Lyndon H. LaRouche
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Les perspectives de l’« économie secrète »

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Ce que j’appelle « L’économie secrète » comporte quatre aspects déterminants :

1. la redéfinition urgente et révolutionnaire d’une série ordonnée, organisée du point de vue dynamique, des principes économiques s’appliquant aux infrastructures ;

2. une nouvelle définition de l’espace-temps physique universel, en repensant l’intention de Mendeleïev pour la table périodique des éléments, du point de vue d’un système universel incorporant les rayonnements cosmiques ;

3. une nouvelle définition scientifique de la qualité noétique qui caractérise le rôle de l’infrastructure économique de base dans l’économie physique, qui soit cohérente avec une conception approfondie des caractéristiques ontologiques de l’espace-temps physique ;

4. la nécessité de redéfinir le terme « économie » en partant des principes physiques universels, ce qui implique de considérer l’identité humaine du point de vue du potentiel créateur de l’esprit humain, plutôt que d’après une conception la réduisant aux simples perceptions sensorielles.

Une fois que ces quatre aspects auront été pris en compte, l’étape suivante consistera en une série de publications qui conduiront le lecteur aux principes fondateurs de la science de l’économie physique devant être adoptés. Ceci constituera le programme politique nécessaire pour sauver l’humanité de la menace immédiate d’un ‘âge des ténèbres’ mondial qui s’étend désormais rapidement sur l’ensemble de notre planète.

Cette série d’écrits développera une nouvelle manière de considérer le rôle de l’homme dans l’univers, notamment dans une période où l’espèce humaine est sur le point occuper d’autres lieux dans notre système solaire et même au-delà.

Friedrich Nietzsche, qui connut une mort non seulement horrible mais écœurante, avait dit : « Dieu est mort ! ». En somme, les nietzschéens n’ont rien ajouté de nouveau à ce qu’avait dit Aristote auparavant. En effet, ce dernier avait nié à la fois l’existence de Dieu et celle de la créativité humaine dans l’univers. Aujourd’hui, le président Obama et ses cohortes marchent dans l’ombre de Paolo Sarpi et du défunt Nietzsche… Le fait même de tolérer la politique corrompue d’Obama est révélateur de la catastrophe à l’œuvre dans l’économie mondiale prise dans son ensemble.

INTRODUCTION

La meilleure hypothèse que nous puissions faire en matière d’économie revient à considérer le concept d’« univers » comme s’il avait été engendré par les pouvoirs créateurs ayant été mis à disposition de l’humanité. Ceci fait écho aux anciennes pratiques de navigation transocéanique basées sur l’observation des étoiles, relativement fréquentes pendant le dernier âge glaciaire ou même dans des périodes plus reculées encore. Ce que nous en connaissons est cohérent avec les travaux des anciennes cultures maritimes des « Grecs », Egyptiens et Pythagoriciens sur les « sphériques » et la dynamis. Tel est le savoir que possédait Platon, par exemple, comme l’atteste son célèbre dialogue Le Parménide.

Ce principe de cohérence universelle se manifeste avec la même insistance dans la large sphère des cultures européennes modernes. Il s’exprime notamment dans certains développements, reconnus depuis comme modèles, accomplis par des hommes comme Filippo Brunelleschi et Nicolas de Cues au cours de leurs recherches, ainsi que par leurs disciples platoniciens Léonard de Vinci et Johannes Kepler, ce dernier s’étant rendu célèbre pour sa découverte originale du principe de gravitation physique universelle.

C’est par cette méthode que mes associés du « Basement » en sont venus à identifier le rôle essentiel que jouent les « rayonnements cosmiques » : ces forces de l’univers qui proviennent de notre galaxie et même au-delà, et avec lesquelles l’être humain interagit.

Cependant, c’est par-dessus tout dans notre conception intime de l’individu humain situé au sein même de l’humanité, que nous devons amener une succession de changements fondamentaux. Autrement dit, nous devons comprendre la véritable nature et destinée de notre espèce et de l’économie dont celle-ci dépend, tant au sein de l’univers qu’en nous-mêmes. Je vais, au fil de ce texte, définir l’expression la plus correcte possible de la notion de Gottfried Leibniz, une notion qui fut ensuite développée sous la forme de l’analysis situsRiemannienne ; c’est cette notion que je repris lorsque j’élaborai les principes élémentaires d’une science de l’économie physique, en accord avec la notion de dynamique que Leibniz avait développée, à la fin des années 1690, dans le cadre de son étude du principe physique de moindre action. Je le ferai ici du point de vue spécifique des importants travaux d’Abel et de Lejeune Dirichlet qui, parce qu’ils portent sur l’étude de cette question d’analysis situs, s’inscrivent précisément dans les pas de Riemann.

Précisons toutefois que depuis son élaboration originale par Leibniz, le terme d’analysis situs fut galvaudé maintes fois de manière contradictoire. C’est pourquoi, au lieu de noyer le lecteur dans les marécages de définitions concoctées par diverses variétés de « spécialistes », ce qui donnerait lieu à des conflits incontrôlés, je me focaliserai sur une définition qui soit cohérente avec l’intention de Leibniz, ainsi qu’avec les contributions apportées aux principes de Bernhard Riemann par Abel et Dirichlet au XIXesiècle. Ma priorité sera l’implication cruciale du principe de moindre action de Leibniz dans la science de l’économie physique. J’utiliserai la notion de moindre action « physique » plutôt que « mathématique » ; cette notion est, dans son expression primitive, cohérente avec la forme élémentaire du principe physique associé à la caténaire (ainsi qu’avec le concept de la dynamique de Leibniz).

Je ferai coïncider cela avec la conception d’Einstein selon laquelle l’univers est fini mais non limité. Einstein montrait que cette conception était implicite dans Les Harmonies de Kepler. Or, la forme élémentaire de la caténaire est fondamentale pour illustrer cette conception.

Cela me permet d’en venir à ce qui suit.

Afin de comprendre, choisissez deux points liés dans l’espace-temps physique économique et suivez la fonction exprimée par le processus que ces deux points délimitent implicitement. Leur relation physique efficiente (c’est-à-dire, analysis situs) réside dans la participation des points intermédiaires délimités par l’espace apparemment fini existant entre les deux points.

Il en va ainsi de la caténaire, que Filippo Brunelleschi avait définie comme principe physique primordial dans la construction du dôme de la cathédrale de Florence et de la chapelle Pazzi. Mais imaginons, dans le cas de la caténaire par exemple, les effets engendrés par un changement qui affecterait tous les paramètres du processus dans son ensemble : Tous les aspects importants du processus se révèlent comme faisant partie d’une fonction commune, l’analysis situs ; ils forment un tout par rapport à l’effet indiqué.

I. LA QUESTION ONTOLOGIQUE DE L’ECONOMIE

En guise d’approche préliminaire, la manière la plus appropriée de considérer les processus de l’économie physique est probablement de s’inspirer de la méthode utilisée par Platon lorsqu’il ridiculisa si brillamment le réductionnisme de Parménide. La solution à ce genre de problème s’inscrit dans un type de processus qui, étant ontologiquement dynamique dans le sens strictement leibnizien du terme, doit être appréhendé du haut vers le bas. Toute approche visant à définir un processus dynamique de changement dans la modélisation analysis situsde l’économie réelle (physique) ne pourra être efficace qu’à condition de se conformer à cette méthode de composition.

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La Chapelle Pazzi à Florence, construite par Filippo Brunelleschi (1377-1446)

Creative Commons/Gryffindor

La période où l’économie de la Colonie de la Baie du Massachussetts s’est développée grâce au shilling Pine Tree associé à un système de crédit plutôt qu’à un système monétaire, nous offre une bonne illustration pédagogique de cette notion ; cette période de prospérité avait précédé la destruction de la charte de la Colonie par la monarchie britannique, et fut rendue possible grâce à une pratique économique opposée au monétarisme. Par exemple :

Les composantes principales d’une économie [1] sont l’infrastructure économique de base, l’agriculture et l’industrie, toutes trois subsumées par les fonctions noétiques développées par la composition artistique classique et la science physique.

Il serait fou de tenter de considérer chacune de ces trois composantes élémentaires du point de vue d’un « Parménide » moderne plutôt que d’un « Platon » moderne. En effet, si chaque élément était pris un à un, il serait impossible de les combiner au sein d’un principe d’action commun. Contrairement à ce qu’en dirait un « Parménide » moderne, toute économie véritablement prospère se distingue par l’expression efficiente d’un principe unique, unifiant et subsumant ces trois catégories. Telle est la principale implication de la définition moderne originale de la dynamique selon Leibniz.

Le syndrome Schumpeter d’après-guerre

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Friedrich Nietzsche (1844-1900),
le père conceptuel de la « destruction créatrice »
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Werner Sombart (1863-1941)
inventa le terme que Schumpeter adopta ensuite
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Joseph Schumpeter (1883-1950),
auteur de The Process of Creative Destruction, 1942
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Larry Summers, ancien conseiller économique en chef du Président Obama, auteur début des années 2000 de “the economy of the future is likely to be Schumpeterian” (l’économie du future sera certainement Schumpeterienne)
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La destruction par Lord Harold Wilson de l’économie anglaise, par ailleurs déjà vacillante, est un cas clinique classique d’application de la doctrine de Schumpeter

Creative Commons/Allan Warren

Par exemple : considérez le fait que depuis la mort du président Franklin Roosevelt jusqu’à aujourd’hui, l’économie américaine n’a pas connu de véritable croissance économique physique nette, mesurée par tête et par kilomètre carré. Regardez comment la conception nietzschéenne de « destruction créatrice » de Joseph Schumpeter a été employée sous la présidence de Harry Truman, dans le but de réduire les capacités de production qui avaient été développées pendant la guerre. Contrairement à ce qu’aurait souhaité Roosevelt, le régime de Truman s’est soumis aux tentatives de restaurer l’impérialisme britannique après la-guerre. La conséquence de cette politique a été la décrépitude progressive du potentiel productif du monde d’après-guerre ; pour cela, Churchill a poussé Truman à adopter la doctrine de « guerre nucléaire préventive » que Russell avait proposée en 1946, appelant les Etats-Unis à attaquer l’Union Soviétique dans le but d’établir un gouvernement mondial, comme le prône encore aujourd’hui l’empire britannique.

Comme l’avait souligné le précurseur de la doctrine de Schumpeter, Werner Sombart, les longues guerres d’usure représentent le principal point commun entre Schumpeter et Nietzsche.

La destruction continue de l’économie mondiale d’après-guerre s’est largement appuyée sur cette soi-disant « guerre froide » que Winston Churchill avait lancée avec son slogan du « rideau de fer », ainsi que sur les guerres longues qui se sont succédées jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, la charge que ces guerres inutiles – et leurs effets collatéraux – ont imposée sur l’économie a eu des conséquences qui sont à mettre sur le compte de ces doctrines malsaines comme la « destruction créatrice » de Schumpeter. Le renflouement de Wall Street, c’est-à-dire la violation par une politique hyper-inflationniste du principe de Glass-Steagall, reflète particulièrement bien cette folie aujourd’hui.

L’action du premier Ministre anglais Harold Wilson est également représentative de cette politique britannique de « destruction créatrice ». En effet, Wilson profita du contexte opportun créé par l’assassinat du Président John F. Kennedy pour démarrer une campagne visant à déclencher une guerre en Indochine (1964-1975), une guerre qui allait ruiner les Etats-Unis. Le rôle prépondérant joué par Wilson dans la « destruction créatrice » de l’économie anglaise, par ailleurs déjà vacillante, est un cas clinique classique d’application de la doctrine de Schumpeter.Cette période qui s’ouvre en 1963 avec la série de tentatives d’assassinat contre le Président français Charles de Gaulle, ainsi qu’avec l’assassinat de John F. Kennedy, et se terminant en 1975 avec la fin de la guerre du Vietnam, est caractéristique de ces époques de crise profonde. L’élimination récente du docteur David Kelly en Angleterre peut être considérée comme découlant de la volonté d’écarter toute opposition aux mensonges de Tony Blair dans sa tentative malheureusement réussie d’entraîner les Etats-Unis dans une nouvelle guerre d’usure longue et désastreuse en Irak.

Dans la réalité, ce ne sont pas les événements qui dirigent le cours de l’histoire, mais l’intention sous-jacente aux politiques qui engendre et façonne les grands événements.

La science de la société

Il est possible de définir une fonction qui concorde avec la conception de la dynamique de Leibniz, et qui produise un résultat positif à partir d’un assortiment large de dépenses nécessaires dans l’administration publique, l’infrastructure économique de base et l’industrie et l’agriculture, à condition toutefois d’accroître l’intensité de l’effort consenti à la science et à l’art classique. Cette fonction, capable de « reconnaître » efficacement un tel arrangement, est l’expression d’une application antipositiviste riemannienne de l’analysis situs correspondant à la seule définition compétente, donnée par Leibniz, des termes analysis situs et dynamique.

Leibniz et Jean Bernouilli avaient déjà montré, lors de leur collaboration autour du concept de moindre action universelle en tant que principe d’économie physique, que la caténaire n’est que la forme élémentaire d’une fonction d’ordre supérieur de la moindre action physique. Néanmoins, cette approche de la caténaire constitue en germe la pédagogie adéquate pour guider les étudiants et autres personnes intéressées vers les implications plus profondes de la notion originale de Leibniz d’un principe dynamique de moindre action, soit au sens de la notion classique ancienne de dynamis, ou celui introduisit par Leibniz avec sa conception physique de dynamique.

Il est inconcevable, d’après tous les éléments qui me sont parvenus, que les principes sous-jacents à cette ancienne méthode scientifique puissent avoir été découverts sans les développements survenus au cours des longues périodes d’« âge glaciaire » au cours desquelles une science de l’astronomie a commencé à émerger dans les cultures maritimes, grâce à une pratique séculaire de la navigation transocéanique par les étoiles. Dans son Orion, Bal Gangadhar Tilak avait attribué ce qui est convenu d’appeler le « grand cycle platonicien » à une culture et une langue Védique d’Asie centrale, vieille de plus de 6000 ans. Ce cycle est le plus court (environ 25 000 ans) des trois principaux cycles composant le cycle solaire. On le nomme « cycle platonicien » parce que Platon en avait connaissance de son vivant.

Il est également vrai que l’étude de la caténaire et ses implications demeure une phase indispensable pour introduire les étudiants dans les conceptions plus complexes de l’économie physique.

Cela est cohérent avec la science des sphériques développée par les Egyptiens, les Pythagoriciens et l’ami de Platon Archytas.

Considérez cet aspect de la science de l’économie physique de la manière suivante.

Comment fonctionne une économie

Toute économie comprend simultanément deux tendances sociales opposées. D’un côté, les Nations les plus développées tendent à consommer les ressources qui assurent, par leur richesse relative, les plus hauts taux de croissance de productivité physique, par tête et par kilomètre carré, à condition que l’augmentation du taux de productivité permette spécifiquement un gain physique net pour la société, par tête et par kilomètre carré.

