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News / Brèves

Le President Trump sous tutelle du Congrès Américain

3 août 2017

S&P—Le président américain a signé hier la loi H.R. 3364, intitulée « Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act » (Loi pour contrer les adversaires de l’Amérique par des sanctions), tout en dénonçant son caractère inconstitutionnel. Suite à la signature, amputée de la cérémonie en grande pompe habituelle au passage de nouvelles lois, le Président Trump a publié un communiqué sur le site de la Maison-Blanche disant que la loi « contient un certain nombre de dispositions clairement inconstitutionnelles ». Parmi celles-ci, la violation de « l’autorité constitutionnelle du président seul pour reconnaître les gouvernements étrangers, y compris leurs frontières territoriales ; » la possibilité pour le Congrès de « changer la loi sans passer par les procédures constitutionnelles en vigueur », de demander à des employés de la branche exécutive « de prendre des initiatives diplomatiques  » sans autorisation présidentielles, et d’empêcher le président, dans certains cas, de recevoir des ambassadeurs comme le prévoit la section 3 de l’Article II de la Constitution. Dans une déclaration plus personnelle faite à part, le Président Trump est revenu sur l’intention des pères fondateurs des États-Unis, rappelant qu’ils « ont placé les affaires étrangères entre les mains du président, » et que cette loi risque, par la négative, de « démontrer la sagesse de ce choix. »

Il s’agit bien d’une mise sous tutelle de la présidence américaine par le Congrès, qui n’a fait que parachever le processus de coup d’État initié l’an dernier par un groupe au sein du renseignement américain, avec la fabrication de toutes pièces du « Russiagate » (l’accusation d’ingérence russe dans les élections et la connivence entre l’équipe de Trump et la Russie). L’intention est de saboter la détente et la coopération commencée entre Trump et Poutine, et également entre Trump et Xi Jinping. Une bataille acharnée est en cours à l’intérieur des institutions américaines, avec d’un côté Trump soutenu par certains milieux militaires et du renseignement, et par une population acculée par les ravages de la mondialisation financière, et de l’autre le « Deep state », c’est-à-dire un conglomérat militaro-financier fascisant, appuyé par la quasi-intégralité des médias, et qui contrôle un Congrès américain rempli de vendus et de lâches.

Durcissement de l’atmosphère maccarthiste

La chasse aux sorcières est lancée contre toute personne ne s’alignant pas sur les néo-conservateurs, et se prononçant pour un dialogue avec la Russie. Malgré leur très faible nombre (seulement 5 sur 635 dans les deux chambres), les élus ayant voté contre les sanctions la semaine dernière sont pris pour cible, notamment le député républicain John Duncan qui, déjà acculé par une campagne calomnieuse des médias ayant ressorti une vieille histoire sur son fils, a annoncé qu’il ne sera pas candidat pour un nouveau mandat l’an prochain ; de même, le Républicain Dana Rohrabacher, qui préside le sous-comité de la Chambre sur l’Europe et l’Eurasie, subit des attaques depuis plusieurs jours, ses apparitions publiques étant régulièrement perturbées par des sifflés. Un « nettoyage » est en cours au sein du sous-comité visant à écarter les partisans du dialogue avec la Russie. C’est ainsi que l’assistant de Rohrabacher au sous-comité, Paul Behrends, a été démis de son poste le 19 juillet, suite à son voyage à Moscou en 2016.

Le Secrétaire du Département d’État américain Rex Tillerson, qui tente depuis le vote des sanctions de calmer les tensions et de maintenir le dialogue avec les Russes, est également ciblé. Le site Politico a publié hier une diatribe visant de façon évidente à fomenter la division au sein du Département d’État, et à isoler Tillerson. A travers la voix de l’assistant de Tillerson R.C. Hammond, l’article accuse le Secrétaire d’État de ne pas utiliser les 80 Md$ prévus par une loi mise en place par Obama dans les tous derniers jours de sa présidence, en décembre 2016, dont le but est d’ « élargir les moyens du Global Engagement Center pour lutter contre les campagnes de désinformation menées par des pays comme la Chine, la Corée du nord et la Russie » – le Global Engagement Center étant une unité inter-agences située au Département d’État, et créée au printemps 2016 pour mener des opérations de « contre-terreur » face à la « propagande russe ». Politico rappelle d’ailleurs que Spoutnik, l’agence de presse du Kremlin, a justement comparé le Global Engagement Center au Ministère de la Vérité de George Orwell.

Depuis son arrivée, Tillerson a refusé d’utiliser ces dispositifs et les moyens alloués par la loi d’Obama. Politico cite une source anonyme, sans doute du Département d’État, se plaignant de « la paranoïa, de l’inertie et des décisions qui ne sont pas prises », ainsi que Brett Bruen, un ancien diplomate américain en contact avec des employés du Département, dénonçant le fait qu’ « un petit groupe de personnes très mal informés prend toutes les décisions d’une façon très centralisée et isolée. Ce qui entraîne des retards et suscite la confusion ». Plus loin, l’article reconnaît que Hammond semblait gêné de témoigner ainsi, au moment où Tillerson s’évertue à maintenir le contact avec le Kremlin, notamment à propos de la guerre en Syrie.