Editorials of / Editoriaux de Gilles Gervais
BRICS Silk Road / Route de la soie
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La nouvelle Route de la soie et un tunnel sous le détroit de Béring : l’intention Westphalienne de la Chine

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(CRC)—Un article de Fabien Deglise paru dans Le Devoir du 14 mai “De Pékin à Montréal … en train – le projet grandiloquent du gouvernement chinois” reprend certains éléments d’un article paru originellement le 8 mai dans le China Daily puis repris et modifié le jour même par theguardian.com et le service de presse du Comité pour la République du Canada.

Malheureusement, Le Devoir n’a pas tenté d’approfondir le dossier comme il aurait sans doute pu le faire en retraçant, par exemple, la genèse du projet ainsi que ses principaux acteurs ! Le Devoir a préféré rapporté la nouvelle comme une trouvaille intéressante, un projet que son journaliste qualifie de ‘grandiloquent”, alors qu’en réalité, nous sommes en présence d’un plan stratégique endossé par les dirigeants Russes et Chinois afin d’éliminer le concept même de géopolitique de l’Empire britannique qui nous a déjà mené à deux guerres mondiales !

La genèse du projet et l’influence de l’Institut Schiller

Le Devoir mentionne brièvement qu’ « en 2007, la Russie a redonné de la résonance à ce projet à l’occasion d’une conférence à Moscou. Plusieurs pays, dont le Canada, y ont été invités à financer les études de faisabilité de ce projet qui, à terme, pourrait faciliter l’accès aux ressources naturelles encore inexploitées de la Sibérie orientale. Il est question ici de métaux rares, prisés par les nouvelles technologies, et d’hydrocarbures. »

Notre Institut Schiller est très familier avec cette conférence qui eut lieu à Moscou le 24 avril 2007, car nous y avons participé en tant que conférencier. La conférence s’intitulait : Megapropjects of Russia’s East : A Transcontinental Eurasia-America Transport Link via the Bering Strait. La conférence avait été organisée par l’Académicien Alexander Granberg, qui à l’époque était le président du Conseil russe pour l’étude des forces productives (SOPS), une institution formée conjointement par l’Académie russe des sciences et le ministère russe pour le Développement économique. Quelques mois plus tard, plusieurs des organisateurs de la conférence de Moscou participèrent en tant que conférenciers invités à une conférence de l’Institut Schiller qui se tint en Allemagne sur le même thème.

Il y a deux ans, ce même groupe d’académiciens russes (SOPS) ont produit une vidéo très intéressante intitulée Eurasie-Amérique par le Tunnel du détroit de Béring, sur le premier grand projet intercontinental de l’histoire.

Le 11 décembre 2007, le Comité pour la République du Canada organisait une conférence à Ottawa sur le projet NAWAPA, le pont terrestre eurasiatique et le tunnel sous le détroit de Béring. Les conférenciers en provenance du Canada, des États-Unis et du Mexique adressèrent une audience de plus de cent invités, y compris la présence de plusieurs représentants d’ambassades. La conférence était intitulée : Le Canada dans le monde eurasiatique de demain

Quant à la genèse du projet de la nouvelle Route de la soie proposé par la Chine, Madame Helga Zepp-LaRouche, la présidente internationale de l’Institut Schiller, présenta le plan de son Institut pour un pont terrestre eurasiatique à la conférence du gouvernement chinois qui eut lieu à Beijing le 7 mai 1996 intitulée : “International Symposium on Economic Development of the Regions along the Euro-Asia Continental Bridge”. Depuis lors, Madame LaRouche, celle que l’on surnomme affectueusement en Chine, “la dame de la nouvelle Route de la soie”, est retournée à plusieurs reprises en Chine , notamment en avril dernier où elle fut interviewée par de nombreux medias dont CCTV.

Les propos que tenait Madame Zepp-LaRouche, lors de ces entrevues avec les medias chinois, portaient invariablement sur comment réaliser les objectifs communs de l’humanité : plus particulièrement comment construire cette nouvelle Route de la soie, comment accélérer la recherche dans le domaine de l’énergie nucléaire, surtout la fusion nucléaire, et sur la collaboration internationale dans la conquête de l’espace.

Présentement la Chine mets énormément d’efforts dans cette direction, car seule cette politique pour un développement mutuel axé sur les technologies de pointe pourra tirer le monde de la guerre, du sous-développement et de la dépression économique, tous trois héritage de l’impérialisme financier associé à la City de Londres et à Wall Street.

Il est clair que si le Canada et les États-Unis décidaient d’accepter l’offre Sino-Russe d’une collaboration internationale autour de ce premier grand projet intercontinental, nous pourrions créer, dans l’esprit d’un nouveau Traité de Westphalie, la base solide nécessaire pour asseoir une paix mondiale tant recherchée en ce printemps 2014.

Voilà pourquoi De Pékin à Montréal…en train. Le projet Westphalien du gouvernement chinois aurait été un titre plus approprié pour décrire la promotion par la Chine de ce premier grand projet intercontinental de l’histoire ; à condition, bien sur, de vouloir communiquer aux lecteurs du Devoir la véritable intention du gouvernement chinois d’offrir cette proposition de ’paix par le développement’ comme alternative à la politique belliqueuse du "pivot" asiatique mis en place par l’administration Obama.

Gilles Gervais