Si des gains nets sont réellement engendrés, ils entraîneront alors deux principaux coûts supplémentaires. Le premier correspond aux pertes inhérentes à la phase antérieure du système ; le second est l’accroissement des biens consommés par tête correspondant au prix à payer pour accroître la marge de gain liée au nouveau taux de productivité par tête et par kilomètre carré. Si elle se manifeste réellement, cette marge de gain net excède l’augmentation nominale de l’ensemble des coûts, ce qui génère un bénéfice net anti-entropique dans la productivité humaine. [2]

Le facteur caractéristique d’une amélioration de la productivité, aussi bien par tête que par kilomètre carré de territoire, est l’augmentation relative – sous l’impulsion d’un vecteur scientifique – de la densité de flux énergétique qu’une société emploie à la base de sa technologie.

Deux principales sources de progrès sont à considérer : la première est liée à la dépendance de l’homme face aux bénéfices naturels qu’apporte une utilisation accrue du « carbone » dans la transformations des déserts (ou océans) en d’abondantes forêts, grâce à l’action de la chlorophylle (ainsi que par le remplacement, dans la chlorophylle, du rôle de l’ion magnésium par d’autres éléments comme le cuivre). La seconde est liée au génie créateur de l’homme. La croissance nette résultant de la combinaison, par l’homme, du développement du carbone, de la chlorophylle et de la volonté humaine, est potentiellement supérieure à toute croissance obtenue au sein de chacune de ces composantes prise séparément. [3]

Le rôle de la chlorophylle est caractéristique de la nature anti-entropique des processus vivants, comme l’exprime l’émergence continue de formes supérieures de vie animale. Les pouvoirs créateurs propres à l’être humain ont, par rapport à toute autre espèce vivante, la particularité unique d’être volontaires. C’est ce qui distingue les développements anti-entropiques issus d’actes volontaires de créativité humaine, par rapport à la qualité relativement inférieure d’anti-entropie inhérente non seulement aux processus vivants, mais également aux processus non-vivants de manière générale. [4]

Cette distinction entre les caractéristiques des espace-phases du non-vivant, du vivant et de l’humanité, implique que ces espaces sont fonctionnellement interactifs au sein de l’univers. Non seulement les processus chimiques du vivant interagissent avec ceux du non-vivant, mais la nature de l’interaction entre ces espace-phases est souvent positive et même indispensable, comme l’ont montré les développements accomplis dans la science de la chimie physique depuis les travaux de chercheurs comme Pasteur et Mendeleïev.

Dans sa pratique économique, l’humanité découvre et utilise fréquemment ces pouvoirs anti-entropiques associés aux processus vivants et non-vivants ; et elle le fait plus ou moins consciemment, comme on peut le voir dans les périodes historiques où des progrès ont été accomplis par un encouragement à l’accroissement net de la productivité humaine.

De ce point de vue, l’on devrait légitimement considérer le développement à grande échelle des panneaux solaires comme une folie immorale, surtout lorsqu’on sait qu’il est possible de combiner l’expansion de la chlorophylle à l’amélioration des capacités d’irrigation. Autrement dit on peut irriguer les régions relativement désertiques et, grâce à l’action de la chlorophylle, transformer progressivement des déserts chauds en territoires verts et tempérés, et fournir les bases nécessaires à l’accroissement et à la maintenance de la productivité humaine en général.

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L’utilisation à grande échelle des panneaux solaires est une folie immorale ; mieux vaut développer la chlorophylle et d’améliorer le potentiel d’irrigation dans les zones désertiques !

JUWI Group

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L’irrigation de cultures de laitue près de Phoenix, dans l’Arizona (USA)

USDA/Tim McCabe

II. L’HISTOIRE ENVISAGEE COMME UNE METHODE SCIENTIFIQUE

Dans la conclusion de mon écrit précédent, L’économie secrète [5], je présentais la relation, si peu connue mais cruciale, existant entre la conscience considérée comme simple expression des perceptions sensorielles et un ordre supérieur de conscience qui, quoique rarement développé au sein de l’esprit individuel, demeure néanmoins la base essentielle permettant de susciter, en chaque individu et parmi la société, une créativité volontaire.

Mon objectif ici est d’éveiller la conscience de mes contemporains à l’existence d’un ordre supérieur des pouvoirs créateurs de l’esprit humain, afin d’inverser le processus de déclin constaté depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, période au cours de laquelle la connaissance de ce qui avait été la culture classique a progressivement disparu. Je veux raviver ici ce point de vue supérieur de la conscience humaine qui s’est principalement perdu au sein des quatre dernières générations s’étant succédées des deux côtés de l’Atlantique.

Dans ce sens, je veux mettre en lumière ce pouvoir de l’esprit humain que l’on tend habituellement à attribuer exclusivement à quelques scientifiques et poètes exceptionnels ayant appartenu à des temps, des lieux et des cultures reculés.

Dans notre discussion concernant cet aspect de la science et ses implications pour la science physique de l’économie, il est nécessaire de faire une distinction qualitative entre d’une part les fonctions du « cerveau » et d’autre part les fonctions relativement supérieures - cohérentes avec la dynamique leibnizienne - de ce qu’il convient d’appeler « l’esprit humain » ou « l’âme humaine ». [6]

Bien que les conséquences de cette distinction soient rarement comprises chez les jeunes générations, il arrive cependant que des expressions « pré-conscientes » de ces fonctions de l’esprit humain s’y manifestent parfois, bien que confusément. Ces expressions doivent être considérées comme des manifestations occasionnelles du potentiel de créativité. Elles prennent la forme d’« éclairs de profonde perspicacité », en particulier chez les membres de la population que l’on a régulièrement encouragés à progresser dans cette voie.

Une qualité d’émotion comme l’« amour », exprimée par des humanistes comme l’apôtre Paul dans le verset 13 de sa Première lettre aux Corinthiens, reflète, contrairement à la passion sexuelle, cette faculté de « pré-conscience » propre à l’Homme et appartenant au même domaine ontologique que sa prédisposition à aimer. Elle exclut tout amour figé sur un objet, ainsi que toute considération d’autrui comme un objet. Et, comme cela deviendra plus clair dans la suite de cet écrit, il s’agit d’une relation de nature immortelle entre un esprit et un autre, et non d’une relation entre un esprit et un simple objet des perceptions sensorielles.

Plus vous comprendrez la signification supérieure de la notion d’« esprit » que j’exprime ici, plus la distinction que je viens de souligner vous paraîtra évidente.

J’ai pensé qu’il était nécessaire de poser la question sous cette forme, afin de faire saisir plus profondément la distinction essentielle existant entre l’expérience des perceptions sensorielles et celle, supérieure et véritablement humaine, caractérisant toute conception convenable de l’esprit.

Dans L’économie secrète, j’avais insisté sur le fait que toute interprétation littérale des perceptions sensorielles est une erreur qui mène à l’aveuglement. Je ne dis pas cela à la légère : C’est cette « conception supérieure de l’esprit » qui a présidé à toute découverte fondamentale accomplie depuis l’avènement de la science moderne, en partant du De docta ignorantia de Nicolas de Cues, suivi du travail de ses successeurs comme Léonard de Vinci, Johannes Kepler, Gottfried Leibniz, et cet esprit universel Abraham Kästner, jusqu’à la prolifique dissertation d’habilitation, en 1854, de Bernhard Riemann. C’est la qualité qu’a également exprimée Albert Einstein, notamment lorsqu’il comprit, avec une profonde perspicacité, comment Johannes Kepler avait découvert le principe universel de gravitation.

Cela dit, je vais désormais me concentrer, comme je l’ai fait dans L’économie secrète, sur l’aspect fondamental de la découverte par Kepler de la gravitation auquel Einstein fit référence dans un précieux commentaire.

Dans L’économie secrète, mon argument sur cette question spécifique de l’esprit humain était développé de la manière suivante :

Ce que l’on appelle communément « perceptions sensorielles » conduit intrinsèquement tout homme crédule à se tromper.

Le cas d’Helen Keller illustre la nature de ce problème. C’est au sein de son propre esprit que l’homme peut trouver les moyens de conceptualiser efficacement l’univers réel dans lequel il vit ; cela ne se limite en aucun cas à une relation simple entre le cerveau et les perceptions sensorielles. A ce titre, les principales découvertes de ce grand disciple de Nicolas de Cues qu’était Johannes Kepler sont d’une importance fondamentale.

Les carences inhérentes aux perceptions sensorielles sont manifestes chez les disciples de l’école libérale de Paoli Sarpi, tel Pierre-Simon Laplace. Laplace, avec sa vision réductionniste du système solaire, n’a jamais été capable de comprendre la découverte de Kepler. En fait, aucun disciple de l’école libérale n’en a été capable, même en disposant de l’ensemble des travaux de Kepler.

Ainsi, la seule forme valable de découverte du principe de gravitation est celle accomplie par Kepler, comme on peut la trouver de manière détaillée dans ses Harmonies [7] ; et l’appréciation qu’en fait Einstein est cruciale pour la comprendre plus profondément.

Posez-vous cette question : pourquoi un astronome aussi célèbre que Laplace, ayant à sa disposition l’ensemble des travaux de Kepler, n’a-t-il pas réussi à concevoir de manière compétente la fonction exprimant le principe de gravitation universelle ? L’explication formelle de la maladie de Laplace est évidente : il n’a jamais sérieusement examiné la preuve fondamentale que Kepler donne pourtant de sa découverte dans ses ouvrages ! J’expose cela maintenant car la maladie de Laplace nous amène au cœur même des fraudes qui ont été perpétrées contre Leibniz, Kepler et bien d’autres, par les disciples de Descartes, Euler, Laplace, et Cauchy en particulier, au cours des XVIIIe et XIXe siècles.

Pourquoi Laplace s’est-il fourvoyé de cette manière ? On peut en trouver l’explication bien plus tard, dans la réponse que l’anglais J.C. Maxwell fit à la question suivante : « Pourquoi semblez-vous ne rien connaître des découvertes fondamentales liées aux travaux des principaux prédécesseurs de Gauss, Weber, et Riemann ? » Maxwell avait répondu – et l’on peut fort bien imaginer le fantôme de Laplace venant plaider sa cause de la même manière, après toutes ces années : « Nous (les libéraux britanniques) ne prenons en considération que les travaux scientifiques qui s’accordent avec les nôtres. » [8]

Ce type de comportement ne devrait pas surprendre ceux qui appréhendent la recherche scientifique de façon pertinente, d’autant plus de nos jours où l’on constate que les institutions chargées de contrôler les programmes éducatifs dans les écoles et les universités imposent, telles de nouvelles sectes babyloniennes, la même manière frauduleuse d’aborder la science qu’un Laplace. J’ai, à de nombreuses reprises, pu observer ces mêmes travers chez de célèbres professeurs de science physique, et ce des deux côtés de l’Atlantique. Ils nient tout simplement des aspects fondamentaux de la science de la même manière que le ferait un Maxwell. [9]

Cela dit, il faut surtout considérer les conséquences qu’engendre une approche scientifique volontairement frauduleuse comme celle d’un Laplace, d’un Maxwell ou d’autres scientifiques du même acabit. En effet, tous ceux qui, à leur image, adoptent ces conceptions erronées se condamnent à demeurer incapables de comprendre les facultés supérieures de l’esprit humain.

Il est donc essentiel de souligner le fait que la découverte par Kepler du principe de gravitation se fonde sur la démonstration expérimentale des contradictions évidentes qui se manifestent entre la faculté sensorielle de la vue et la portée réelle des harmonies.

Une fois cela compris, nous passons très vite du principe spécifique de la gravitation à la notion plus générale de « principe » : ce qui constitue le sujet de ce chapitre.

Après avoir compris la découverte de Kepler, demandez-vous si le spectre entier des perceptions sensorielles de l’homme, naturelles ou synthétiques, peut encore être considéré comme une source de certitude scientifique ou même de certitude artistique, au regard des principes qui gouvernent réellement l’univers ?

Cela ne veut signifie aucunement qu’il n’y ait aucune parcelle de « raison » dans les fonctions sensorielles de l’homme. Cela signifie plutôt que la découverte de Kepler exige, contrairement au libéralisme d’un Paolo Sarpi, que nous considérions les perceptions sensorielles comme de simples ombres projetées par la réalité. En effet, l’usage rigoureux du pouvoir des perceptions sensorielles confronte le chercheur scientifique compétent à des paradoxes. Il voit en eux la manifestation de conflits ontologiques fondamentaux. Ces paradoxes sont les ombres déformées d’une réalité insaisissable par les sens ; ils sont une sorte d’indice ironique qui révèle la présence probable d’un principe physique universel. C’est exactement par cette méthode que Kepler a découvert le principe général de la gravitation solaire.

Une fois arrivés à ce point de la réflexion, la prochaine étape consistera à conceptualiser « ce qui a projeté une telle ombre ».

Ainsi, tant que l’on persiste dans cette erreur qui consiste à croire que les ombres projetées par les perceptions sensorielles sont la réalité, l’on substitue de simples ombres à la réalité. C’est pourquoi vous devez vous demander quel est le remède à cette erreur de jugement banale qui persiste encore aujourd’hui.

Demandez-vous ensuite pourquoi Abraham Kästner a dédié sa vie à la cause de Gottfried Leibniz et de Johann Sebastien Bach. Pourquoi le même Kästner, qui fut un grand pionnier de la science du XVIIIe siècle, a-t-il également joué un rôle fondamental en soutenant le combat politique de Benjamin Franklin, ainsi que celui de Gotthold Lessing, qui collabora avec Moses Mendelssohn contre les ennemis de la tradition de Leibniz, et enfin, pourquoi contribua-t-il de manière significative à faire sortir l’authentique Shakespeare de la tombe virtuelle où la culture libérale britannique du XVIIIe siècle l’avait enterré ?

La réponse appropriée à ces questions peut être résumée de la façon suivante :

Percy Bysshe Shelley et moi

Graham Lowry, mon défunt ami et collaborateur, était l’un des derniers historiens professionnels à avoir enseigné au sein des facultés universitaires de son temps. Il a dédié les dernières décennies de sa vie à un projet dont il est venu me parler dès 1983. Il voulait écrire un livre qui mettrait en valeur le type de transition ayant eut lieu entre 1630 et 1754. Il s’agissait de comprendre comment le lien évident entre l’âge d’or du Massachussetts du XVIIe siècle et sa renaissance ultérieure au XVIIIe siècle traça le chemin qui mena à la victoire de la révolution américaine. [10]

L’importance fondamentale de la découverte de Graham m’est apparue le jour où sa femme et lui sont venus me voir à Leesburg en Virginie. Graham me fit part du fait qu’il avait mis en lumière le rôle qu’avait joué Gottfried Leibniz en Angleterre sous le règne de la reine Anne. Il m’expliqua comment ce dernier avait presque réussi à empêcher l’Angleterre de dégénérer en ce qui devait devenir l’Empire britannique. Graham avait identifié ce qu’il appelait le « chaînon manquant » entre les développements révolutionnaires de la Colonie de la Baie du Massachussetts sous l’égide de sa charte originelle (avant la destruction de celle-ci par l’Angleterre) et la résurgence, plus tard, d’efforts comparables sous l’impulsion de patriotes américains tels que Benjamin Franklin, qui est généralement considéré comme le principal inspirateur de ce mouvement… Ecoutant attentivement Graham, tout en sachant à quel point il était reconnu pour ses compétences professionnelles, je ne doutais pas du mérite et de l’importance de son projet.

