Lyndon H. LaRouche
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Weekly Report
Planck, Einstein, Vernadski : le caractère universel de la pensée humaine

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Dialogue adapté de l’émission Weekly Report, The New Paradigm for Mankind du 4 juin 2014, sur la chaîne LPAC TV.La premième partie, qui porte sur la triade Brunelleschi/de Cues/Kepler est disponible ici.

Creighton Jones :

J’aimerais revenir sur ce que Lyndon LaRouche a soulevé récemment concernant les travaux d’une « triade » de penseurs, Max Planck, Albert Einstein et Vladimir Vernadski. Ceux-ci ont mis tous leurs efforts à définir certains aspects de l’histoire de l’humanité, en tant qu’histoire en réalité de notre Système solaire, et même de l’univers. Dans un article récent, M. LaRouche a souligné que Vernadski joue un rôle très important, encore aujourd’hui, et ce pour plusieurs raisons que nous allons évoquer plus loin, concernant la direction que peuvent prendre les Etats-Unis dans leur future collaboration avec la Russie.

Dans un article intitulé « Des économistes qui sont généralement stupides », M. LaRouche écrit :

La science physique fondée par [Filipo] Brunelleschi, [Nicolas] de Cues, et Johannes Kepler a posé les bases du progrès qui sera ensuite accompli par ces géants du XVIIe et du début du XVIIIe siècles que sont Carl F. Gauss et son meilleur disciple, Bernhard Riemann. Riemann a accompli une révolution scientifique à laquelle se réfèreront plus tard Max Planck et Albert Einstein. Planck développera les bases d’un nouveau minimum et Einstein celles d’un nouveau maximum. Quant au grand scientifique russo-ukrainien Vladimir Ivanovich Vernadski, ses travaux relatifs aux fondements de la science physique atteindront une importance encore plus grande pour ce qui concerne la relation entre l’homme et le Système solaire. Il s’agit du principe unique, efficace à l’échelle astrophysique, de la fonction essentielle définissant toute avancée ontologique dans la vie humaine, en tant que fondement de notre existence au sein du Système solaire et au-delà.

Max Planck nous donne une nouvelle définition de l’idée de minimum, celle d’une action physique réelle ou d’un principe physique du minimum. Einstein élabore ensuite un principe physique associé au maximum, qui est l’idée de la gravitation universelle. Le premier est connu avant tout pour sa découverte de 1900, qui allait devenir le célèbre « quantum d’action de Planck ». Celui-ci a effectivement découvert une relation entre un effet, que nous mesurons sous forme d’énergie, et l’action associée à un rayonnement électromagnétique. Ainsi, la célèbre équation qui en résulte, E=h(nu), montre que l’énergie est égale à la constante de Planck, multipliée par la fréquence du rayonnement en question.

Or, ce qui a ébranlé notre conception des choses, notamment de l’énergie, est l’idée que celle-ci en tant qu’effet ne se manifeste pas comme un simple processus continu ou linéaire. Les changements dans l’état énergétique d’un processus, considérés comme effet, prennent la forme de sauts ou d’avancées quantifiées. Il est important d’insister sur le fait que la quantification n’est pas dans l’énergie en soi, même si c’est de cette manière qu’elle se manifeste, en tant qu’effet, soit sous la forme d’énergie quantifiée ou de ce que nous appelons « paquets d’énergie ».
La véritable origine de la quantification doit être située dans l’action. D’où la constante d’action (h), définie par Planck, établissant que l’univers est avant tout, dans sa substance, un univers d’action ou de changement. Il en va de même pour les idées. Celles-ci ne sont pas quelque chose de continu, elles ne peuvent pas être découpées en segments ou en morceaux, elles existent en tant que touts. Vous avez une idée ou vous ne l’avez pas. Vous passez d’une idée à une autre en effectuant un saut, et l’action dans laquelle vous êtes engagé vous permet de découvrir et de partager une idée nouvelle.

L’univers et la pensée humaine sont caractérisés par le même principe : tous deux portent en eux ce type d’action quantifiée.

