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Lettre au Devoir — Ref. : Lac-Mégantic et la déréglementation - la destruction

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Le réalisateur anglais Ken Loach a réalisé en 2001 un docu-drame intitulé The Navigators. Ce film documente les bouleversements engendrés par la privatisation de British Rail au Royaume-Uni en 1995 sous le gouvernement de John Major et l’accroisement des accidents mortels chez les cheminots qui doivent désormais travailler à l’entretien des voies ferrées dans des conditions qui ne rencontrent plus les normes de sécurité établies.

Les noms des intérêts privés qui ont dépecé British Rail sont fictifs dans le docu-drame de Loach, mais une simple recherche permet de comprendre qu’un des principaux personnages impliqué dans l’achat à rabais de la majorité des diverses opérations de British Rail est nul autre que Monsieur Edward A. Burkhardt !

En effet Ed Burkhardt du Montreal Maine and Atlantic Railway a été président et chef de la direction d’English Welsh and Scotish Railway Ltd. de 1996 à 1999.

Voici le parcours « accidenté » de Monsieur Burkhardt au Royaume-Uni : en 1995 il prend la tête d’un consortium d’investisseurs (Burkhardt est à l’époque au Wisconsin Central Transportation Corporation) qui acquièrent d’abord Rail Express Systems Ltd. (qui s’occupait de la poste et des colis au Royaume-Uni) en 1995, ensuite en 1996 il acquiert 3 autres compagnies de fret au Royaume-Uni : Mainline Freight, Loadhaul et Transrail Freight. Le tout deviendra English Welsh and Scottish Railway.

La solution : au-delà des recommandations des diverses instances qui enquêtent sur la tragédie et des procès qui auront lieu, il est important de réglementer et de reconstruire. Vous avez mentionné dans votre éditorial du 29 juillet Lac-Mégantic et la déréglementation-la destruction " la destruction des murailles séparant les quatre piliers de la finance (banque, assurance, fiducie et valeurs mobilières)". Vous avez raison sur ce point, il nous faut rebâtir cette muraille et exiger une séparation stricte entre banques de dépôt et banques d’investissement. Les payeurs de taxes au Canada ne doivent pas faire les frais des abus de Bay Street comme les américains et européens ont été les victimes des plans de renflouement de Wall Street et ceux de la City à Londres. Il nous faut une loi de type Glass-Steagall pour empêcher la finance folle de tout détruire : les infrastructures et les vies humaines ! Si les banques à Wall Street ne peuvent se qualifier selon les critères de la loi Glass-Steagall, elles seront liquidées !

Le Canada doit s’inspirer des projets de loi qui ont été introduits au Congrès américain (mais malheureusement pas encore voté), comme le projet de loi H.R. 129 à la Chambre des Représentants et tout récemment, une loi similaire introduite par la Sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, le "21st Century Glass-Steagall of 2013".

Gilles Gervais
Montréal, le 29 juillet 2013