Toutefois, il y a plus à dire sur cette histoire : le projet de Graham m’a également touché, à la fois personnellement et professionnellement, d’une manière qui allait par la suite prendre une importance toute particulière ; et cela est directement lié au sujet de ce chapitre.

Au moment où Graham vint me voir, je connaissais déjà une partie de l’histoire de ma propre famille en Amérique du Nord. J’avais acquis cette connaissance progressivement dès mon enfance en fouillant dans les archives de la famille à Lancaster, ainsi qu’au travers de ma relation avec mes grands-parents, nés dans les années 1860. C’est une relation qui me permit de connaître l’histoire des mes ancêtres au Canada et en Ecosse, à l’époque des grands-parents de mes grands-parents. D’autre part, la récente publication d’une étude sur l’arbre généalogique de ma famille, réalisée par des historiens britanniques spécialistes des histoires familiales, a mis en lumière le fait qu’un de mes ancêtres a participé à l’escale du Mayflower à Plymouth.

Cette histoire, qui se déroule depuis 1620 jusqu’à nos jours, n’est pas pour moi une simple chronique d’événements ; il s’agit plutôt d’un processus continu et légitime s’étendant sur une période de trois siècles ; un processus de changements successifs souvent kaléidoscopique, se développant de façon continue à la manière d’un processus vivant. Ce n’est en aucun cas une série cinématique d’actions percussives, telle que pourraient la voir ces pervers crédules (généralement hystériques) qui répètent inlassablement leur vieux slogan : « Il n’y a pas de conspirations dans l’histoire. »

J’évoque ce lien que ma famille a avec les évènements de 1620, parce qu’il est particulièrement approprié au sujet qui nous occupe ici, un sujet que Percy Bysshe Shelley avait remarquablement identifié dans son En défense de la poésie. Or, la nature même des arguments de Shelley est « dynamique », dans le sens leibnizien du terme.

Les experts dans le domaine canin affirment que si l’on apprivoise le jeune chiot d’un chien sauvage à un âge approprié, la progéniture qu’il aura, une fois atteint l’âge adulte, aura tendance à adopter un comportement civilisé, par mimétisme. [11] En revanche, pour ce qui concerne les êtres humains, et ce contrairement aux autres espèces animales, les phénomènes en jeu sont ceux que Shelley identifie dans la conclusion de son En défense de la poésie.

Ces phénomènes sont reliés à ce que j’ai mis en lumière précédemment, à savoir que l’esprit humain est doté d’une créativité innée qui se situe au-delà du royaume de la certitude des sens.

Rosa Luxembourg avait qualifié ce phénomène de « grève de masse », et c’est ce qui est actuellement à l’œuvre aux Etats-Unis. Cela se manifeste de plus en plus clairement dans les comportements des citoyens américains, notamment depuis que les élus du Congrès ont vu leurs administrés affluer en nombre aux réunions publiques d’août 2009. C’est également le phénomène dont nous avons été témoins dans l’ancienne Allemagne de l’Est (RDA), avec le « Wir sind Das Volk » (« Nous sommes le peuple »), à Leipzig et dans d’autres villes, et qui entraîna la chute du mur et du régime.

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Le processus de grève de masse en Allemagne (ci-dessus à Berlin, le 4 nov. 1989), a entraîné l’effondrement de l’État communiste. Nous vivons aujourd’hui une époque similaire de bouleversements, avec un potentiel de changements dramatiques

Creative Commons/German Federal Archive/Bernd Settnik

On trouve, dans l’histoire passée, plusieurs exemples de ces phénomènes soudains de soulèvement de masse ; ils prennent parfois même leurs racines dans des faits qui se sont déroulés dans des périodes bien plus reculées. Nous touchons ici à une qualité d’expérience qui fait appel à la notion d’immortalité, une notion qui doit sa naissance à des idées profondément enracinées dans les générations passées. C’est comme si les morts ressortaient de leurs tombes pour réclamer justice, après que celle-ci ait été bafouée pendant tant de siècles. De tels évènements sont le point d’origine de périodes pendant lesquelles les tyrans tremblent de tout leur être et où des royaumes entiers peuvent être balayés par un mouvement de volonté populaire.Nous vivons précisément dans ce type de période, à une échelle plus ou moins mondiale.

Ainsi, après que la charte de la Colonie de la Baie du Massachussetts ait été abrogée par la monarchie britannique, lors des règnes de James II et de Guillaume d’Orange, une fenêtre historique s’est ouverte : l’intervention de Leibniz en Angleterre planta les graines qui allaient très vite germer dans plusieurs lieux d’Amérique du Nord et préparer le terrain pour une révolution américaine devant ébranler les fondations de la civilisation humaine de ce XVIIIe siècle. L’intervention avortée de Leibniz auprès de la reine Anne en Angleterre allait en revanche refaire irruption sous la forme de la révolution américaine, transformant ainsi le monde transatlantique et donnant naissance au moment historique décisif que fut la victoire des Etats-Unis à Yorktown.

Près d’un siècle après 1776, le spectre de la grève de masse a ressurgi brusquement sous l’impulsion du président Abraham Lincoln ; de même, sous la présidence de Franklin Roosevelt, l’on vit renaître cet élan. Ce processus est à nouveau en train de se mettre en branle aujourd’hui.

Dans la période actuelle, la population est plus que mûre pour redonner toute sa force à l’état d’esprit qui avait animé l’accostage à Plymouth et les premiers déploiements de la Colonie dans la Baie du Massachussetts. Que les tyrans tremblent en conséquence ! La « grève de masse » de Rosa Luxembourg est aujourd’hui en marche. La « dynamique » de Leibniz est en train de trouver matière à prospérer et à prendre une grande envergure.

Lorsque j’examine certains processus mentaux reflétant des principes s’apparentant à la grande poésie classique ou à une découverte scientifique créatrice, je suis en mesure d’y reconnaître quelque chose en moi-même dont la genèse remonte à des temps parfois très reculés de l’histoire humaine. Je peux également reconnaître l’expression de tels phénomènes chez d’autres personnes. De cette manière, nous pouvons partager ce pressentiment d’immortalité au sein de nos consciences. C’est le même pressentiment qui caractérise le véritable historien.

Shelley exprime aussi ce pressentiment d’immortalité dans la conclusion clairvoyante de son En défense de la poésie.

Ce phénomène est apparenté au célèbre paradoxe fondamental que le scientifique Louis-Victor de Broglie avait exposé, en s’appuyant sur les travaux antécédents de Max Planck et de ses plus proches collaborateurs. Je m’explique :

Substance ou ombre ?

L’on doit donc admettre le fait que ce que nous expérimentons souvent comme le résultat de simples perceptions sensorielles, ne serait que l’ombre projetée d’une réalité plus ancienne, et non un événement reflétant dans le présent l’influence plus grande d’une ombre du passé [12]. Car, dans ce dernier cas, l’on est amené à « regarder » l’univers d’une façon qualitativement différente de celle qu’utilisent les adeptes de la certitude des sens. A ce titre, le paradoxe que Kepler expose dans sa découverte unique du principe de la gravitation universelle est exemplaire.

A ce stade-ci de notre réflexion, le premier pas que nous devons accomplir consiste en un examen profond de notre expérience, du point de vue de ces changements qualitatifs qui surviennent dans le processus historique et qui confèrent à la simple chronique d’événements une qualité nouvelle d’existence. C’est de ce point de vue qu’il faut considérer la crise d’effondrement général qui déferle actuellement sur la planète et qui, dans les semaines à venir, va atteindre une phase encore plus critique, une phase tout à fait comparable à celle dans laquelle est entrée l’Allemagne de Weimar entre l’été et l’automne 1923.

Une fois que l’on a saisi cet aspect qualitatif, tel, par exemple, qu’il se manifeste implicitement dans la phase terminale de la découverte du principe physique de la gravitation par Kepler, il nous faut nous engager dans une introspection particulière.

Imaginez que vous n’êtes que l’ombre de vous-même. Vous vous trouvez alors exclusivement préoccupé par vos expériences sensorielles. Et compte tenu du fait que vous localisez votre identité dans ce domaine, vous tendez à n’avoir que les motivations d’une ombre, tout en pensant être dans la réalité… Gardez à l’esprit cette image erronée de vous-même !

Permettez à votre véritable « moi », celui qui n’est pas directement perceptible, de regarder l’ombre que vous venez d’abandonner… Cependant, ce « vrai moi » qui, en correspondance avec l’univers réel, c’est-à-dire l’univers ontologique et substantiel, s’exprime à travers le principe de la gravitation, dans quel lieux pouvez-vous alors le trouver ?

De ce paradoxe découle une question évidente : « Peut-on découvrir les moyens de ‘voir’ ce ‘vrai moi’ dans cette configuration ? » Non, on ne peut pas. « Peut-on savoir si ce ‘vrai moi’ invisible, qui ‘voit’ néanmoins ce qui n’est qu’une ombre de lui-même, existe vraiment ? » Oui, on peut savoir cela. « Et comment ? » Par la méthode cruciale que l’on utilise pour découvrir un principe universel : montez sur les épaules d’un Albert Einstein au moment où il décrit l’univers tel qu’il le reconnaît dans la découverte de Kepler, c’est-à-dire comme étant « fini, mais illimité »…

Il s’agit de l’univers réel. Et aucun empiriste, aucun statisticien, ne pourra jamais le connaître.

L’art et la science

Le domaine de la composition musicale classique pose un défi comparable. Prenez pour exemple deux compositions de W.A. Mozart qui ont un lien bien particulier : premièrement, le Ave Verum Corpus, l’une des dernières œuvres de la vie du compositeur, deuxièmement, le Abendempfindung, un lied composé bien avant. La première exprime l’incarnation de Jésus Christ, la deuxième, un principe général lié à l’expérience de l’acceptation de la mort de son propre père. Il est surprenant de constater comment Mozart conclut ses deux compositions de façon similaire. L’on doit donc se demander quelle est l’intention qui préside à ces deux œuvres ? Est-ce que l’interprétation que l’on en donne satisfait réellement cette intention ? Même si elle s’avère très belle, n’échoue-t-elle pas cependant à saisir l’idée sublime qui réside précisément en cette intention de même nature située à la source des deux compositions ?

A travers l’élaboration de ces deux compositions, Mozart fournit aux chanteurs une pédagogie qui doit leur permettre de comprendre et de réaliser son intention. Est-ce que les chanteurs vont parvenir à réaliser l’intention du compositeur, ou cette dernière va-t-elle se retrouver limitée à une exécution sommaire de la partition ? S’agira-t-il d’un simple commentaire de la composition ou au contraire d’une interprétation rendant compte de l’intention et de la passion du compositeur ?

La manière dont les grands compositeurs et les interprètes ont pratiqué la composition musicale chantée est imprégnée de l’héritage de Jean-Sébastien Bach.

Cet accomplissement requiert le développement d’un sens dramatique dont le principe, implicitement métaphorique, peut être appelé « ironie classique ». Si l’objectif est atteint, les interprètes et l’audience peuvent pénétrer dans le domaine de la substance, au lieu de rester dans celui des ombres que sont les perceptions sensorielles.

« Qu’est-ce qu’est Hécube à ses yeux, pour qu’il aille jusqu’à pleurer pour elle ? »

C’est de ce point de vue que j’ai souligné à de nombreuses reprises le rôle important qu’a joué le violon d’Einstein dans le développement de ses facultés de découvreur scientifique.

Récemment, mes associés et moi-même avons pu constater ce même type de phénomène en découvrant l’histoire des familles Dirichlet et Mendelssohn : en effet, le mariage de Lejeune Dirichlet avec la petite-fille de Moses Mendelssohn ouvre une période où se tisse un univers riche en ironies ; il naît au XIXe siècle un ensemble de chefs-d’œuvre musicaux et scientifiques dont la caractéristique est l’association de la poésie, du drame, de la musique et de la science. Cette période se clôturera à la mort de Clara Schumann et de Johannes Brahms. [13]

Une telle affinité entre la véritable science et le grand art classique n’a rien d’une simple coïncidence. Les pouvoirs créateurs du scientifique se situent essentiellement dans le domaine de l’imagination. C’est ce que l’on constate chez Abraham Kaestner notamment en sa qualité d’héritier de Gottfried Leibniz et de Johann Sébastian Bach. Or, ce domaine de l’imagination artistique classique est le berceau dans lequel sont engendrées les découvertes scientifiques fondamentales, pour le plus grand bénéfice du tissu social et économique.

Cette fonction qu’a la grande composition musicale classique peut être vraiment aboutie si elle est empreinte de ce principe d’ironie que l’on trouve aussi dans la prosodie classique. En effet, les phases de progrès scientifique sont le résultat de l’usage généreux d’un mode de langage qui s’organise selon les règles de la prosodie classique. Aussi compétent soit-il, tout chercheur scientifique à qui il manquerait une telle qualité se trouvera la langue nouée au moment de présenter la découverte fondamentale qu’il a faite.

Les considérations que je souligne ici ne sont pas simplement des questions d’art en soi ; elles sont l’antichambre d’une science de l’ironie et des métaphores qu’il faut développer en urgence aujourd’hui si l’on veut faire face au défi que nous lance l’effondrement de l’économie mondiale.

La méthode dans l’Histoire

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La Grande Pyramide de Giza, près du Caire. « La construction de la Grande Pyramide d’Egypte », écrit LaRouche, « est le symptôme du développement d’une idée situant qualitativement l’existence humaine dans un temps plus long. »

Creative Commons/Olaf Tausch

Il existe deux manières opposées d’approcher ce que l’on nomme « histoire ». D’un côté, l’on considère l’histoire comme une suite chronologique d’événements. De l’autre, l’histoire des événements chronologiques est conçue comme la conséquence d’un processus qualitativement supérieur ; c’est-à-dire que les changements qui se traduisent objectivement dans les faits, sont engendrés par le flux et le reflux des idées cardinales qui sont l’âme de l’histoire.

Par exemple, la construction de la Grande Pyramide d’Egypte est le symptôme du développement d’une idée situant qualitativement l’existence humaine dans un temps plus long ; c’est le même type de conception de l’homme qu’illustre le platonicien Ératosthène de Cyrène, géant de la science égyptienne, dans ses recherches et ses découvertes fondamentales. De la même manière, considérez la différence qualitative existant entre les effets qu’a eu dans l’histoire l’adoption de la Constitution des Etats-Unis et le cours d’évènements ordinaires se déroulant dans l’histoire du monde.

