Editorials of / Editoriaux de Gilles Gervais
Afghanistan
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La guerre en Afghanistan : un piège britannique

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« Le pire ennemi de l’humanité, et le plus persistant, demeure le monétarisme qui est un système intrinsèquement impérialiste. L’emprise quasi-esclavagiste qu’exercent sur les populations de la planète les systèmes monétaristes nécessite la promotion de guerres récurrentes et permanentes. »

- Lyndon H. LaRouche.

Le 20e siècle et la destruction des États-nations à travers une stratégie de « guerres permanentes »

En 1890, lorsque que le Chancelier d’Allemagne Otto von Bismarck s’opposa aux manipulations géopolitiques guerrières du prince de Galles, Édouard Albert, il fut démis de ses fonctions à titre de Chancelier. Plus tard, Bismarck mit en lumière les événements qui provoquèrent sa chute : il affirma qu’il fut congédié par la monarchie britannique, et que son renvoi était dû au fait qu’ il tentait d’empêcher que l’Allemagne s’implique dans une guerre contre la Russie.

Au cours de négociations secrètes entre le Tsar de Russie et lui-même, un arrangement avait été conclu par lequel l’Allemagne ne s’engagerait pas aux côtés de l’Empereur d’Autriche dans sa guerre balkanique. Dès le renvoi de Bismarck, la politique allemande changea, les deux cousins « Willy » (le Kaiser Wilhelm) et « Nicky » (le Tsar Nikolas), deux neveux du prince de Galles, [ devenu roi de la Grande-Bretagne et d‘Irlande (1901-1910) sous le nom d’Édouard VII ] tombèrent dans le piège britannique d’une nouvelle « guerre permanente » de Sept Ans : la Grande Guerre de 1914-1918.

En fait, cette géopolitique commença bien avant, en Asie, avec la manipulation qui mena au conflit sino-japonais de 1894-95. Dès 1922 le Japon et son complice la Grande-Bretagne planifiaient une attaque contre les États-Unis : cette attaque eut lieu 19 ans plus tard, le 7 décembre 1941 contre la base navale de Pearl Harbor.

Peu de temps après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Winston Churchill accompagné de son pantin, le Président Harry S. Truman, initia la guerre froide avec son fameux discours sur le « rideau de fer » prononcé à Fulton, Missouri.

Le Président John F. Kennedy fut convaincu par le général Douglas MacArthur (1) de ne pas entreprendre de conflits terrestres en Asie. Kennedy refusa de se plier aux pressions montantes de l’oligarchie financière d’envahir l’Indochine. La riposte britannique ne tarda pas et fut meurtrière : le 23 novembre 1963, à Dallas, Kennedy tomba sous les balles de trois tireurs d’élite espagnols qui auraient transité par la frontière mexicaine pour le compte d’un appareil « Murder Inc. » appelé Permindex, (2), à l’époque basé à Montréal, plus tard à Genève, et finalement en Afrique du Sud. Pour éviter de subir le même sort que son jeune prédécesseur, un Lyndon Johnson terrifié capitulait devant cette oligarchie financière internationale, et la nouvelle guerre de Sept Ans, la guerre du Vietnam, commença.

Récemment, nous avons eu droit à une autre démonstration du cerveau britannique qui dirige le muscle américain : deux guerres en Iraq et une guerre permanente en Asie.

« Ce phénomène récurrent ne représente pas une simple série d’évènements. Nous avons affaire, ici, à des politiques stratégiques et culturelles qui s’étendent sur de longues périodes. Les longues vagues de l’histoire ne sont jamais causées par une succession d’ événements, seulement par des politiques qui ont une portée historique. Et la plus caractéristique de ces politiques destructives est la politique de guerres permanentes : des guerres qui affaiblissent les adversaires au profit d’un dessein impérial. L’Empire britannique s’est toujours appuyé, depuis 1763, sur la stratégie de faire entrer ses victimes dans un conflit sans fin, où elles en ressortiront affaiblies à un point tel qu’elles succomberont facilement au contrôle impérial. » (3)

Le Général McChrystal et le « syndrome de la guerre du Vietnam »

Que signifie le renvoi du général Stanley McChrystal suite à ses critiques de l’administration Obama publiées dans la revue Rolling Stone ?

Selon Lyndon LaRouche, le général McChrystal, tout comme plusieurs autres officiers militaires américains hauts-gradés, était inquiet à propos de ce qu’il convient d’appeler le « syndrome de la guerre du Vietnam », c’est-à-dire l’idée que le militaire servira de bouc émissaire pour l’échec en Afghanistan.

