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Poutine : la vie humaine en alternative à la faillite morale et systémique de l’Occident

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S&P—Vladimir Poutine, lors de son intervention à la réunion annuelle du Club Valdaï à Sotchi le 21 octobre, a dressé un tableau saisissant de la dégénérescence politique et culturelle des nations occidentales. Tout en soulignant le caractère systémique et civilisationnel de la crise actuelle, le président russe a insisté sur la nécessité pour l’humanité de se rassembler derrière la valeur la plus fondamentale unissant les hommes : la vie elle-même.

Cela peut paraître simpliste ; mais le fait est que les intérêts les plus puissants du monde occidental, centrés sur les fanatiques de la « finance verte » à Wall Street et à la City de Londres, sont déterminés à lancer un assaut malthusien contre la population mondiale, autant dans les pays avancés que dans les pays en développement.

La conférence des Nations unies sur le changement climatique COP26, prévue à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre, sous le thème « Le climat n’a pas de frontières », représente l’aboutissement d’un processus de 30 ans mené par la famille royale britannique et le club de milliardaires rassemblés par Klaus Schwab dans le Forum économique mondial, pour imposer à toutes les nations de la planète leurs diktats suicidaires de « décarbonisation ».

Cependant, comme nous l’avons rapporté dans notre chronique du 19 octobre, les pays du Sud et de l’Est – à l’image de la Russie de Poutine — n’entendent pas se soumettre ainsi à un plan qui nie le droit de chaque être humain à accéder à l’énergie et aux infrastructures nécessaires, et qui ramènerait le monde à une époque pré-industrielle.

Crise systémique

La 18e réunion annuelle de l’influent club de discussion russe Valdaï, qui s’est tenue à Sotchi du 18 au 21 octobre, a été consacrée au sujet central auquel le monde est confronté aujourd’hui : « Le bouleversement mondial au XXIe siècle : L’individu, les valeurs et l’État ». Environ 140 participants, dont 65 experts étrangers, se sont réunis pour participer à plus de 15 sessions en personne et en ligne.

S’adressant à la séance plénière du dernier jour, Vladimir Poutine a prononcé sans doute l’un de ses plus importants discours de géostratégie, qui a dû plonger les atlantistes, néoconservateurs et autres interventionnistes libéraux en pleine crise d’apoplexie. D’emblée, il a insisté sur la nature systémique de la crise actuelle et sur la nécessité de trouver un moyen d’en sortir, en rappelant la « sagesse chinoise », dont le mot « crise » s’exprime avec les deux caractères représentant le « danger » et « l’opportunité », et le dicton russe énonçant : « Combattez les difficultés avec votre esprit, Combattez les dangers avec votre expérience ».

"Face aux nombreuses menaces, il existe des opportunités à ne pas manquer, d’autant plus que la crise à laquelle nous sommes confrontés est d’ordre conceptuel et même civilisationnel, a-t-il affirmé. (…) La question est de savoir où aller, ce qu’il faut remettre en cause, repenser ou ajuster. En disant cela, je suis convaincu qu’il est nécessaire de se battre pour les vraies valeurs, en les défendant par tous les moyens. "

L’Etat-nation et la vie humaine

Selon Vladimir Poutine, la phase historique que nous traversons a débuté lors de l’effondrement du système soviétique, «  il y a environ trois décennies, lorsque les conditions ont été créées pour mettre fin à la confrontation militaro-politique et idéologique », et trouver un « nouvel équilibre » dans le système mondial.