L’histoire des Etats-Unis contient deux histoires diamétralement opposées : l’une est marquée par l’influence de la Compagnie Britannique des Indes Orientales qui a constitué à l’intérieur de notre pays une branche du système impérial britannique. L’autre est le fruit d’une faction essentiellement anti-britannique, composée de patriotes américains. Cette opposition historique est devenue claire à partir de 1763, notamment dans la région côtière de la Nouvelle Angleterre, de Newburyport jusqu’à Boston. L’histoire de la ville de Salem dans le Massachussetts, célèbre pour ses « chasses aux sorcières », porte la marque de cette influence de la Compagnie Britannique des Indes Orientales.

Ce ne sont pas les événements qui déterminent le processus historique ; c’est l’influence des idées fondamentales qui façonne les événements.

Prenez la situation actuelle aux Etats-Unis : Composé de politiciens lâches et véreux, le Congrès américain, et en particulier la majorité démocrate du Sénat, ressemble parfois à un nid de rats où se mêlent trahison et folie. Mais à l’approche des élections de novembre prochain, le « nettoyage » déjà en cours de la chambre des représentants, visera quasiment l’ensemble des sièges de cette institution, contrairement au Sénat où seul un tiers des sièges doit être renouvelé. [14] En même temps, un récent sondage révèle que près de 80% des électeurs sont en faveur de la restauration immédiate des critères de la loi Glass-Steagall. Cette loi, que le président Franklin Roosevelt avait mise en place en 1933, avait été abrogée en 1999 sous la pression massive du bras de l’Empire britannique qu’est Wall Street, ainsi que celle d’agents d’influence se comportant comme de véritables traîtres à l’intérieur des Etats-Unis. Cette abrogation est une opération de subversion, principalement orchestrée depuis Londres, s’inscrivant dans la droite lignée de cette tradition de la Compagnie Britannique des Indes Orientales et de sa branche américaine. Cette tradition est incarnée aujourd’hui par les intérêts financiers de Wall Street qui font tout leur possible pour faire des Etats-Unis une possession de l’Empire britannique.

Ou alors, puisque nous traitons de ce sujet particulier, considérez le fait que la valeur essentiellement symbolique que l’on donne à une monnaie est fondamentalement distincte des processus qui sont l’expression de la production et de la consommation de véritables richesses.

Aujourd’hui, aux États-Unis, un mouvement de grève de masse est en gestation ; il se traduit par un soutien à la remise en place de la loi Glass-Steagall par 80% de la population adulte – contre la majorité démocrate du Sénat. Sa naissance s’inscrit dans un type de processus social qui met en lumière le rôle moteur de l’histoire des idées.

Encore plus importante est la différence entre un simple sondage d’opinions auprès de particuliers et le sondage plus sérieux de formations sociales. Ces formations se définissent comme des ensembles d’individus qui partagent de façon active des idées communes. De ce point de vue, ce n’est pas le plus grand nombre qui façonne l’histoire, mais plutôt une qualité particulière d’intervention portée par quelques individus. Ils sont parfois très peu nombreux, mais ils se conçoivent comme un ensemble d’individus mus par la volonté implicitement révolutionnaire de se battre pour des principes, et non comme un panel de simples électeurs.

Le principe que je viens de décrire de manière relativement superficielle en guise de préliminaire, doit être compris d’un point de vue plus rigoureux. Je vais m’y employer dans ce qui suit.

Symbole ou substance ?

Maintenant, reconsidérons sous un angle différent ce que j’ai écrit auparavant. Comme je l’ai déjà dit, identifier un principe nécessite d’aller au-delà d’une simple description de ses effets apparents ; il faut voir ces effets comme l’expression d’une réalité invisible, mais dont l’existence est efficiente. Il s’agit de saisir l’objet réel correspondant à l’ombre qui se présente à nous sous la forme d’une perception sensorielle.

C’est le problème fondamental que j’ai régulièrement et longuement soulevé durant l’année précédente : il y a une distinction entre l’ombre (ou perception sensorielle) et la substance réelle, qui existe par-delà les perceptions sensorielles. Cette substance peut être appréhendée et connue grâce à la méthode de la preuve expérimentale – qui vise à prouver l’efficience d’un principe dans l’univers. En revanche, elle n’est pas directement connaissable par les perceptions sensorielles.

Cela revient à faire la distinction entre les véritables principes physiques universels qui gouvernent l’univers, et les ombres du domaine des simples perceptions sensorielles.

Réfléchissez ! Pensez-vous que l’on puisse fabriquer un robot capable de reproduire certaines activités humaines comme la résolution de problèmes par exemple ? Supposez que l’on parvienne à le faire jusqu’à un certain point. Ce « point » est une situation critique dans laquelle le robot, s’enlisant fatalement, nous enverra toujours le même message de désespoir : « Un principe ? Principe !? … Donnez-moi le principe qui gouverne cette situation ! »

Cette situation hypothétique (mais pas si hypothétique que cela) montre que l’on peut toujours envisager la possibilité d’un changement anti-entropique en partant du répertoire pré-existant des phénomènes définissant l’ensemble des principes universels connus à un moment donné. Ceux-ci s’expriment en une variété d’efforts toujours croissante, nécessaire pour poursuivre et maîtriser l’expérience anti-entropique d’exploration de notre univers. Donc, dans ces circonstances, où pouvons-nous localiser l’identité la plus profonde du scientifique ou de l’artiste classique créatif ?

En guise de première étape, je suggère de prendre le temps d’étudier sérieusement l’édition de 1947 du livre de William Empson, intitulé Seven Types of Ambiguity (Les sept types d’ambiguïtés). Empson y développe une réflexion très inspirante. Ceci dit, il ne présente pas de solutions aux questions les plus cruciales qui se posent implicitement, à partir du moment où l’on fournit un effort sérieux pour mettre en pratique ses arguments. Mais, écartons temporairement William Empson de la scène pour y mettre le robot précédemment cité : au cours des décennies qui se sont écoulées depuis 1947, j’ai souvent insisté, auprès de tous ceux qui voulaient bien l’entendre, sur le fait que ce robot fait un excellent travail en posant certaines questions pertinentes et provocatrices et en laissant à des scientifiques qualifiés ou à des penseurs de qualité le soin d’y répondre. Cependant, qui, à votre avis, est capable de fournir aujourd’hui, les réponses aux questions posées par ce robot frustré ?

Je vous propose de procéder ainsi :

Je vous ai précédemment présenté une conception de l’être humain qui le différencie fondamentalement du robot ou de toute espèce animale. Cette conception repose sur un trait distinctif crucial qui est la véritable créativité scientifique ou artistique. C’est ce qu’illustre la découverte par Filippo Brunelleschi du principe physique de la caténaire. Or, la simple existence d’une telle créativité est rejetée par tous les adeptes de l’idéologie libérale promue par Paolo Sarpi et son apôtre Galilée. Les adeptes auxquels je fais référence ici sont René Descartes, l’escroc Isaac Newton, ainsi que François Quesnay, Adam Smith et Jeremy Bentham, réputés pour leur « philosophie sociale ». [15]

Paolo Sarpi, Galilée, et leurs disciples tels que Descartes, l’abbé Antonio Conti, John Locke et Adam Smith, nient l’existence de principes universels intelligibles par l’homme ; ils y substituent une sorte de lecture statistique et pragmatique du monde, que l’on peut aussi identifier comme un libéralisme philosophique. Malgré les quelques différences d’ordre secondaire que l’on trouve entre les arguments des physiocrates et le vulgaire plagiat que constituent les écrits de Quesnay, Turgot et Adam Smith, leur point de vue à tous est tout à fait cohérent avec les principales conceptions de la doctrine libérale de Paolo Sarpi. [16]

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On peut construire des robots, comme le ASIMO de Honda, capable d’accomplir des tâches humanoïdes, et peut-être même de résoudre certains types de problèmes, jusqu’à un certain point. Mais ce ‘point’ arrive au moment où le robot demande : « un principe ?! Donnez-moi le principe qui gouverne cette situation ! »

Creative Commons/Gnsin

On ne peut évidemment pas considérer ces « robots universels » virtuels que sont les personnages que je viens de citer comme de véritables êtres humains capables de réaliser d’importantes découvertes. Puisque nous savons que notre esprit est doté de pouvoirs créatifs nous permettant de découvrir des principes physiques, ce qui n’est le cas d’aucun robot, nous devons, comme les trois rois de Goethe (en particulier tels qu’ils ont été représentés musicalement par le compositeur romantique Hugo Wolf), faire halte à la prochaine étable, afin de trouver quelqu’un qui puisse répondre à notre robot désespéré.

Etant humains par nature, et non robots, nous devons porter un regard sur nous-mêmes en nous détachant de l’image de l’homme que nos perceptions sensorielles nous renvoient. A partir du moment où nous sommes capables de nous situer en-dehors de cette image trompeuse de nous-mêmes, nous devons considérer la perplexité du robot comme étant inhérente à n’importe quel simple objet de notre propre intention.

Nous - le vrai « nous » - qui sommes qualifiés pour incarner le pouvoir de créativité, ne sommes pas de simples objets, mais des singularités. Nous avons compris récemment qu’en tant que singularités, nous demeurons dans un domaine de radiations cosmiques qui est lui-même peuplé de singularités.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Une fois que l’on a reconnu la nature de la créativité humaine, comme l’ont fait Archytas et son ami Platon, Nicolas de Cues, Gottfried Leibniz, Friedrich Schiller, Bernard Riemann, ou encore tous ceux qui ont emprunté le chemin de la raison humaine, on sait ce que peut et doit devenir un être humain. Que les mathématiciens affirment que nous ne sommes que de « simples êtres humains », ne nous prive pas de ces pouvoirs créateurs que l’on peut ou pourrait découvrir en nous-mêmes. Contrairement aux réductionnistes typiques que l’on trouve parmi les universitaires et les académiciens, des individus consciemment créatifs tels que je viens de les définir, nous révèlent notre aspiration à penser avec le même degré de créativité que de grands découvreurs comme Leibniz et Riemann.

Cela nous amène au point crucial de ce chapitre.

Le secret lui-même

La conséquence immédiate de l’argument que j’ai développé précédemment est la suivante : pour que chaque individu puisse découvrir sa véritable nature humaine, il faut qu’il considère deux aspects de son identité. D’un côté, l’expérience qu’il tire de ses perceptions sensorielles. De l’autre, la possibilité qu’il a de comprendre que les perceptions sensorielles ne sont que de simples ombres de la réalité.Comme je l’ai montré auparavant, le moyen le plus simple et le plus efficace d’éveiller cette conscience en lui consiste à l’encourager à réfléchir à la découverte originale que Kepler fit du principe universel de la gravitation, en le faisant s’appuyer sur l’étude d’au moins trois – voire plus – orbites planétaires. Cette découverte requiert la juxtaposition ironique des facultés de la vision (que l’on associerait aujourd’hui à l’utilisation du télescope) et de l’ouïe, avec le principe des harmonies musicales. Aucun de ces deux sens ne peut rendre compte seul de la vraie réalité ; de même, une théorie faisant cohabiter ces deux facultés sensorielles contradictoires serait incomplète, purement spéculative. Seule une juxtaposition des différents modes de perception sensorielle peut nous amener à découvrir une conjonction dont le caractère unique révèle l’existence du principe physique pertinent qui est en jeu.

Ceci nous amène à une considération plus générale. L’esprit humain ne se situe pas dans le domaine des facultés sensorielles. Nos sens ne sont que de « simples » instruments assistant les pouvoirs de l’esprit humain.

Mais la distinction entre l’être humain et les animaux ne s’arrête pas là. Ce qui fait le caractère unique de l’esprit humain, c’est le pouvoir manifeste du principe localisé au sein de son imagination créatrice.

D’après les dogmes du libéralisme de Sarpi, un tel pouvoir n’existe pas dans un monde borné par une vision simplement expérimentale de l’action de l’homme.

Or, l’existence de l’homme dépend de la découverte et de l’utilisation des principes physiques universels. Les pouvoirs de l’esprit humain donnent d’abord à ces principes une certaine forme d’existence. Ensuite, la transmission de leur découverte d’une personne à une autre – qui va revivre l’expérience d’un changement de perception de la réalité – constitue le facteur le plus évident de la distinction fondamentale existant entre l’espèce humaine et toutes les autres espèces vivantes connues.

Il faut insister sur le fait qu’une découverte de principe physique se traduit par une transmission physique efficiente de puissance d’une génération à l’autre. Autrement dit, toute découverte de cette nature se caractérise par un accroissement de potentiel, par tête et par kilomètre carré. C’est la clé permettant de saisir ce principe d’immortalité de l’individu inhérent à la notion de créativité humaine.

Dans la pratique, cela suppose que l’on ne doit en aucun cas permettre qu’un individu soit privé de l’accès à son potentiel créateur. L’identité humaine ne doit pas être localisée dans le domaine des perceptions sensorielles, mais dans cette qualité immortelle d’action que représentent la découverte et la transmission des principes assurant le progrès et les accomplissements de l’humanité.

Nous devons rendre consciente, en chaque individu, cette distinction fondamentale existant entre la nature et la puissance des idées créatrices d’un côté, et de l’autre les simples expériences sensorielles. Ainsi, nous devons éloigner le vrai « moi » de toute appréhension mécaniste du monde. Celle-ci ne fournit que des instruments de coordination qui sont au service de l’action souveraine de l’individu sur ce qui se situe « à l’extérieur » du domaine des perceptions sensorielles.

Autrement dit, la raison principale pour laquelle l’individu se détruit dans la société actuelle est que son « moi » est enfermé dans le domaine des perceptions sensorielles, alors même que ses facultés créatrices se situent « à l’ extérieur ». De même, l’erreur courante et typique de la société actuelle consiste à tenter de déduire les processus créateurs des effets des perceptions sensorielles. Il est donc essentiel de définir la créativité comme un pouvoir de l’esprit (« je ») séparé de – tout en en ayant le contrôle – ce domaine des perceptions sensorielles et comme un pouvoir de la notion de « moi ».

Considérez cette perception de « soi » comme s’il s’agissait d’un reflet dans un miroir, comparable au « miroir obscur » auquel est confronté l’apôtre Paul au cours de ses épreuves. Le pouvoir de créativité est donc attribué à cette fonction de l’âme ; c’est en elle que se situent les pouvoirs créateurs – implicitement immortels – de l’être humain, et non dans la seule animalité de ses sens.

III. L’ECONOMIE DE L’ESPRIT HUMAIN

Afin de relever le défi actuel, c’est-à-dire la reconstruction de l’économie américaine ainsi que celle des autres pays, nous devons tout d’abord substituer à l’usage commun et superficiel du terme « infrastructures » une notion qui s’appuie sur une science des principes noétiques de l’esprit humain, et qui doit être sous-jacente à la science de l’économie physique ; ceci doit exclure toute notion d’économie monétariste.