« Il existe une dynamique à l’intérieur du commandement militaire qui va bien au-delà du général McChrystal. Pour un nombre croissant d’ officiers américains, l’ Afghanistan est perçu comme une cause perdue. Ils veulent sortir de ce bourbier. Nous devrions être là pour faire ce qui doit-être fait : éradiquer le commerce de l’ opium à tous les niveaux. Le problème est qu’ Obama ne veut rien entendre— puisque cela irait à l’encontre de la politique britannique de ne pas toucher au commerce de l’opium. Par contre, la Russie serait prête à collaborer avec les États-Unis pour accomplir cette éradication. Pour ses propres raisons, l’Inde aiderait également. Et même le Pakistan verrait cette nouvelle politique comme une occasion de se libérer des problèmes causés par Londres et l’ Arabie Saoudite. » (4)

Quoique LaRouche soit en désaccord total avec la stratégie contre-insurrectionnelle de Petraeus et McChrystal, il voit dans cette affaire McChrystal une indication de la frustration de l’institution militaire à l’ endroit d’ Obama. « Et cela est tout à fait compréhensible », affirme LaRouche.

Ici, au Canada, nous avons eu le congédiement du brigadier-général Daniel Ménard, le commandant des Forces armées canadiennes en Afghanistan, imputable à une « présumée incartade amoureuse avec une subordonnée ».

En France, (5) le Général de division, Vincent Desportes, commandant du Collège interarmées de Défense, sera sanctionné sous peu par le ministre de la Défense parce qu’il a osé critiquer la stratégie américaine dans une interview récente accordée au quotidien Le Monde.

Il semble donc se développer un ras-le-bol chez les hauts-gradés militaires de plusieurs pays contre la classe politique et l’Empire. Toutefois la question demeure : quel est l’enjeu véritable ?

L’enjeu : Soit les États-Unis sont une république souveraine ou simplement un des appendices d’un système monétaire impérialiste

« Il faut absolument commencer par dire qu’“un conflit terrestre en Asie est un crime contre l’humanité”. C’est essentiellement en précipitant les États-Unis dans des guerres en Asie que les Britanniques veulent nous pousser à l’autodestruction. Ces guerres ne reviennent pas à nous tirer une balle dans le pied, mais dans la tête ! ... on se rend compte qu’il n’y a jamais eu de bonne raison pour que les États-Unis s’engagent dans ce type de conflit.

« En réalité, les États-Unis sont en guerre avec ce que l’on appelle “l’Empire britannique”. (6) Nous n’avons absolument aucune raison d’entrer en guerre contre qui que ce soit, à moins d’être attaqués et qu’il faille se défendre. Mais nous sommes dupes car nous nous laissons constamment entraîner à nous autodétruire, pour la gloire de l’Empire britannique.

« ... Et c’est de là que vient le problème : ne pas être capable de voir l’enjeu historique derrière tout cela. C’est pourtant inscrit dans notre Constitution : il y a un conflit entre notre conception de système de crédit et l’idée de système monétaire, qui est en réalité un système impérialiste. C’est tout le combat contre Wall Street. L’enjeu est clair : soit les États-Unis sont une république souveraine, soit nous ne sommes qu’un des nombreux appendices d’un système monétaire impérialiste. » (7)

Gilles Gervais
Président du Comité pour la République du Canada
ecrivez@comiterepubliquecanada.ca

Notes :

(1) Douglas MacArthur était le commandant suprême des forces alliées dans le Pacifique pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il développa une stratégie d’attaques de flanc qui, avec un minimum d’engagements terrestres directs, conduisit à la défaite militaire du Japon. Il s’opposa au largage de bombes atomiques sur le Japon et présida à sa reconstruction après la capitulation, entre 1945 et 1950. En juin 1950, il fut appelé à commander les forces alliées en Corée après l’attaque nord-coréenne. Un an plus tard, il fut démis de ses fonctions par Harry Truman pour insubordination.

(2) Anton Chaitkin : “Why the British Kill American Presidents.”

(3) “LaRouche : We Have To Change the Forecast ! ”(remarques de Lyndon LaRouche lors d’une réunion privée tenue à Washington, D.C. Le 23 juin, 2010.)

(4) 25 juin, 2010 (LPAC) : “Behind the McChrystal Affair : Military Command Fear Replay of Vietnam Scapegoating”

(5) 7 juillet, 2010 (Nouvelle Solidarité) Christine Bierre : « Quand on est Général, on ferme sa gueule et on crève ! »

(6) Gilles Gervais, éditorial du 24 juin 2010 : « Élisabeth II et l’Empire britannique. »

(7) 23 septembre, 2009 (Nouvelle Solidarité) « Afghanistan : Les Britanniques veulent nous précipiter dans un conflit terrestre en Asie »