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Avec Chandryaan-2, l’Inde prend son envol dans l’espace

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S&P—Sans nécessairement réussir sur toute la ligne, et pourvu d’un budget plutôt modeste, le programme spatial indien reste une grande réussite et une source inestimable d’espérance et de joie, aussi bien pour les 700 millions d’Indiens de moins de 25 ans (50 % de la population totale), que pour le reste de l’humanité.

Le 22 juillet, la plus puissante fusée jamais développée par l’Indian Space Research Organization (ISRO), un lanceur de 643 tonnes utilisé depuis les années 2000 pour lancer des satellites (le GSLV-III), avait lancé en direction de la Lune la sonde Chandrayaan-2, d’une masse totale de 3850 kg.

Cette sonde, d’un coût de 140 millions de dollars, est composée de trois éléments :

  • Un orbiteur (2 379 kg) qui s’est placé avec succès en orbite lunaire et y fera des observations grâce à une caméra d’une précision sans précédent et sept autres instruments scientifiques ;
  • Un atterrisseur (1471 kg) dénommé Vikram, d’après le nom du « père » du programme spatial indien, Vikram Sarabhai ;
  • Un petit astromobile (rover) de 27 kg, appelé Pragyan (« Sagesse » en sanskrit), conçu pour confirmer la présence d’eau sur les pôles lunaires, un sujet déterminant pour faire de la Lune un relais pour des voyages vers Mars. Equipé de panneaux solaires (650 watt), il peut fonctionner pendant 14 jours, c’est-à-dire le temps d’une seule journée lunaire.

Profitant de « l’effet fronde » de plusieurs tours de la Terre, la sonde indienne avait quitté le 13 août l’orbite terrestre. Placée avec succès en orbite lunaire à partir du 20 août, l’orbiteur avait lancé le 2 septembre l’atterrisseur Vikram en direction de la surface lunaire.

Jusque là, tout fonctionné à merveille. Samedi 7 septembre, au centre spatial de Bangalore, la déception fut indescriptible lorsque vers 2h30 du matin, les responsables de l’ISRO, rejoint pour l’occasion par une centaine de jeunes et le Premier Ministre indien Narendra Modi venu suivre en temps réel l’alunissage de la sonde, ont du reconnaître avoir perdu contact avec l’atterrisseur Vikram. L’ISRO est abasourdie. L’agence spatiale indienne ne s’attendait pas à un tel dénouement pour sa mission spatiale.

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Le patron de l’agence spatiale indienne, le Dr. K. Sivan, lors d’une conférence de presse sur la mission Chandryaan-2, à Bangalore le 20 août 2019. Crédit : ISRO

Modi rappelle alors à tous que « l’objet du travail scientifique n’est pas le résultat, mais l’expérience ». Il embrasse le chef de la mission, le Dr Kailasavadivoo Sivan. Ce dernier, fils d’un simple paysan et le premier de sa famille à avoir obtenu un diplôme, a consacré toute sa vie et son énergie aux missions Chandrayaan.

La presse indienne, citant la NASA, rappelle rapidement que sur 109 missions lunaires en soixante ans, 48 ont échoué. En avril, Beresheet, le vaisseau israélien, avait réalisé une expédition quasi parfaite, mais ses moteurs se sont éteints dans les derniers instants.

Après quelques heures de sommeil, Modi retourne sur place. Parlant aux scientifiques indiens restés au centre dont il serre les mains, Modi, en vrai président, trouve alors les mots, d’abord en hindi et ensuite en anglais, pour consoler plusieurs millions d’Indiens scotchés à leurs écrans et les 50 millions qui le suivent sur Twitter :
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