J’ai illustré cet argument en montrant la succession d’étapes ayant caractérisé le développement économique de la civilisation européenne : 1) l’économie maritime ; 2) les voies navigables ; 3) les systèmes ferroviaires transcontinentaux ; 4) les systèmes « Maglev ». L’on peut également présenter ces phases de progrès successifs du point de vue des différences qualitatives dans le développement infrastructurel : 1) la combustion du bois et du charbon de bois ; 2) du charbon et du mazout ; 3) du pétrole ; 4) du gaz naturel et des carburants équivalents ; 5) la fission nucléaire ; 6) la fusion thermonucléaire ; et au-delà, 7) les réactions de type matière/antimatière.

Il peut arriver que, tandis que ce type de développements qualitatifs des systèmes d’infrastructures continue à suivre son cours, les taux de progrès technologiques appliqués dans l’industrie et l’agriculture soient relativement inférieurs à ceux conduisant la série de développements que je viens de suggérer. Cette différence reflète en grande partie le fait que ces progrès qualitatifs, ainsi que l’augmentation de la densité de flux énergétique, sont les moteurs pour le progrès agricole et industriel ainsi que pour l’organisation urbaine de la vie communautaire.

Au regard des considérations présentées au début de ce chapitre, il est nécessaire de soulever certains points qui devraient pourtant « être évidents ».

Alors que nous nous approchons du moment où l’on préparera des individus à quitter la Terre vers d’autres lieux du Système solaire, nous devons reconnaître l’urgence de mettre au point des systèmes de gravité artificielle, ou leur équivalent fonctionnel, comme condition préalable. Ensuite, une fois franchie cette étape, on en vient à la notion de « planètes artificielles ». La création de « planètes artificielles » distantes de la terre devrait être adoptée comme un objectif communiquant un sens du processus de développement. Un tel choix devrait être envisagé comme un moyen de donner une nouvelle signification scientifique aux objectifs futurs. Ces objectifs futurs donneront un sens adéquat à ce que l’on devrait nommer « la fonction économique de l’infrastructure ».Repassons en revue l’ensemble des cas que j’ai cités auparavant à partir d’un angle de référence plus éclairé.

Le premier grand progrès, au-delà des progrès économiques physiques accomplis par les formes maritimes de civilisation, est survenu avec le développement des routes et aqueducs romains, dont la fonction était avant tout militaire. Toutefois, le développement des routes, des systèmes de rivières et de canaux, dans l’Europe de Charlemagne, a joué un rôle économique fondamental. Plus tard, comme je l’ai souvent dit, le développement du système ferroviaire transcontinental américain a représenté un grand progrès qui, en se répandant dans l’Allemagne post-1875 et en Russie, a constitué une menace existentielle à la suprématie maritime de l’Empire britannique ; la menace était telle qu’à partir de l’éviction en 1890 du chancelier allemand Bismarck par des manipulations britanniques, l’Empire britannique a provoqué une accumulation de guerres internationales qui se sont prolongées sur la période 1895-1945, suite à l’alliance anglo-japonaise contre la Chine, la Corée et la Russie.

Au début des années 1920, l’Angleterre et le Japon s’étaient entendus pour développer et préparer la marine japonaise en vue d’une attaque à Pearl Harbour, que le Japon ne lança finalement que le 7 décembre 1941. Le déclenchement par Churchill de ce qui est devenue la soi-disant « guerre froide » contre la Russie, entre 1946 et 1989, est une expression de la continuation de la politique impérialiste britannique dans l’intervalle 1890-1989.

J’ai, à de nombreuses reprises, insisté sur le fait que les guerres, depuis celles du Péloponnèse à l’époque antique, ont souvent servi à diviser pour mieux régner ; la « guerre de sept ans » de 1756-1763 – orchestrée par les britanniques, ainsi que les guerres napoléoniennes en Europe continentale, ont induit les rivaux des britanniques à se détruire mutuellement, pour le plus grand bénéfice de l’Empire. De manière similaire, l’abandon du système ferroviaire transcontinental américain au profit du trafic automobile, depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale, a représenté un affaiblissement du système productif de l’économie américaine, directement et indirectement, illustré par certains changements de l’organisation urbaine en Amérique. Le même type de méthode a été employé par l’Empire britannique à la fin de l’année 1989, afin de provoquer la destruction de l’économie de l’Allemagne réunifiée.

Ainsi, nous devons concevoir l’infrastructure économique de base comme donnant une direction à la transformation des systèmes économiques nationaux, en termes de développement organisé des territoires nationaux et internationaux, de telle manière à ce que ces développements infrastructurels déterminent le paramètre principal de la croissance et de la productivité économique nationale.

Dans un futur plus ou moins proche, que l’on appellera « l’ère spatiale », cette politique devra être envisagée pour le développement par l’homme de « planètes artificielles ».

Considérez cette conception d’une économie des infrastructures à la lumière du fait que nous étions déjà dans les années 1950 implicitement entrés dans l’ère de l’exploration interplanétaire. Les recherches et travaux pour développer les fusées spatiales, dans la période des années 1920 aux années 1940, avaient été lancés dans l’objectif d’envoyer un homme sur la lune. Même le développement de fusées militaires par les chercheurs allemands sous le régime nazi n’était qu’un sous-produit du projet Lune de la période pré-Hitler, et qui avait fait des allemands des pionniers dans ce domaine.

Il n’est pas nécessaire d’alourdir cet écrit en détaillant outre mesure cette question des voyages spatiaux, et nous nous contenterons des aspects essentiels concernant ce chapitre, que sont les accomplissements économiques nécessaires pour faire entrer l’humanité dans « l’ère spatiale ». Il est suffisant d’évoquer le type de missions spatiales défendues par le défunt Krafft Ehricke, comme sa conception de l’industrialisation de la Lune préparant la mission vers Mars.

L’aspect essentiel des voyages spatiaux est que la continuation de l’existence même de l’humanité a besoin d’options permettant aux prochaines générations de faire face plus facilement aux éventuelles menaces à la vie sur Terre. Le lancement d’une mission vers Mars serait le signal que l’humanité peut réussir à accomplir de grands objectifs.

Toutefois, nous devons nous qualifier intellectuellement pour cela, en comprenant que nous allons peut-être devoir concentrer beaucoup d’efforts sur ces objectifs véritablement galactiques ; nous devons prendre conscience qu’il s’agit d’un engagement sur une période de plusieurs siècles. C’est pourquoi il n’y a pas de temps à perdre pour en finir avec la folie du président « Néron » Obama.

Une chose est claire : il n’est pas envisageable pour des êtres humains que le voyage vers Mars dure plusieurs centaines de jours. Le transport de la vie humaine ne peut pas être comparé avec le transport d’instruments, comme les robots, et, avant que nous soyons capables d’y envoyer des hommes par accélération/décélération, il y aura beaucoup d’obstacles à franchir en termes de progrès scientifiques nécessaires pour comprendre cette planète Mars ; c’est la condition pour définir et réaliser ce qui doit devenir nos objectifs à moyen et long terme, et accomplir la destinée extra-terrestre de l’humanité au sein de l’espace solaire.

Le transport accéléré d’un équipage humain vers l’orbite de Mars va donc bientôt devenir une caractéristique centrale pour l’aventure spatiale de l’homme, avec toutes les difficultés et opportunités que cela représentera ; tout cela prendra un caractère essentiel pour ceux d’entre nous qui resteront à leurs devoirs et occupations sur la terre.

Les trajectoires en accélération/décélération sont donc essentielles.

Les radiations cosmiques

Avant de pouvoir envoyer une mission habitée sur Mars, ce qui prendra plusieurs générations [17], nous devons nous confronter au fait qu’il n’existe d’« espace vide » nulle part dans l’univers. Cette croyance en un « espace vide » entre les orbites des planètes doit être identifiée comme une « erreur programmée », résultant de la nature des organes sensoriels des êtres humains.

Ce lieu, que nous appelons « espace » est rempli d’une masse de différentes variétés de radiations cosmiques. L’un des défis à relever dans un futur très proche va être de réorganiser le tableau périodique des éléments de la chimie physique, de manière à ce qu’elle reflète les implications d’un espace rempli de radiations cosmiques de différentes sortes, radiations plus ou moins fortes émanant depuis, et vers, des sources potentielles. Jusque là, mes associés et collaborateurs n’ont fait que « gratter à la surface » de ce domaine complexe.

Ce défi a trouvé une expression particulière dans les célèbres expériences de De Broglie, ainsi que de ceux qui ont contribué à élaborer les implications de sa découverte, autour du paradoxe des onde/particule. [18] Ces développements suggèrent une nouvelle lecture du tableau périodique, dans les termes des « fonctions d’onde » du domaine des radiations cosmiques, comme l’exemplifie la conception de l’académicien V.I. Vernadsky qui partage l’espace-temps physique entre l’abiotique, la biosphère et la noosphère.

La meilleure approche à ce sujet est donc de concentrer notre attention sur les travaux de ce bio-géochimiste riemannien qu’était l’académicien russe V.I. Vernadsky, ainsi que sur les travaux de ses collaborateurs. Le principal intérêt se situe dans l’impact qu’aura cette révolution dans la chimie physique, au niveau de la compréhension des processus vivants.

Les travaux et recherches effectuées jusqu’à ce jour suggèrent fortement que, plutôt que simplement continuer à développer le « tableau périodique », nous devions concevoir « le tableau périodique de la chimie des processus vivants au sein du domaine des radiations cosmiques », et situer les différents aspects de la créativité humaine dans ces mêmes termes.

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L’« espace vide » n’existe pas : « ce lieu, que nous appelons ‘espace’ est rempli d’une masse de différentes variétés de radiations cosmiques. » Ci-dessus, la Nébuleuse du Crabe (M16)

NASA/JPL-Caltech/N. Flagey & MIPSGAL Science Team

J’explique :

Repensez à la conclusion générale du chapitre précédent : la distinction entre une notion ontologique défective de l’homme basée sur la déduction à partir des perceptions sensorielles, et une notion basée sur les implications exemplaires de la solution unique de Kepler pour le concept de la gravitation générale. La façon par laquelle on définit expérimentalement le comportement humain détermine la façon par laquelle on évalue et interprète l’univers dans lequel on vit.

Cela dit, nous allons maintenant considérer le sujet du chapitre actuel du point de vue de la conclusion du chapitre précédent. Je reviens donc sur un traitement plus avancé du « secret lui-même ».

Obscur, comme dans un miroir

Lançons-nous dans un voyage dans le domaine de l’imagination. Tout d’abord, concédez le fait que chaque membre de l’espèce humaine a la possibilité de reconnaître que son identité, en tant que personnalité, se situe dans ce que l’on appelle – souvent sans le comprendre correctement – le « domaine spirituel ». Ainsi, nous savons que cette identité existe réellement en tant qu’entité efficiente ; nous la reconnaissons comme notre existence consciente, et nous savons qu’elle utilise les appareils sensoriels comme des instruments.

Au fur et à mesure, nous comprenons que cette qualité d’entité souveraine, cette espèce de « personnalité supérieure », est notre vrai « moi ». Nous devrions pouvoir reconnaître cela dans le domaine des arts supérieurs de l’imagination – et aussi l’imagination scientifique, qu’exprime cette imagination artistique classique ; c’est cela que William Empson aspirait à saisir, et qui semblait comme tapi dans un coin de son esprit. C’est cette qualité d’imagination qu’exprime l’Ode à une urne grecque (Ode on Grecian Urn) de John Keats, ainsi que le dernier paragraphe d’En défense de la poésie de Percy Bysshe Shelley.

L’on retrouve cela également dans le principe du drame que Shakespeare avait mis sur scène, et que si peu, parmi les directeurs artistiques et les acteurs modernes, sont capables de reconnaître. Cette qualité du drame classique, tel que le Prométhée enchaîné d’Eschyle de la Grèce antique, implique une interprétation « derrière le masque » par le directeur et les acteurs, qui doivent reconnaître que la personnalité présente sur scène n’a aucune équivalence avec celle de l’interprète avant le lever et après le baisser du rideau.

La pièce doit être interprétée « derrière le masque », dans l’imagination de l’audience, des acteurs et de la compagnie de théâtre ; ainsi, quelque soit les temps et lieux évoqués par l’auteur, la véritable scène de la pièce se situe dans l’imagination.

Cet art de mettre en scène la réalité, associé à un étrange sentiment, est également spécifique au principe présenté dans le En défense de la poésie de Shelley. C’est cette puissance mystérieuse, invisible mais bien efficiente, qui peut mettre en mouvement un peuple – même contre les inclinations personnelles habituelles des individus ; c’est cela que Shelley identifie ; il en est de même de « la grève de masse » de Rosa Luxembourg, qui est en réalité une expression du principe historique de Shelley. La personnalité d’un être humain ne se situe pas dans sa chair ; des forces en jeu rayonnent sur la volonté des membres de la société, d’une manière qui parfois rassemble ces individus autour de principes communs.

D’un point de vue ontologique, cette qualité de force, rayonnant depuis ou sur un individu, est d’une espèce similaire à un acte de découverte valide d’un principe scientifique. Les fonctions artistiques classiques de la créativité et la découverte d’un principe scientifique constituent pour cela un terrain commun. Ce sont ces forces qui unifient les plus grands chefs-d’œuvre dramatiques, comme si l’on retrouvait Eschyle, Shakespeare, Lessing ou Schiller sur la scène classique.

Afin de donner une conception plus élaborée de ce point, considérez l’illustration suivante.

Considérez un ensemble de personnalités incarnées sur scène, scène que les naïfs prennent pour la réalité sensible, avec les passions qui y sont associées. De la même manière, comparez la carcasse mortelle que vous occupez avec le vrai « moi », pour qui toute sensation, sentiment ou passion, est composé de simples objets sur lesquels ce vrai « moi » est parfois capable d’exercer des actes volontaires.

Considérez le cas où ce vrai « moi » fait une découverte profonde sur la signification des phénomènes se présentant à ses sens, en procédant comme si ces phénomènes sensoriels n’étaient que des ombres projetées sur les perceptions par la réalité. Le vrai « moi » désire alors interpeller son « moi » incarné ; imaginons que le signal ait bien été reçu par le fantoche – la face sensorielle de lui-même, ou d’elle-même – comme un murmure augurant, un étrange pressentiment, provenant d’un domaine supérieur, métaphysique.

Comment expliquer cela ?

Considérez la palette des perceptions sensorielles des individus. Le vrai « moi », qui ne dispose pas d’organes sensoriels en lui-même, contemple les images que lui présentent ses sens. Il porte un jugement sur le comportement de ce qu’il, ou elle, voit comme des ombres sur la scène des perceptions sensorielles. Il juge de la conduite et des intentions des images sensorielles d’une telle manière que – comme le reflète le phénomène de « grève de masse » – la portion concernée de la population se met en mouvement, afin de provoquer des changements perceptibles dans le domaine des expériences sensorielles.