" Le réalignement de l’équilibre des forces suppose une redistribution des parts en faveur des pays émergents et en développement qui, jusqu’à présent, se sentaient exclus. En clair, la domination occidentale sur les affaires internationales, qui a commencé il y a plusieurs siècles et qui, pendant une courte période, a été presque absolue à la fin du XXe siècle, est en train de céder la place à un système beaucoup plus diversifié. "

Ainsi, après plusieurs décennies de domination anglo-américaine et de guerres de « changement de régime », le temps est venu selon le président russe de faire valoir à nouveau l’existence de l’État-nation : « Seuls les États souverains peuvent répondre efficacement aux défis de l’époque et aux demandes des citoyens, a-t-il affirmé. Par conséquent, tout ordre international efficace devrait prendre en compte les intérêts et les capacités de l’État et procéder sur cette base, et non essayer de prouver qu’ils ne devraient pas exister. En outre, il est impossible d’imposer quoi que ce soit à quiconque, qu’il s’agisse des principes qui sous-tendent la structure sociopolitique ou des valeurs que quelqu’un, pour ses propres raisons, a qualifiées d’universelles. Après tout, il est clair que lorsqu’une véritable crise survient, il ne reste qu’une seule valeur universelle, à savoir la vie humaine, que chaque État décide lui-même de protéger au mieux en fonction de ses capacités, de sa culture et de ses traditions. (…) Bien sûr, il existe une grande diversité et chaque nation dans le monde est différente. Pourtant, quelque chose unit tous les peuples. Après tout, nous sommes tous des personnes, et nous voulons tous vivre. La vie a une valeur absolue ».

Poutine a souligné que ceux, parmi l’oligarchie anglo-américaine, qui pensaient avoir gagné la guerre froide et « gravi le Mont Olympe », « ont rapidement découvert que le sol s’effondrait sous leurs pieds. (....) Les problèmes socio-économiques auxquels l’humanité est confrontée se sont aggravés au point de déclencher, par le passé, des chocs mondiaux, tels que des guerres mondiales ou des cataclysmes sociaux sanglants. Tout le monde s’accorde à dire que le modèle actuel du capitalisme, qui sous-tend la structure sociale de l’écrasante majorité des pays, a fait son temps et n’offre plus de solution à une foule de problèmes de plus en plus embrouillés. (...) Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des changements systémiques dans toutes les directions ».

Martin Luther King contre le « wokisme »

Le président russe a également mis en garde les nations occidentales contre la « fantasmagorie » de la « Woke culture » :

" La lutte pour l’égalité et contre la discrimination se transforme en un dogmatisme agressif à la limite de l’absurde, lorsque les grands auteurs du passé – par exemple Shakespeare – ne sont plus enseignés dans les écoles et les universités parce que, ne comprenant pas l’importance du genre ou de la race, ils sont considérés comme arriérés.

« Il est nécessaire et noble de s’opposer aux manifestations du racisme, mais dans la nouvelle ‘cancel culture’ [culture de l’abolition], celle-ci se transforme en discrimination inversée, c’est-à-dire en racisme à l’envers, a poursuivi Poutine. L’obsession du sujet de la race divise encore plus les gens, alors que le rêve des véritables militants des droits civiques était d’estomper les distinctions, de rejeter la division des gens en fonction de la couleur de leur peau. Je me souviens avoir spécifiquement demandé hier à mes collègues de reprendre cette citation de Martin Luther King qui a dit, comme vous vous en souvenez peut-être, ‘Mon rêve est qu’un jour mes quatre enfants vivront dans un pays où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur leur personnalité’ – voilà la vraie valeur ».

A cette dérive dogmatique et dictatoriale, « pire que le département d’agitation et de propagande du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique », Poutine a opposé sa conception d’un « conservatisme raisonnable » : « Il s’agit avant tout de s’appuyer sur une tradition éprouvée, de préserver et de multiplier la population, de faire preuve de réalisme dans l’évaluation de soi et des autres, de construire avec précision le système de priorités, de corréler le nécessaire et le possible, de formuler de manière calculée l’objectif, de rejeter par principe l’extrémisme comme mode d’action (…) ».

" Je le répète : pour nous, en Russie, il ne s’agit pas de postulats spéculatifs, mais des leçons de notre histoire difficile, parfois tragique. Le prix d’un naturalisme social irréfléchi ne peut parfois pas être estimé ; il détruit non seulement les fondements matériels, mais aussi spirituels de l’existence humaine, laissant derrière lui des ruines morales, sur lesquelles il est impossible de construire quoi que ce soit pendant longtemps. "