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Ca chauffe en Irlande !

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(Nouvelle Solidarité) – Hier matin lors d’une interview sur la chaîne publique irlandaise RTE, le Président du Sinn Fein, Gerry Adams, a déclaré que son parti se présenterait aux prochaines élections [*] non pas pour proposer une simple négociation du plan de renflouement imposé par l’UE, la BCE et le FMI, mais pour obtenir du peuple le mandat pour l’annuler entièrement. Le parti de l’indépendance irlandaise, dont les intentions de vote ont doublé depuis l’annonce du plan, se distingue ainsi des tièdes que sont le Fine Gael et le Parti travailliste, les deux principaux partis d’opposition.

« Il ne s’agit pas de renégocier les plans de renflouement mais de revenir totalement sur ces politiques qui ont donné le pouvoir à des gens extérieurs qui veulent contrôler l’Etat dans l’intérêt du système euro plutôt que de l’Irlande (…) Les citoyens irlandais n’ont absolument aucune responsabilité vis-à-vis des dettes contractées par les banques privées (…) il faut couper le lien établi entre dette souveraine et dette des banques », a-t-il déclaré, expliquant que l’Etat devrait simplement se débarrasser de l’Allied Irish Bank et des autres banques toxiques, et les laisser se débrouiller. Évidemment, les journalistes ont tenté de refroidir ses ardeurs en lui rappelant qu’il faudrait que le Sinn Fein se mette à « l’art du compromis » sur ces positions afin de pouvoir participer à une coalition gouvernementale, et Gerry Adams leur a rétorqué : « Je pense que la politique est l’art de faire l’impossible ! »

A l’écoute des propos tenus par le chef du Sinn Fein, l’économiste américain Lyndon LaRouche, tête de file des patriotes rooseveltiens outre-atlantique, a déclaré : « Il a raison, pas de renégociation ! Pas de compromis sur Glass-Steagall ! »

En France, le candidat présidentiel Jacques Cheminade a souligné que le mécanisme de renflouement pour l’Irlande, devant servir de modèle pour le reste de l’Europe, « implique un transfert de souveraineté, en faveur d’un trio constitué par la Commission, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, qui exercent leur tutelle pour assurer une « conditionnalité stricte » de l’assistance financière. Il s’agit de la constitutionnalisation du pouvoir en faveur d’instances non élues sur les gouvernements, les élus et les citoyens. »

Les syndicats irlandais seraient sur le point de lancer une mobilisation nationale contre ce plan d’austérité assassin. Le syndicat UNITE (60 000 adhérents) a présenté à l’intersyndicale irlandaise (ICTU) une proposition de grève générale, pas dans le simple but d’exprimer la colère contre l’austérité, a expliqué son secrétaire général Jim Kelly, mais pour préparer les élections anticipées en envoyant un message très fort aux politiques sur ce que doit être la politique économique du prochain gouvernement. A savoir : aucune baisse des dépenses publiques, un plan d’investissement public pluriannuel de plusieurs milliards d’euros, et laisser les banques et leurs actionnaires se débrouiller, pas le peuple, avec leurs pertes. « Nous devons nous assurer que notre base soit mobilisée pour faire en sorte que le nouveau gouvernement adopte une politique radicalement différente. Nous devons être au coeur d’un mouvement social représentant l’intérêt commun et rejetant l’idée que les banquiers et les élites politiques savent mieux que les autres (…) Nous devons faire entendre une voix alternative collective et recourir à des actions à grande échelle pour montrer la force de notre engagement pour un avenir meilleur pour l’Irlande que ce qui est possible sous les politiques actuelles. »

Le secrétaire général de l’ICTU, qui représente un million de travailleurs, a appelé à une rencontre des dirigeants syndicaux le 27 janvier, afin d’élaborer un plan d’action. Selon des sources syndicales, il ne s’agit pas d’organiser une simple journée de grève, mais une véritable campagne pour que le mouvement atteigne d’autres couches de la population, y compris les associations locales et nationales.

La City n’a qu’à bien se tenir et les Irlandais adopter ouvertement le remède Glass-Steagall. Soutenons-les en faisant de même ici !

Notes :

[*] Une élection générale anticipée a été annoncée en novembre par le gouvernement, pour mieux faire passer le plan de renflouement et d’austérité en décembre. Promise pour janvier, aucune date n’a été fixée pour l’instant…