Les phénomènes de masse comme « la grève de masse » identifiée par Rosa Luxembourg démontrent l’efficience du principe décrit par Shelley dans la conclusion de son En défense de la poésie. Le génie scientifique créateur d’un individu ou d’un petit groupe d’individu a la même signification qualitative. C’est cette qualité de génie créateur qui contrôle le domaine des mains et des pieds, lorsque le génie créateur intervient sur le domaine des perceptions sensorielles.

La créativité humaine doit être encouragée jusqu’au degré de développement des plus grands artistes classiques ou scientifiques, comme Johannes Kepler, ce qui implique d’avoir reconnu les pouvoirs supérieurs de son être intérieur ; la compréhension profonde qu’Albert Einstein avait des implications de la découverte de Kepler, ainsi que l’intention de Mozart dans son Ave Verum Corpus, expriment l’auto-conscience de cette créativité. De telles personnes, arrivées à ce point de maturité, se conçoivent comme quelque chose de meilleur que toute autre forme de vie animale.

C’est là la marque de la véritable créativité humaine.

C’est cette qualité ontologique de la créativité que l’homme doit explorer dans des lieux proches et lointains. Ce sont ces pouvoirs du génie créateur qui doivent diriger l’effort d’amélioration qualitative de l’existence humaine, que cela soit sur Terre ou au-delà.La créativité humaine, conçue de cette manière, est la qualité unique de l’humanité, qui la sépare de tout ce qui ressemble à des singes ou des vers de terre.

IV. LES DEUX « REALITES », ET PLUS

Nous avons défini, au cours de cet écrit, l’existence de deux réalités différentes. Premièrement, la réalité apparente des perceptions sensorielles, qui doit être supposée comme simplement apparente, aussi bien du point de vue direct des perceptions sensorielles (comme le matérialisme), que celui de l’empirisme des disciples de Paolo Sarpi, pour qui il n’existe pas de principes physiques universels, mais seulement des incertitudes sensorielles statistiques, comme l’écrivait Adam Smith dans sa Théorie des sentiments moraux. Deuxièmement, nous avons l’autre réalité, primordiale, des principes physiques universels validés expérimentalement.

Ainsi, la question qui se pose à celui qui subit, dans notre actuelle civilisation transatlantique, les pratiques dominantes de la finance et de la comptabilité, est : « Laquelle de ces deux est vraie ? »

La réponse est que puisque les principes universels – autrement connus comme des lois physiques universelles démontrées expérimentalement – exercent un contrôle sur la destinée des objets des perceptions sensorielles, ne devrions-nous pas en tirer les conclusions évidentes ?

Abordons ce sujet d’une autre manière. Prenez le cas particulier de la caténaire, ou de la notion leibnizienne de principe universel de moindre action physique, qui y est associée. Ou alors, prenez le cas général de la géométrie physique riemannienne, en opposition à la géométrie euclidienne ou à toute autre forme de géométrie nominaliste. Considérez cette différence du point de vue des tentatives habituelles visant à distinguer le « physique » du « sensible ». Laquelle de ces deux distinctions mutuellement contradictoires l’emporte au final ?

Ou bien, n’est-il pas vrai que d’un côté, nous utilisons ordinairement la certitude des sens pour déchiffrer un point de vue empiriquement leibnizien d’une situation, et de l’autre, la forme supérieure des principes physiques universels ? Aucun problème ne se pose tant que l’on ne mélange pas l’utilisation adéquate de ces deux clefs de lecture, si ce n’est une certaine difficulté à distinguer les affirmations basées sur des phénomènes liés aux perceptions sensorielles des affirmations basées sur l’autorité sous-jacente d’une découverte de principe physique universel, tel qu’on le retrouve dans les Harmonies de Kepler, au sujet de la découverte de la gravitation.

Mais lorsqu’on en vient à sortir du domaine des perceptions sensorielles habituelles pour aller dans l’infiniment petit ou l’infiniment grand, nous devons admettre – comme Bernhard Riemann nous en avait prévenu – que nous avons franchi les limites du domaine où la certitude des sens fait autorité. [19] Au-delà de ces limites, c’est la « physique spirituelle » qui doit prévaloir et devenir la réalité que nous devons reconnaître.

A ce point-ci, il nous faut revenir sur la notion de la dynamique de Leibniz, en l’associant avec l’argument final de Shelley dans En défense de la poésie. Ceci revêt une importance particulière, compte tenu du moment historique actuel, où l’ensemble des économies de la planète sont sur le point de plonger dans un long âge des ténèbres, condamnées par leur propre folie, au niveau international.

Les mondes de l’infiniment grand et de l’infiniment petit doivent également être des domaines où prévalent les distinctions expérimentales entre le « vivant » et le « cognitif ». Par « cognitif », nous devons toujours insinuer également la qualité systémique de la « créativité ».

Réaffirmons, au milieu de ces considérations, que le concept d’« esprit » doit être vu comme un principe universel. C’est à ce concept d’« esprit » que sont ensuite intégrés la « certitude des sens » et les principes universels. Ainsi, pour définir le principe physique universel à partir duquel de véritables principes physiques d’économie pourront découler, nous devons appliquer des définitions strictes : la créativité humaine, dont dépend l’existence de l’économie réelle, doit être définie par l’étude des catégories contradictoires de phénomènes, comme cela apparaît dans le domaine de ces principes physiques universels que l’on situe essentiellement dans le domaine artistique classique des pouvoirs créateurs de l’esprit humain, le domaine de la véritable créativité humaine, le domaine des grandes œuvres des dramaturges classiques tels qu’Eschyle et Platon, le domaine des ironies indispensables pour la connaissance humaine.

Donc, comme le montrent les exemples de la découverte de Kepler et la définition de l’univers de Kepler par Einstein – un univers dans un état fini mais sans limites, c’est à travers de tels paradoxes que la connaissance de la vérité peut être gagnée et communiquée. La plus vraie des vérités connaissables est toujours exprimée par une métaphore, dans la forme de « deux ‘réalités’, et plus. »

L’infinitésimal de Leibniz

L’expression « histoire de l’Europe moderne » peut prendre deux sens distincts, les deux étant formellement vrais. Ce qui est ironique. Le sens le plus commun est exprimé par le terme « renaissance », c’est-à-dire la renaissance de la civilisation suite à un « nouvel âge des ténèbres » prolongé. Le sens supérieur correspond à l’attribution du terme « renaissance » à la civilisation européenne moderne, par Nicolas de Cues ; ce sont principalement deux de ses écrits qui ont mis cela en mouvement.

Dans le premier, Concordancia Catholica, écrit en 1433, de Cues définit les fondements du principe de l’Etat-Nation souverain moderne. [20] Dans le second, De Docta Ignorantia, écrit en 1440, il définit la science moderne. D’autres écrits ont suivi, mais ces deux-là exprimaient son intention d’établir les bases dune notion compétente de la science physique européenne moderne ; ces deux écrits instaurent également les fondements sur lesquels l’ensemble de l’œuvre de Cues repose.

Tous les accomplissements significatifs de la science européenne moderne ont reflété, et reflètent toujours les influences d’une connaissance transmise par le courant de pensée représenté par Platon ; ainsi, cette connaissance nous a été transmise d’une période qui date approximativement de la mort d’Eratosthène, et par les disciples proches de de Cues. En effet, elle a été apportée à Florence – principalement par Cosme de Médicis et Nicolas de Cues – depuis les bibliothèques de Byzance, qui n’étaient plus qu’un vestige grec en décomposition. La présentation que Cues fit de sa propre redécouverte de l’ancien principe chrétien du Filioque, lors du concile œcuménique de Florence, est un exemple de l’importance de son savoir.

Le vrai courant de la science européenne moderne prend ses racines à Florence dans le contexte de la politique de Cosme de Médicis et de l’influence de Filippo Brunelleschi, puis s’est fixé, jusqu’à présent, autour de De Docta Ignorantia, l’œuvre de de Cues, qui sera continuée par ses associés et disciples : Luca Pacioli et son héritier intellectuel Léonard de Vinci ; puis Johannes Kepler, dont la contribution révolutionnaire à la science a pris naissance au sein de cercles fortement influencés par Léonard de Vinci ; ce sont les travaux de Kepler qui ont inspiré à Gottfried Leibniz les aspects les plus fondamentaux de ses travaux, et qui en ont fait le principal physicien de son temps.

C’est donc principalement l’influence de de Cues et de son De Docta Ignorantiaqui a posé une nouvelle base au progrès scientifique dans l’économie et dans la culture européennes, et qui a ainsi déterminé la principale caractéristique du progrès économique dans la société moderne. Afin de se faire une idée correcte de ce qui sous-tend le progrès scientifique moderne, nous devons comprendre le caractère fondamental de la contribution de Leibniz – qui prend ses racines dans De Docta Ignorantia– à la science physico-mathématique et aux phases subséquentes de progrès de l’économie physique en Europe. C’est là que se trouve la signification fondamentale de la découverte originale de Leibniz du calcul infinitésimal, qui ne peut pas être compris en tant que principe de mathématiques formel, mais dont la véritable nature est un principe physique, tel que cela était illustré dans De Ludo Globi de de Cues. [21]

Cette découverte de l’infinitésimal, qui est l’expression d’un principe physique créatif, provient directement de la découverte de la gravitation universelle par Kepler. [22]

C’est à partir de ces fondements de la science physique moderne qu’est né ce grand joyau de l’histoire moderne que représente la notion européenne de l’économie d’un Etat-Nation souverain ; bien que cette idée fut lancée en Europe, elle trouve sa meilleure expression dans la république constitutionnelle des Etats-Unis.

La science de l’économie de l’État-Nation

La naissance des États-Unis en tant qu’État-Nation, dont il faut retracer la genèse à partir des développements qui eurent lieu dans la Colonie de la Baie du Massachussetts au XVIIesiècle, est le modèle qui fournit la meilleure approximation du rôle politique fondamental que doit jouer le progrès de la science physique moderne dans le domaine de l’économie politique.

Ce concept trouve son origine dans la suggestion de Nicolas de Cues, et que ses plus proches associés ont mise en œuvre. Cette proposition était basée sur le fait que la civilisation ne pourrait pas réaliser ses objectifs en Europe, sauf si l’on saisissait l’opportunité de franchir les océans. Et il n’était même pas assuré que la civilisation serait protégée par la distance, étant donné l’état de décadence tenace en Europe, dans le futur proche qui se dessinait alors.

Christophe Colomb, informé et inspiré par le projet du défunt Nicolas de Cues, avait adopté dès 1480 la mission visant à lancer une expédition à travers l’Atlantique vers les terres d’un nouveau continent. C’est par les associés de de Cues encore en vie que Colomb avait été informé de l’existence probable d’une telle destination, connue aujourd’hui sous le nom des « Amériques ». [23]

Les conséquences malheureuses entourant la découverte de Christophe Colomb en 1492 sont à attribuer au fait que l’Espagne et le Portugal allaient bientôt passer sous le règne de l’empire Habsbourgeois, et que la dynastie des Habsbourg était sous l’influence des intérêts monétaristes vénitiens, aujourd’hui représentés par les intérêts impérialistes britanniques associés au groupe financier Inter-Alpha, fondé en 1971 par Lord Jacob Rothschild et dominant aujourd’hui largement l’Europe et les Amériques. Le mauvais sort qui frappa l’accomplissement de Colomb fut causé par le lancement, par les intérêts Habsbourgeois contrôlés depuis Venise, des guerres intestines et religieuses ayant dominé la période 1492-1648. [24] Ainsi, les échecs successifs de chaque entreprise visant à développer des formes modernes de civilisation en Amérique jusqu’en 1620 furent la conséquence des tentatives par les Habsbourg de maintenir la destinée des régions du nouveau continent entre leurs mains. Les problèmes qui se sont développés au sein de larges portions de la communauté catholique en Europe, dans les Nations soumises à l’empire des Habsbourg, reflètent cet aspect du contrôle vénitien sur la période 1492-1648, qui a persisté jusqu’à nos jours sous la forme du libéralisme anglo-hollandais.

Je veux mettre ici en évidence le fait que le développement réussi de la Colonie de la Baie du Massachussetts, combiné à la résurgence de cet héritage au cours du VXIIIe siècle – comme l’avait montré Graham Lowry dans How the Nation Was Won, a permis l’établissement de la Constitution fédérale des Etats-Unis ; ces développements fructueux sont à mettre en contraste avec les échecs survenus en Europe, dus au fait que les cultures d’alors étaient emprisonnées dans une matrice opposée au processus ayant conduit à la fondation et au développement des États-Unis.

Notamment, le développement des États-Unis, depuis 1620 jusqu’au 14 septembre 1901 [25], a principalement été l’expression d’une certaine culture européenne, qui avait pris corps au sein des jeunes États-nations européens. Les États-Unis étaient différents de par le large degré de liberté par rapport aux griffes oligarchiques opprimant les systèmes politiques et sociaux européens.

Les immigrants européens qui se rendaient aux États-Unis assimilaient rapidement la culture politique caractérisant l’Amérique du Nord et se trouvaient libérés du piège social de l’oligarchie européenne.

Lafayette, par exemple, qui fut un grand héros sur le sol américain lors de la guerre d’indépendance, a perdu ce qui avait fait sa qualité d’engagement dès qu’il est revenu dans la matrice oligarchique toujours hégémonique en Europe, comme en témoignent les événements de l’été 1789 et de la révolution de 1830. Cette différence de comportement est un phénomène qui peut être assimilé à l’« effet de masse » tel que Shelley l’a identifié dans les derniers paragraphes de En défense de la poésie. Notre Constitution fédérale définit précisément cette distinction.

V. LA LOI : SCIENCE VS COUTUMES

Si on la considère telle qu’elle s’exprime sur cette surface des choses rencontrant l’ombre projetée de la réalité, l’économie physique revêt les caractéristiques suivantes.

Dans la tradition transatlantique jusqu’à maintenant, l’on rencontre différentes qualités caractéristiques de la loi - souvent peu compréhensibles, s’exprimant sur la surface visible du processus économique. Il peut sembler curieux pour certains que ce principe supérieur de loi universelle devant être adopté par toute nation doive reposer sur la notion spécifique d’un principe véritable devant gouverner le rôle prescrit à l’homme et à la femme dans l’univers ; une notion exprimée dans le chapitre premier du livre de la Genèse.

