès de la FISC. Sans lui, aucun mandat n’aurait pu être obtenu, comme l’a admis Andrew McCabe lui-même, le 17 décembre dernier. Au-delà des détails évoqués par le mémo, l’élément le plus accablant est le fait que les responsables du FBI et DOJ n’ont jamais évoqué auprès des juges de la cour les financements apportés par Hillary Clinton et le Comité national du Parti démocrate au dossier Steele, alors qu’ils étaient au courant. De plus, comme le rapporte le mémo, lors de la rencontre entre James Comey et Donald Trump le 17 janvier 2017, celui qui était encore directeur du FBI avait admis auprès du nouveau président que le dossier Steele était « salace et non vérifié ».

Donc, le FBI, le DOJ, de connivence avec le Parti démocrate, ont utilisé le dossier frauduleux d’un ancien agent étranger, et menti à une cour fédérale afin d’obtenir des mandats d’écoute contre leurs opposants politiques. « C’est quelque chose qui arrive généralement dans une république bananière », a déclaré Devin Nunes sur Fox News.

L’État dans l’État et la « Perfide Albion »

La bataille est loin d’être terminée. Comme l’a affirmé Devin Nunes, il ne s’agissait que de la fin de la première phase de l’enquête ; une nouvelle phase va pouvoir débuter, élargissant à d’autres départements. En effet, le processus qui vient d’être enclenché risque bien de mettre en lumière les agissements abusifs et criminels d’un véritable « État dans l’État », qui se trouve aux abois depuis l’élection de Trump, voyant potentiellement lui échapper le principal instrument permettant aux intérêts impérialistes de maintenir dans le monde un état de divisions et de conflits : le gouvernement des États-Unis.

Les Britanniques sont tout à faits conscients de ce danger, comme l’a fait remarquer jeudi le Telegraph, à la veille de la déclassification du mémo. L’article s’intitule « Le mémo de Donald Trump sur le FBI ‘risque de révéler les méthodes d’espionnage britanniques’  ». Tiens donc ? « Une source au sein du Congrès américain s’intéressant à l’affaire de l’intrusion russe dans les élections a affirmé au Telegraph que la publication du mémo risquait de toucher les services de sécurité britanniques », écrit le journaliste Ben Riley-Smith, « car ‘les services de renseignement britanniques considèrent Christopher Steele comme l’un des leurs’, affirme la source du Congrès américain ». Le Washington Post du 29 janvier rapportait également les craintes parmi certains responsables de l’appareil de sécurité américain sur le fait que la publication du mémo risquerait de « nuire à l’échange de renseignements avec certains de nos plus proches alliés, dont la Grande-Bretagne ».

Le Comité d’action politique de Lyndon LaRouche (LPAC) a révélé depuis l’été 2017 l’implication des Britanniques dans le montage du Russiagate, et même le fait qu’ils en ont pris l’initiative dès le début. Le 13 avril 2017, le juge Napolitano avouait au quotidien The Guardian qu’Obama s’était arrangé pour espionner Trump par l’intermédiaire du Global Communications Headquarters (GCHQ), l’équivalent britannique de la NSA, connu pour ses « grandes oreilles ». Quelques temps plus tard, le Guardian publiait un article intitulé « Les services secrets britanniques ont été les premiers à pointer du doigt les liens de l’équipe de Trump avec la Russie ».

On sait ensuite qu’en 2016, Robert Hannigan, qui dirigeait à l’époque le GCHQ, s’est entretenu directement avec John Brennan, le directeur de la CIA, afin de l’informer des soi-disant « renseignements » que le GCHQ – et sans doute le MI6 – avait rassemblés. C’est immédiatement à la suite de cette rencontre que Brennan a lancé le renseignement américain dans une investigation multi-agence. (Lire l’article « Derrière le ‘Deep State’, c’est Londres qui veut destituer Donald Trump »)

Va-t-on vers un British-gate ?