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News / Brèves

Génocide au Yémen : Le Congrès américain osera-t-il cesser de soutenir les Saoudiens ?

14 septembre 2017

S&P—Dans le silence presque total des médias occidentaux, la mort et la destruction font leur œuvre au Yémen, par la main de notre « partenaire de référence » l’Arabie saoudite.

Le rapport de l’ONU du 5 septembre estime à 5500 le nombre de civils tués en deux ans et demi, et près de 9000 blessés. Sur les 27,5 millions de Yéménites, dix-neuf millions nécessitent une aide humanitaire, et sept millions sont en situation de famine.

L’épidémie de choléra se répand à une vitesse vertigineuse – 647 000 cas sont recensés à ce jour par l’OMS – en raison de la dégradation des conditions d’hygiène et sanitaire, des millions de personnes n’ayant plus accès à l’eau potable dans le pays. La Croix-Rouge rapporte que plus de la moitié des équipements de santé ont été détruits, que les personnels n’ont pas été payés depuis près d’un an, et que moins de 30 % des médicaments ont été livrés.

L’ONG Human Right Watch a dénoncé mardi les « crimes de guerre » perpétrés par la coalition commandée par l’Arabie saoudite, avec en particulier cinq frappes aériennes menées depuis le mois de juin, ayant causé la mort de 39 personnes dont 26 enfants. L’ONG détaille qu’au moins 785 enfants ont été tués et 1168 blessés au Yémen en 2015, dont 60 % en lien direct avec le conflit armé.

De son côté, l’organisation britannique Save the children vient de produire un film intitulé Made in Britain, Dropped on Children (« fabriquées en Grande-Bretagne, lâchées sur des enfants »), dénonçant les ventes d’armes britanniques – dont des bombes à guidage laser – à l’Arabie saoudite. L’acteur britannique Dominic West, le narrateur dans le film, a pointé du doigt la dichotomie de la Grande-Bretagne : « Nous envoyons de l’aide au Yémen tandis que nous vendons des armes qui sont ensuite lâchées sur des enfants affamés » !

Sous l’impulsion de Human Right Watch et du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, une résolution a été proposée à l’ONU dans le but d’ouvrir une investigation sur les crimes de guerre commis au Yémen. Les Pays-Bas et le Canada y étaient favorables, mais la Grande-Bretagne l’a bloquée.

Cette situation est intolérable et il est clair qu’elle n’aurait jamais pu atteindre de telles proportions sans le silence complice des médias et des dirigeants occidentaux. Et au regard du zèle déployé par les médias, y compris français, pour dénoncer par ailleurs la répression en Birmanie (qui permet de cibler implicitement la Chine), on peut se demander si les sujets internationaux traités par nos médias ne sont pas complètement triés en fonction d’un certain agenda géopolitique...

Bataille au Congrès américain

Avec les nouvelles révélations de ces derniers jours sur l’implication de l’Arabie saoudite dans les attentats du 11 septembre 2001, la pression se fait de plus en plus grande sur les élus du Congrès pour mettre fin au soutien financier et logistique apporté par les États-Unis aux Saoudiens dans leur guerre au Yémen. Tandis que les débats ont lieu au Congrès sur la nouvelle loi du budget de la défense pour 2017-2018 (National Defense Authorization Act ou NDAA), plusieurs amendements ont été déposés dans ce but. Pour l’instant, le Sénat a échoué de peu à voter l’un de ces amendements (47 votes contre 53), mais le débat n’est pas terminé et doit encore passer par la Chambre.

Une lettre adressée aux élus circule actuellement au Congrès, diffusée par l’organisation Just Foreign Policy, et soutenue par de nombreuses associations et personnalités, dont plusieurs veuves de victimes du 11 septembre, des membres des VIPS (les vétérans du renseignements ayant réfuté le mensonge du « Russiagate », ou encore John Kiriakou, un ancien spécialiste du contre-terrorisme à la CIA et enquêteur au Comité sénatorial chargé des affaires étrangères, Barbara Bodine, l’ancienne Ambassadrice américaine au Yémen (1997-2001), ainsi que d’éminents professeurs de droit et des experts en politique internationale.

« Lancée en 2015, la guerre de la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis a causé directement la mort de dizaines de milliers de Yéménites », dit la lettre. « Le blocus sur les importations de nourriture et de médicaments, appliqué par les forces aériennes et navales saoudiennes, est ’l’une des principales causes de la catastrophe humanitaire’ frappant le pays, comme l’affirme Idriss Jazairy, le rapporteur spécial sur ’les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l’homme’. Ce blocus implique de graves atteintes aux fondements élémentaires des droits de l’homme, ainsi qu’aux lois de la guerre. » Encourageant les élus à voter l’amendement autorisant le retrait du soutien militaire des États-Unis à ce conflit, la lettre affirme que cela permettrait « de réduire la menace que l’expansion d’Al-Qaïda dans la péninsule arabe [attisée par cette guerre] fait peser sur la sécurité nationale, et de mettre fin aux souffrances de millions d’innocents au Yémen  ».