De telles distinctions essentielles furent exprimées dans la Déclaration d’Indépendance et la Constitution fédérale des Etats-Unis, et elles furent défendues par le Président George Washington et son Secrétaire au Trésor Alexander Hamilton, leur engagement trouvant ensuite écho sous les présidences de James Monroe et John Quincy Adams. [26]

En ce qui concerne le livre de la Genèse, je dois toutefois avertir le lecteur qu’il ne doit pas confondre la qualité du premier chapitre avec celle d’autres passages du même livre : il est évident que certains chapitres postérieurs ont été l’oeuvre de syncrétismes liés à ces perfides créatures telles que celle ayant colporté la fable babylonienne d’« Adam et Eve », et qui intégrèrent de longs morceaux de ce qui était bien connu comme d’affreux non-sens mésopotamiens et autres dans les textes révisés des savants hébreux détenus en captivité. [27]

De manière similaire, une grande partie de ce que l’on considère comme aspects moralisateurs de la loi aux Etats-Unis et en Europe aujourd’hui a été infestée par la doctrine misérable d’Adam Smith, particulièrement depuis la mort du Président Franklin Roosevelt ; et malgré le fait que l’héritage de la loi constitutionnelle aux Etats-Unis ait été dépecé, mutilé et violé, cet héritage demeure non seulement supérieur à toute autre forme de culture politique nationale, cultures européennes comprises, mais il pourrait être réhabilité par une administration présidentielle appropriée, fidèle à l’intention d’origine.

De même, beaucoup de ce qui nous est imposé dans les Etats-Unis d’aujourd’hui comme doctrine n’exprime pas pleinement, et viole même souvent, les notions systémiques de loi défendues par la Déclaration d’Indépendance et la Constitution fédérale. Nous sommes victimes aujourd’hui d’importantes corruptions dans notre loi, corruptions liées à l’influence héréditaire de ce qui est notre principal ennemi d’origine jusqu’à aujourd’hui, l’Empire britannique de Lord Shelburne et associés, telle qu’elle nous fut imposée par les agents de la Compagnie britannique des Indes orientales.

Il y a eu, par exemple, le rôle corrupteur de cet agent britannique et véritable traître que fut Aaron Burr, ce même Burr qui fonda explicitement, pour le compte de la Compagnie britannique des Indes orientales et du British Foreign Office, la Banque de Manhatan. L’influence de Burr s’est ensuite manifestée dans les décisions du Président Andrew Jackson, qui ferma la Banque nationale américaine. Une décision de ce type fut plus récemment mise en oeuvre par Alan Greenspan qui commença, dès 1984, à faire campagne contre la loi Glass-Steagall pour le compte de J.P. Morgan, et ce dans la même volonté perfide de détruire l’économie américaine. Tout comme dans le cas de la « Panique de 1837 », associée à la présidence de Martin van Buren, une escroquerie qui avait été introduite quelque années plus tôt par le pantin de Buren et de Wall Street, le Président Andrew Jackson.Ce que je suis en train de présenter dans ce chapitre sera à considérer par la suite avec grande attention comme l’ébauche de ce qui doit être un perfectionnement, tout à fait nécessaire et absolument dû, de la conception américaine de la loi constitutionnelle. C’est à cette fin que je retrace dans ce chapitre la genèse de notre république, depuis les germes de la mission des fondateurs de la Colonie de la Baie du Massachussetts, avec sa charte originelle, puis les cercles de Benjamin Franklin également, et ses associés tel que le Secrétaire au trésor Alexander Hamilton, puis le Secrétaire d’état et le Président John Quincy Adams, et enfin, plus tard, les présidences d’Abraham Lincoln et de Franklin Roosevelt.

Ce qui précède ne devrait pas être perçu comme une obligation à laquelle il faudrait se conformer comme pour le cas d’un contrat : la question est de définir et de défendre un principe de gouvernement sur lequel repose la continuation de l’existence de la civilisation, aujourd’hui et pour les siècles à venir. Cela suppose l’élimination de tous ces précédents ayant égaré la politique des Etats-Unis dans les folies qui ont, à un degré croissant, dominé les choix politiques durant la plupart des administrations qui se sont succédées, tout au long de la période qui a suivi celle du Président Franklin Roosevelt. Nous devons essentiellement débarrasser la politique nationale des effets corrupteurs des influences monétaristes européennes, qui ont sévi la plupart du temps depuis le départ de présidents tels que Georges Washington, John Quincy Adams, Abraham Lincoln, William McKinley, Franklin Roosevelt et John F. Kennedy. [28]

Ma principale contribution, afin de ré-inspirer notre Nation pour son propre avenir, est caractérisée par ma détermination à briser l’étau du monétarisme ; cela est possible en faisant un grand pas en avant – qui constitue également un retour – et en déclenchant d’urgentes et nécessaires mesures pour assurer un progrès pour les générations futures ; un progrès que l’on ne pourra pas réaliser sans s’appuyer sur les fondements établis par Franklin Roosevelt.

Cela est en train d’être accompli par des actions que je suis en train de mener qui sont destinées à nous libérer de la soumission à ces relicats économiques de pratiques d’usure vénitiennes et britanniques ; ces dernières ayant peu à peu accru leur forme ruineuse de contrôle sur nous, à travers une action comme l’assassinat de Président John F. Kennedy, qui représentait un obstacle à la mise en place d’une politique dictatoriale britannique de guerre en Indochine. Cette subversion de notre république, par les Britanniques et leurs alliés, s’est caractérisée par les erreurs des présidents ayant suivi Kennedy, qui ont montré qu’ils étaient les complices des plans de nos adversaires impériaux britanniques : des présidents tels que Richard Nixon, Jimmy Carter, les deux Georges Bush, et l’actuelle marionnette britannique Barack Obama.

La légitimité de ces questions est suffisamment appuyée par les faits projetés sur la surface commune de l’histoire et de la science physique.

Bien que ces considérations définissent mes intentions, mises en avant depuis le début de cette publication, elles ne pourraient être présentées de manière politiquement efficiente sans se concentrer particulièrement sur la question de la science de l’économie physique, que j’ai abordée dans les chapitres précédents. Cela va au cœur même de la notion d’une science de la loi naturelle, la notion d’un corps de « loi naturelle » fondée sur la distinction absolue de ce qui constitue la véritable nature humaine, se rapportant directement aux pouvoirs créateurs propres à l’humanité, et qu’aucune autre espèce vivante connue ne possède [29].

Ces efforts visant à détruire systématiquement la civilisation moderne de la renaissance européenne et du Traité de Westphalie de 1648, et plus spécifiquement depuis les morts successives de Roosevelt et de Kennedy, avec les conséquences considérables qui s’en sont suivies, peuvent être tracés comme un genre d’épidémie millénaire contaminant la civilisation européenne, et correspondant aux avertissements prophétiques d’Eschyle dans son Prométhée enchaîné , fait historique que je souligne dans ce chapitre.

La science et l’économie politique

Nous allons maintenant redéfinir comment doit se concevoir une économie à l’échelle de notre planète, sous la forme d’un résumé concis des arguments énoncés dans les chapitres précédents.

1er principe : L’univers physique dans lequel habite l’humanité est, de même que les pouvoirs créateurs de l’esprit humain lui-même, et contrairement au mythe frauduleux de la « croissance économique zero », essentiellement basé sur un principe néguentropique de développement illimité des forces productives du travail, par tête et par kilomètre carré de territoire.

2nd principe : Limiter l’existence de l’humanité à un niveau approximativement fixe de qualification du travail est entropique, et est donc également immoral. L’existence de l’humanité repose, quelque soit le niveau de la population, sur sa capacité à engager des changements anti-entropiques dans la qualité des comportements au sein de la société.

3e principe : L’action anti-entropique requise doit tendre vers un accroissement net de la productivité physique de la société par tête, mesuré en terme des besoins physiques humains. La principale corrélative à cet accroissement est caractérisée par l’accroissement net de la densité de flux énergétique, que l’on exprime en « puissance », par tête et par kilomètre carré du volume de territoire occupé par la société humaine. Cela est illustré par le progrès accompli depuis la simple action de brûler des déchets jusqu’à l’utilisation de ressources comme le bois, le charbon de bois, le charbon, le « gaz naturel », le pétrole, la fission nucléaire, la fusion thermonucléaire contrôlée, et les réactions matière/antimatière contrôlées.

4e principe : Cela requiert un engagement de principe pour garantir une augmentation continue du niveau culturel et physique de la population, ainsi que l’augmentation fructueuse de son espérance de vie.

5e principe : Cela requiert également une élévation de la qualification du travail humain, depuis une dépendance relativement moindre par rapport à l’activité « physique » de l’homme, vers des niveaux relativement supérieurs de travail « artificiel » ; cette orientation s’exprimera de plus en plus par des formes qualitativement plus avancées de travail productif, liées à l’accroissement de la qualité des standards dans la science physique et la culture classique.

Ce principe de progrès est déjà exprimé par la transition d’un mode d’organisation social à un autre, à travers une augmentation de la densité de flux énergétique par tête, et à travers l’augmentation de l’intensité en capital dans les modes de production de la société.

Ainsi en est-il des transitions depuis le mode de développement maritime, transocéanique,, vers les voies navigables à l’intérieur des continents, puis les transports à grande vitesse par rail, et vers les transports interplanétaires des hommes et de des biens.

Le progrès de l’homme dépend de sa capacité à maîtriser des forces constamment plus grandes que lui-même, pouvant ainsi atteindre des lieux reculés du Système solaire et de la Galaxie, et contribuer ainsi au processus illimité d’expansion et de développement anti-entropique – « fini mais illimité » – de l’univers dans son ensemble.

6eprincipe :L’aspect essentiel de l’économie doit donc être le développement qualitatif du rôle de l’homme en vue de d’aménager des parties de plus en plus grandes de notre système planétaire (et au-delà), comme s’il s’agissait de l’habitat terrestre.

7e principe :La valeur adéquate des biens et des salaires qui y sont liés, par tête et par kilomètre carré, doit refléter de manière approximativement juste les six principes précédents. L’humanité existe à l’image du Créateur de l’univers ; ses besoins et ses œuvres, qu’elle réalise dans la joie, reflètent son destin à vivre à l’image du Créateur, comme cela est implicite dans l’étude de l’académicien soviétique V.I. Vernadsky, supposant un univers composé des trois phases qualitatives telles que la lithosphère, la biosphère et la noosphère.

Dans ce contexte, considérons maintenant quelles doivent être les règles nécessaires pour l’utilisation d’un système de monnaie.

Le système de crédit

Les spécifications précédentes définissent implicitement la méthode qu’il faut adopter pour sauver le monde de l’effondrement global en cours ; cette crise atteint bientôt une condition limite terminale pour la survie de l’économie physique, et elle peut très bien se manifester par un effondrement financier général cet été même.

Les relations fonctionnelles au sein de l’économie ne peuvent pas être correctement définies selon des catégories séparées en tant que telles, mais plutôt comme un système complexe et dynamique, en cohérence avec la définition révolutionnaire que Gottfried Leibniz en avait fait en 1690, ou avec l’ancienne notion platonicienne de dynamis, associée au dialogue Le Parménide.

Par conséquent, le seul mode compétent d’économie financière est celui défini par un système monétaire à taux de changes fixes. Cela est nécessaire pour assurer la discipline interne de l’économie sociale de chaque État-Nation souverain ; c’est également nécessaire au sein d’un système de coopération mutuelle entre les économies des Etats-Nations souverains. Toutefois, le système monétaire – même un système à taux de changes fixes entre Nations souveraines – n’est pas ce qui détermine réellement la « valeur » économique, mais est plutôt un genre de repère permettant d’estimer le progrès relatif du système économique dans son ensemble.

Le modèle de référence pour élaborer un système compétent d’économie nationale est celui du Massachussetts, où la monnaie scripturale, le Pine Tree schilling, avait été établie comme un système de crédit, une pratique qui avait pu continuer jusqu’à ce que les britanniques abrogent la charte de la Colonie.

Les principes sous-jacents au système de la Colonie de la Baie du Massachussetts sont réapparus dans le fameux système de Banque Nationale établi par le Secrétaire au trésor américain Alexander Hamilton, un système opérant selon les principes de la Constitution en utilisant la Banque Nationale comme un instrument souverain ; c’est en accord avec cette approche que le président Franklin Roosevelt avait mis en place ses réformes, et avait conçu le système de Bretton Woods d’après-guerre, à taux de changes fixes, se basant sur les mêmes principes, exprimés par la loi Glass-Steagall.

La signification de Glass-Steagall

Je répète : dans un système économique sain, l’argent n’a pas de valeur intrinsèque. Il ne constitue pas une mesure adéquate de la valeur, mais une garantie sur le choix d’un contrat. Le corollaire à cela est que l’argent est traité comme une bonne estimation de la valeur de la production des biens et services.

La valeur relative adéquate ne peut pas être établie à partir du produit ou de l’acte de production en tant que tel, mais à partir de la valeur relative du produit considéré dans l’ensemble du processus économique de la Nation – ou d’un groupe d’États-Nations souverains considérés comme un ensemble dynamique – en accord avec la définition originale de Gottfried Leibniz.

Le fait que tant de gens aient été induits à considérer l’argent comme une référence primaire de la valeur économique montre qu’ils sont victimes d’une forme d’illusion populaire, et souvent même mortelle.

Cela ne veut pas dire que la détermination des prix soit totalement dénuée de raison. Par exemple, si le prix payé pour la production et la distribution est relativement inférieur au coût de reproduction du bien en question, alors la conséquence physique sera l’usure des pouvoirs productifs du travail. L’objectif sous-tendant tout système social de fixation des prix, pour les biens produits comme pour les services essentiels, doit donc viser à accroître les capacités physiques et sociales de reproduction de la société, vue comme un effet lié à un processus physique déterminé.

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« Au sein d’un système économique sain, l’argent n’a pas de valeur intrinsèque. » Le Pinetree shilling (à gauche) de la Colonie de la Baie du Massachussetts, au 17ème siècle, fut un modèle de système de crédit, à l’opposé d’un système monétariste, tel que nous l’avons aujourd’hui

Cette notion d’effet physique doit être considérée à la lumière des sept principes que j’ai précédemment identifiés, définissant un système d’économie physique anti-entropique. D’ailleurs, ces considérations ne sont pas inconsistantes avec l’approche sous-jacente du Secrétaire au trésor Alexander Hamilton, dans son rapport Au sujet des manufactures.

L’argument de ce chapitre se clarifie lorsqu’on compare le système d’économie politique américain avec le système prédateur de son adversaire, ce système impérial britannique qui prend ses racines dans le caractère irrationaliste du dogme soi-disant « libéral » de Paolo Sarpi, et de son adepte Adam Smith.

J’ai déjà implicitement abordé ce sujet plus tôt dans cet écrit ; mais il est important, dans un but pratique, qu’il soit considéré à la lumière de tout ce qui a transpiré au de ce rapport.

