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News / Brèves

Vote des sanctions par le Congrès américain - les moutons de Panurge modernes

29 juillet 2017

Cronique du jour
de Solidarité & Progrès

S&P—Dans un élan où l’arrogance a rivalisé avec la stupidité crasse, le Congrès américain a voté les nouvelles sanctions contre la Russie, l’Iran et la Corée du nord – mercredi à la Chambre par 419 voix contre 3, et jeudi au Sénat par 98 voix contre 2. Les Congressistes se sont comportés comme les idiots utiles des va-t-en guerre néo-conservateurs, qui tentent de reprendre la main depuis leur défaite aux élections ; surtout, ils agissent à l’encontre non seulement des pays visés mais également des ’alliés’ des États-Unis, de la politique de détente russo-américaine engagée par le président Trump, et par conséquent du peuple américain.

Le vote a déjà provoqué une levée de boucliers en Europe. Le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères Martin Schaeffer a déclaré : « Il serait inacceptable pour nous que les États-Unis utilisent les sanctions comme un instrument servant leurs intérêts industriels. L’Allemagne soutient pleinement l’accord de pipeline Nordstream-2 signé avec la Russie. » La France a dénoncé le caractère « illicite » de la loi. « Ce projet de loi, s’il était promulgué, permettrait l’édiction de mesures à l’encontre de personnes physiques ou morales européennes sans qu’il y ait aucun lien avec les Etats-Unis.(...) De ce fait, la portée extraterritoriale de ce texte apparaît illicite au regard du droit international », a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès Romatet.

La loi acte le fait que la Russie aurait interféré dans les élections de 2016, et en fait le postulat de base pour justifier les nouvelles sanctions, alors qu’aucune preuve n’a jamais été présentée. Plus grave encore, on a désormais la contre-preuve que les courriels du Parti démocrate ont été fuités de l’intérieur, et non piratés par un « hacker russe ». Accordons aux Congressistes qu’ils ont sans doute voté dans l’ignorance de ces récentes révélations...

Prolongeant les sanctions passées par les ordres exécutifs d’Obama depuis mars 2014, la loi vise « toute personne dont on sait qu’elle est engagée de façon significative dans des activités menées au nom du Gouvernement de la Fédération de Russie et menaçant la cybersécurité des personnes, y compris les institutions démocratiques et le gouvernement. » La section 257 intitulée « Sécurité énergétique de l’Ukraine », principale source de colère en Europe, stipule que la politique des États-Unis consiste à « s’opposer au projet de pipeline Nordstream-2 en raison de son impact négatif sur la sécurité énergétique de l’Union Européenne, sur le développement du marché du gaz en Europe centrale et de l’est et sur le secteur énergétique en Ukraine ; le Gouvernement des États-Unis devrait privilégier l’exportation des ressources énergétiques américaines afin de créer des emplois américains, d’avantager les États-Unis et ses partenaires, et de renforcer la politique étrangère des États-Unis. »

Le Congrès a également voté une enveloppe de 250 M$ par an pour « contrer l’influence russe en Europe et en Eurasie ». Dans ce qui ressemblerait plutôt à une description des activités du National Endowment for Democracy (organisation financée par le Congrès et dominée par l’idéologie néo-conservatrice) la loi explique que « le Gouvernement de la Fédération de Russie a cherché à étendre son influence à travers l’Europe et l’Eurasie, y compris les anciens États de l’Union Soviétique, en fournissant des moyens aux partis politiques, aux think tanks et aux organisations de la société civile, semant la défiance envers les institutions démocratiques et leurs acteurs, promouvant des conceptions xénophobes et anti-libérales, affaiblissant ainsi l’unité européenne ».

Estimant que ce vote n’exprime rien d’autre qu’une tentative de Washington d’imposer ses intérêts en usant de moyens géopolitiques, Vladimir Poutine a déclaré : « cette pratique est inacceptable ; cela nui aux relations entre les pays et viole la loi internationale. (…) La réaction des gouvernements dépendra du degré de leur souveraineté et de leur volonté de défendre leurs propres intérêts nationaux  ». Le président russe a fait savoir que la Russie envisage de répondre à ces sanctions : « Comme vous le savez, nous agissons avec mesure et patience, mais à un certain point nous serons dans l’obligation de répondre. Il est impossible de tolérer indéfiniment un comportement aussi grossier envers notre pays ».

Dans une série d’articles publiés sur son blog, l’ancien conseiller du président Reagan Paul Craig Roberts pose la question : « qu’est-ce que le Congrès est en train de faire, avec cette loi stupide imposant davantage de sanctions contre la Russie et empêchant le président Trump de lever les sanctions imposées par le président Obama ? Il tente de mettre Trump au placard. (…) Autant que je le sache, il n’y a personne dans le gouvernement de Trump qui ne lui soit loyal, ou qui soutienne ses efforts pour stopper les provocations anti-russes...  » D’après Roberts, les néo-conservateurs ont pris le contrôle de la politique américaine au cours de la présidence Clinton, et plus que jamais sous Obama. Dans des circonstances normales, l’Europe aurait dû exiger des États-Unis qu’ils stoppent leurs provocations gratuites contre la Russie, « mais les circonstances ne sont plus normales depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale... Les pays européens sont devenus des vassaux. (…) Il semble aujourd’hui que l’incroyable arrogance de Washington dépasse les bornes. Avec les nouvelles sanctions contre la Russie, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a dit aux États-Unis : cette fois ça suffit. »