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News / Brèves

Comme alternative à la guerre, le Parlement russe promeut l’Initiative de défense terrestre (IDT)

19 mars 2013

Le Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe, a organisé une session extraordinaire le 12 mars sur la défense de la Terre contre les objets géocroiseurs, inspirée de l’Initative de défense terrestre (IDT) proposée dès octobre 2011par le Premier ministre adjoint et ancien ambassadeur russe à l’OTAN Dimitri Rogozine.

La session a été organisée sous forme d’une table ronde impliquant des représentants de trois ministères du gouvernement russe (dont deux ministres), ainsi que le président de l’agence spatiale Roscosmos et le président du consortium publique Energia. Etaient également présents Boris Chetverushkin, directeur de l’Institut Keldysh de mathématiques appliquées de l’Académie des sciences de Russie, ainsi que d’autres experts de l’Académie.

Les principaux points soulevés ont été, selon un rapport préliminaire, les suivants :

Boris Shustov, directeur de l’Institut d’astronomie de l’Académie des Sciences de Russie (RAS), a expliqué qu’il fallait, si on désirait mettre en place un système de défense contre les objets cosmiques dangereux, une combinaison de senseurs (radars et télescopes) basée sur la Terre et positionnée dans l’espace, incluant des télescopes grand angle (comme celui à "œil de mouche" développé à l’heure actuelle en Europe). Il a déclaré que la Russie devait construire des télescopes de ce type tout en déployant un système approprié dans l’espace.

Vitaly Lapota, président du consortium publique Energia, a déclaré que des lanceurs beaucoup plus lourds que ceux qui sont actuellement en opération dans le monde seront nécessaires pour la défense contre les objets cosmiques géocroiseurs. Les États-Unis cherchent à développer un lanceur pouvant placer 70 tonnes en orbite basse d’ici 2017 et 130 tonnes quelques années plus tard (un programme qui a été récemment arrêté par l’administration Obama) et la Russie devrait construire des lanceurs plus lourds. Lapota a par la suite déclaré à Voice of Russia que des experts russes proposent de déployer un système pour la traque des astéroïdes près de la Lune, en particulier trois observatoires placés aux points de Lagrange Terre-Lune où des véhicules peuvent rester à l’état stationnaire, à 400 000 km de la Terre, comme postes avancés pouvant assurer une surveillance triangulaire des objets cosmiques. Ceci requiert toutefois un effort de coopération international, a-t-il souligné.

Alexander Ipatov, directeur de l’Institut d’astronomie appliquée, a dit que la NASA avait identifié 800 000 objets géocroiseurs mais que certains spécialistes estiment que ce chiffre ne constitue que 2 % du total.

Oleg Shubin, directeur des essais pour les ogives nucléaires et les systèmes de propulsion nucléaires à usage militaire pour l’agence Rosatom, a déclaré que des explosions nucléaires seront nécessaires pour dévier les astéroïdes de plus d’un kilomètre de diamètre. Il a ajouté qu’il faudra des explosifs d’une puissance de plus d’une mégatonne (peut être de l’ordre d’une gigatonne, ce qui n’a jamais été fait). Il a dit que cela était possible d’un point de vue technique, mais qu’il y avait des questions reliées aux traités bannissant les essais et le traité de non-prolifération.

Vladimir Popovkine, directeur de l’agence spatiale russe Roscosmos a annoncé que le ministère de la Défense et des représentants de l’Académie des sciences vont former un groupe de travail pour préparer des propositions pour un système unifié de défense contre les astéroïdes et autres objets cosmiques menaçants. Il a dit que le temps était venu pour unifier les efforts et les ressources pour faire face à ce type de danger, étant donné le fait que la défense anti-astéroïde est une mission requérant une coopération internationale. Il a estimé qu’il faudra, entre autres choses, développer et accroître les capacités d’observation pour les corps de taille plus modeste ainsi que le catalogage des débris spatiaux, ainsi que la planification de missions et d’essais pour aller à la rencontre d’objets représentant une menace potentielle. Il a aussi souligné que nous devrons nous préparer à envoyer des missions d’exploration vers des astéroïdes et comètes représentant un danger pour la Terre, et que la sélection de méthodes d’action concrètes devra être faite en fonction de la taille, de la masse, de la composition et des propriétés des objets dangereux.

Le ministre russe responsable de la gestion des situations d’urgence Vladimir Puchkov a dit que la coopération internationale dans la mise en place d’un système d’alerte avancé devait être approfondie, notamment par la formation d’une équipe vouée au développement d’un système de satellites dotés d’équipements appropriés. Les menaces ne peuvent être prévues suffisamment à l’avance que si toutes les ressources dans l’espace et à la surface de la Terre sont mises en commun.

Le premier ministre adjoint Dimitri Rogozine, a lui aussi réitéré qu’aucun pays n’avait actuellement les moyens d’assurer par lui-même sa défense (ou celle de la planète entière) contre l’impact d’un objet géocroiseur, et qu’il fallait donc un effort de coopération internationale.

Une résolution a été adoptée par le Conseil, disant : « Selon les estimations de nombreux spécialistes russes et étrangers, la probabilité d’une collision entre la Terre et un objet cosmique pouvant donner lieu non seulement à des situations d’urgence naturelles et technogènes mais également à une catastrophe de dimension planétaire existe réellement.  » La résolution appelle également à la mise place d’un centre d’évaluation et d’information interministériel, ainsi qu’à une adaptation du programme gouvernemental « Activités cosmiques de la Russie 2013-2020 » pour la recherche et le développement des technologies spatiales requises pour une prévision efficace des menaces en provenance de l’espace. Un programme plus large sera élaboré à moyen terme, affirme la résolution.