L’empire de la déraison

A une certaine période de l’histoire européenne, bien avant les guerres du Péloponnèse, la civilisation européenne venait au monde sous la forme d’une culture méditerranéenne maritime, implicitement impérialiste ; elle est apparue comme un reflet des accomplissements de l’ancienne civilisation égyptienne. L’image de ce développement se retrouve dans L’Iliade et l’Odyssée d’Homère à travers le personnage d’Athéna, ainsi que chez d’autres auteurs de la littérature grecque classique. Pour le lecteur anglophone, la traduction géniale de l’oeuvre d’Homère par Chapman, un chef-d’oeuvre d’exaltation et d’élégance, sera un véritable plaisir pour ceux qui aiment ces interprétations des drames où l’on joue « derrière le masque » comme dans les pièces d’Eschyle. [30]

La trilogie d’Eschyle, Prométhée, met en scène le pire aspect de la culture maritime grecque ancienne, sous la forme de Zeus, le Dieu olympien. Plus tard, durant l’époque romaine, l’historien Diodore de Sicile avait également montré cela. Aristote parle de cette trilogie du Prométhée d’Eschyle, mais du point de vue de son propre penchant pour une société dans laquelle « la connaissance de l’utilisation du feu » (c’est-à-dire la créativité humaine) est interdite à une population qui, réduite à l’état de quasi-esclaves, doit se soumettre au règne d’une oligarchie olympienne. [31]

Cette conception d’Aristote, l’ennemi de Platon, a ensuite été dénoncée par l’associé de l’apôtre chrétien Pierre, le philosophe juif Philon d’Alexandrie, lorsqu’il a réfuté l’affirmation, faite par Aristote, selon laquelle le Créateur aurait perdu sa capacité à créer dès lors que l’action initiale de création de l’univers avait été terminée. Durant l’époque romaine, cet argument avancé par Aristote a trouvé une expression sous la forme de notions telles que l’« apriorisme », qu’Euclide avait déjà adopté pour sa géométrie aristotélicienne.

Le développement de l’homme et l’infrastructure

Pour des raisons déjà énoncées précédemment, la tendance naturelle des peuples et des Nations à basculer dans la décadence, ne peut être évitée que par l’accroissement continu des pouvoirs productifs du travail, par tête et par kilomètre carré. Les pré-conditions d’un progrès net de la société dépendent, d’une part, de l’amélioration des qualifications liées aux pouvoirs productifs intellectuels du travail et à la culture « classique » d’une part et, d’autre part, de la qualité du socle de la société, représentée par le développement qualitatif de l’infrastructure économique de base. L’effet combiné de ces deux éléments cruciaux de progrès est l’accroissement du pouvoir de l’espèce humaine au sein de l’univers dans son ensemble.

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La culture classique est la pré-condition pour le développement des forces productives du travail, et donc pour l’accroissement du pouvoir de l’espèce humaine au sein de l’univers. Ci-dessus : la célèbre Thomanerchor de leipzig, en Allemagne

©Gert Mothes

Comme je l’ai montré au cours de cet écrit, en développant les moyens grâce auxquels on peut assurer un progrès qualitatif de l’esprit humain, le progrès continu des accomplissements de l’humanité dépend d’une évolution constante dans notre conception de la nature humaine, depuis la croyance aveugle et bestiale dans ce qu’on appelle « la certitude des sens » jusqu’à la notion d’une personnalité consciemment créative, qui regarde la croyance en la perception sensorielle comme le reflet de l’image bestiale que l’homme se fait de lui-même. L’homme et la femme doivent reconnaître que leur identité, ainsi que le pouvoir de leur propre espèce, se situent essentiellement dans le domaine de la créativité, au-delà des perceptions sensorielles, comme j’en ai présenté différentes images dans les chapitres précédents.

Avec l’avènement de la découverte du principe scientifique de la chimie physique, établissant que l’univers de référence de la science physique de l’économie se situe au sein d’un univers conçu comme un domaine de radiations cosmiques, une image de l’homme et de la femme nous apparaît, telle qu’elle était célébrée dans le premier chapitre du Livre de la Genèse. Ce pas en avant nous fera pénétrer dans l’antichambre de la découverte tant attendue de la véritable nature de l’espèce humaine et de sa destinée.

C’est donc à travers la conscience pratique de cette véritable relation entre l’humanité et l’univers en expansion que les raisons d’un grand progrès dans le rôle joué par l’humanité dans l’univers nous apparaissent plus clairement, avec une perspective scientifique et culturelle classique.

Cette connaissance, de même que l’engagement intime que cela implique, doivent être ce qui motive la volonté de sortir l’humanité de la situation actuelle, celle d’un monde plongeant dans la plus grande période de décadence de l’histoire sociale et intellectuelle que l’humanité n’ait jamais connue.

Notes :

[1] Par exemple, là où les jeux spéculatifs sont interdits.

[2] La conception contraire de l’économie, dont le système libéral britannique tel que les disciples de Paolo Sarpi l’a enseigné à Karl Marx au British Museum, dénigre toute existence de principe physique connaissable dans l’économie, si ce n’est la doctrine statistique et infantile – post hoc, ergo propter hoc – de l’école impérialiste d’Adam Smith et Jeremy Bentham.

[3] Le calcium, le fer et le cuivre sont caractéristiques de ce dont nous parlons ici relativement à la chlorophylle.

[4] Par exemple, c’est à travers l’action des processus vivants que la Biosphère de Vernadsky fournit une part importante des soi-disant « minerais » que la société va pouvoir récolter.

[5] Ce que votre expert-comptable n’a jamais compris. “The Secret Economy”, EIR, May 28, 2010.

[6] La légitimité du terme « âme » deviendra plus claire dans la suite de ce chapître. Je ne me suis pas permis des libertés arbitraires pour exprimer mes propos.

[7] L’attribution de la découverte de la gravitation à Isaac Newton a toujours été une fraude, et cela était connu parmi les scientifiques compétents de l’époque de Newton ; mais ces évidences ont été précieusement mises de côté par certains cercles de la cour à Londres. Bien que toutes les tentatives d’attribution des découvertes de principe à Newton aient été réfutées au début du XIXe siècle, le mythe de Newton créé par l’abbé Antonio Conti persiste encore aujourd’hui– sur plusieurs questions comme la gravitation – comme un genre de religion païenne, parmi des scientifiques lâches et soumis, même si certains sont accomplis par ailleurs. Parmi ces derniers, la pire des escroqueries est celle perpétrée par les disciples de Bertrand Russell et par l’International Institute for Applied Systems Analysis (Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués), créé par les cercles de Russell et de Cambridge.

[8] Laplace et son complice Augustin Cauchy sont venus remplacer Gaspard Monge et Lazare Carnot à l’Ecole Polytechnique, sous le contrôle du Duc de Wellington, l’administrateur britannique de la France occupée de l’époque (après la restauration).

[9] Par exemple, les fraudes contre la science aussi bien que contre l’humanité, comme l’actuelle promotion de la loi Cap and Trade aux Etats-Unis, colportée auprès des dupes d’aujourd’hui.

[10] H. Graham Lowry, “How The Nation Was Won”, livre publié en 1987 par EIR (Executive Intelligence Review).

[11] Je m’en remets pour cela aux compétences de ma femme ; mais les faits présentés ici sont vrais.

[12] Je saisis ici l’occasion de dénoncer les pratiques méprisables, dans le théâtre contemporain, qui consistent à adopter des costumes modernes au lieu des costumes historiques. La déformation de l’œuvre de Shakespeare par ce type d’anachronisme, comme dans le Mercury Theater d’Orson Welles, est typique de ce genre de théâtre où l’on déguiserait les acteurs d’une scène hivernale dans l’Arctique en nudistes. Le spectateur doit pouvoir estimer mentalement la distance qui sépare les temps et lieux dans lesquels il vit habituellement, des temps et lieux de la pièce historique.

[13] David Shavin, “The Musical Soul of Scientific Creativity : Rebecca Dirchlet’s Development of the Complex Domain”, EIR, June 11, 2010, and Michelle Rasmussen, “Robert and Clara Schumann, and Their Teacher, J.S. Bach”, EIR, June 18, 2010.

[14] Dans les circonstances actuelles, nous devons nous attendre à ce que certains membres du Sénat ne soient pas réélus.

[15] Les travaux de Quesnay étaient comme pilotés par l’influence indirecte du charlatan vénitien qu’était l’abbé Antonio Conti. Conti avait, de concert avec son laquais Voltaire, lancé le culte anti-leibniz du XVIIIe siècle, suite à la mort de Leibniz en 1715. La doctrine sociale de Quesnay était fondée sur la présupposition que, puisque les serfs paysans n’étaient qu’une forme de bétail, seuls les pouvoirs miraculeux du noble propriétaire des terres sont la source de revenu légitime dans la société.

[16] A l’époque de la paix de Paris de 1763, Adam Smith a été recruté comme agent d’espionnage au service de Lord Shelburne et de son tout jeune Empire de la Compagnie Britannique des Indes Orientales. La mission de Smith était d’espionner certains cercles dans les colonies anglaises en Amérique, et aussi en France. A cette fin, Smith réussit à se mettre lui-même au service de Turgot, et à plagier des passages entiers d’un manuscrit que Turgot était en train d’écrire, pour ensuite publier sa « Richesse des Nations » en 1776.

[17] En conséquence de la destruction et de la dégradation des économies et cultures de la zone transatlantique depuis 1968, la capacité à envoyer des missions habitées dans l’espace a été perdue pour plusieurs générations, et ce depuis les années 1980. Il faudra deux générations pour ramener les économies transatlantiques et le potentiel de leurs forces de travail au niveau de compétence qui existait encore dans les années 1980.

[18] Ces sujets sont les domaines propres à certains de mes associés, qui ont et auront plus à en dire en des occasions appropriées.

[19] Bernhard Riemann, “Ueber die Hypothesen, welche der Geometrie zu Grunde liegen” ; “III : anwendung auf den Raum.” Bernhard Riemann, “gesammelte Mathematische Werke” (Editions Heinrich Weber) 1902, p. 283-286.

[20] Bien que Concordancia Catholica traitait de la crise de l’organisation au sein de l’église catholique de l’époque, cette œuvre a également joué un rôle très important pour établir la conception européenne moderne de l’Etat-Nation républicain. La manière dont le sujet du meurtre judicaire de Jeanne d’Arc a attiré l’attention du Concile est notable ; la France de Louis XI et l’Angleterre d’Henry VII en sont également des reflets.

[21] De Cues avait conçu un jeu, à l’opposé de von Neumann et Morgenstern, auquel j’ai eu la chance de jouer dans le cadre approprié d’un cloître à Bernkastel-Kues, en Allemagne.

[22] Kepler avait posé deux défis aux « futurs mathématiciens ». Le premier était la découverte du calcul infinitésimal, et il fut principalement résolu par Leibniz. Le second était le développement du concept des fonctions elliptiques, qui fut finalement attribué aux contemporains de Carl F. Gauss.

[23] Comme dans certains autres exemples de l’antiquité, les conseillers de Christophe Colomb, dont certains collaborateurs de de Cues, s’appuyaient principalement sur les travaux d’Eratosthène, et notamment son estimation assez juste de la taille de la planète Terre et de la distance de l’arc d’Alexandrie à Rome. La façon de penser d’Archytas – qui avait résolu le problème du doublement du cube – et de son associé Platon, est des plus utiles si l’on veut aborder les œuvres du génie Eratosthène de Cyrène.

[24] Par exemple, ce fut cette même Venise qui orchestra la division de l’Europe durant les guerres de religions de 1492 à 1648, à travers le contrôle direct exercé sur le boucher connu comme le roi Henry VIII d’Angleterre ; ces développements allaient conduire par la suite à l’impérialisme libéral anglo-hollandais dominant le monde actuel.

[25] L’assassinat du président patriote McKinley, le 1er septembre 1901, par un homme amené d’Europe dans ce but, a conduit à la présidence américaine le vice-président Théodore Roosevelt, neveu et protégé d’un ancien dirigeant des services secrets de la confédération : un sous-produit ironique de la controverse Hayes-Tilden, suite aux élections de 1876, représentatif d’une tendance récurrente à la tentative de réconciliation entre patriotes et anciens confédérés. Le remplacement du patriote McKinley par Theodore Roosevelt fut un renversement de politique qui mena à la Première guerre mondiale, en raison du fait que Theodore Roosevelt était un lécheur de bottes de l’impérialisme britannique. Ce changement devint clair lors des « accords négociés » à Portsmouth, dans le New Hampshire, en faveur d’une alliance britannique avec le Japon contre la Russie. Il fallut attendre l’élection de Franklin Roosevelt pour que soit rétabli l’héritage patriotique d’Abraham Lincoln.

[26] Jefferson fut dans l’ensemble un président très médiocre. Madison souffrait des effets de son mariage avec une femme nommée « Dolly » qui, comme Tony Chaitkin l’a rapporté, avait été choisie lors d’un arrangement par le traître patent Aaron Burr, le fondateur de la Bank de Manhattan. A ce moment comme au cours de la période qui suivie, Aaron Burr était un agent à la solde de Jeremy Bentham, lui-même embauché par Lord Palmerston, qui dirigeait alors les services secrets du British Foreign Office qu’il avait créé ; Bentham est celui qui avait supervisé l’orchestration de ce qui devint la terreur jacobine, de même que, par la suite, la sélection de Napoléon Bonaparte comme agent britannique implicite ; ce dernier plongea l’Europe continentale dans une nouvelle guerre de sept ans, et par sa folie sanguinaire ravagea le continent européen par le meurtre et le pillage, laissant en ruine les nations au moment de sa défaite à Waterloo et du pacte entre Londres et les Habsbourg à Vienne. Les britanniques ont toujours régné grâce à des Napoléons.

[27] Certains protesteront peut-être contre cette correction, mais le caractère urgent de cette question requiert de retrouver le véritable héritage de Moïse, libéré des obscénités babyloniennes.

[28] L’administration William Clinton a eu de positif qu’elle a retardé un grand nombre de dégâts qui auraient été perpétrés sous une seconde administration George H.W. Bush ; Clinton tenta également de faire face à la réaction en chaîne de l’effondrement de 1998, liée à la spéculation sur les bonds russes ; mais ces efforts ont été contrebalancés par l’équipe de la vice-présidence d’Al Gore, et par la menace persistante de destitution poussée par Wall Street et Londres. Les pressions d’Al Gore pendant le second mandat de Clinton, en particulier lorsque j’avais incité l’administration Clinton, en 1996, à engager une coopération avec d’importantes personnalités russes, furent une lourde menace envers chaque tentative de développement rationnel dans les relations économiques entre les Etats-Unis et la Russie.

[29] Je dirais que si nous prenons en compte les implications de ce que j’ai précédemment écrit sur les relations entre les ombres que sont les perceptions sensorielles et la réalité substantielle, l’on ne peut pas ne pas considérer comme probable l’existence d’une intelligence d’une qualité similaire à celle de l’homme mais sous une autre forme de vie, en tant qu’expression différente d’êtres créateurs vivant dans des conditions planétaires différentes. C’est déjà implicite dans le fait que la vie soit un phénomène universel, comme un principe du domaine des radiations cosmiques universelles.

[30] Je me réfère ici à mes remarques précédentes concernant une appréhension appropriée des principes du drame.

[31] Remarquez notamment la propension prétentieuse des oligarques britanniques à se considérer eux-mêmes comme de véritables dieux païens, tels les dieux de l’Olympe dépeints par Eschyle, tandis que la population britannique, généralement bienveillante, est largement induite à se comporter et à penser comme du bétail plutôt que comme des êtres humains.