Récapitulons : Planck nous a permis de découvrir que l’univers est quantifié, du point de vue physique, par un principe d’action. Et c’est cette action qui prime avant tout : l’effet que nous mesurons sous forme d’énergie n’est que l’effet de ce principe d’action. Voilà pour sa découverte en tant que physicien.

Nous connaissons moins bien cependant ce que Planck représente comme penseur concernant les questions ontologiques. Le physicien ne se limitait pas, dans ses recherches et réflexions, au domaine de la matière, ou à celui de la physique tangible en tant que telle. Il était en fait préoccupé exactement par la même question qui a obsédé M. LaRouche pendant toute sa vie, qui est de connaître la véritable nature de l’esprit humain, ou bien la relation entre la pensée et la matière ou l’univers physique. Voici quelques citations de Planck à ce sujet. La première est extraite d’une entrevue accordée en 1931, vers la fin de sa vie, où l’on voit clairement la direction que prennent ses investigations sur la matière, l’énergie, etc. Lorsque son hôte lui demande « pensez-vous que la conscience puisse être expliquée grâce à la matière et à ses lois ? », Planck répond :

«  Non. Je considère la conscience comme fondamentale. Je considère la matière comme dérivant de la conscience. Nous ne pouvons aller au-delà de la conscience. Tout ce dont nous parlons, tout ce que nous voyons comme existant, suppose la conscience. »

Son hôte poursuit en paraphrasant Planck de la manière suivante :

«  En réponse à une autre question concernant les difficultés notoires posées par la physique moderne, particulièrement le phénomène de la lumière où nous sommes apparemment obligés d’avoir recours à deux ensembles d’idées qui sont en contradiction l’un avec l’autre, (…) j’ai réalisé que le professeur Planck considère que ces difficultés illustrent à quel point le monde de la science dépend de la pensée. Car il considère que ces difficultés émergent seulement parce que nous voyons certains concepts comme étant des réalités objectives.

« Ainsi, nous présumons que tout ce qui existe dans la nature prend place dans le temps et dans l’espace. L’univers matériel que nous prenons pour acquis est quelque chose qui existe dans l’espace et dans le temps. Lorsque nous regardons de ce point de vue certaines entités scientifiques modernes, le quantum de lumière par exemple, elles semblent être dotées de caractéristiques contradictoires. Certaines expériences montrent que le quantum de lumière est très grand, et d’autres expériences montrent qu’il est très petit. Planck a suggéré que le quantum de lumière est quelque chose auquel les notions d’extension spatiale et temporelle ne s’appliquent pas. L’homme doit apprendre à voir l’espace et le temps non pas comme des réalités objectives, mais qui doivent désormais être transcendées. Ce ne sont pas des réalités objectives, indépendantes de la conscience, et peut-être même que rien de tel n’existe. »

On voit ainsi que Planck a une idée assez claire de la manière dont se pose le paradoxe, même s’il n’a pas trouvé la solution, qui reste d’ailleurs en suspens jusqu’à aujourd’hui. Pour donner une autre idée de la manière dont Planck a approché cette question, nous citerons un discours prononcé vers la fin de sa vie en Italie, montrant qu’il n’est en rien le scientifique rigide et matérialiste que l’on dépeint normalement. Planck était une personne très attachée à l’humanité et à l’idée de l’universalité réelle de la pensée humaine :

«  Messieurs, en tant que physicien ayant voué toute ma vie à la science sobre, à l’étude de la matière, je ne peux assurément être pris pour un Schwarmgeist (illuminé). Et je conclus de mes recherches concernant l’atome qu’il n’y a pas de matière en tant que telle. Toute matière n’émerge et n’existe qu’en vertu d’une force qui met en mouvement les particules atomiques et les maintient ensemble comme le plus petit système solaire de l’univers. Mais s’il n’y a ni force intelligente, ni force éternelle dans toute la science (c’est le mouvement perpétuel tant attendu et que l’humanité n’a pas réussi à inventer), nous devons présumer l’existence d’un esprit conscient et intelligent derrière cette force. L’esprit est le fondement de toute matière. Ce n’est pas la matière visible mais éphémère qui est réelle, véritable, substantielle – car la matière ne pourrait aucunement persister sans l’esprit – mais c’est plutôt l’invisible, l’esprit immortel qui est la vérité ! Cependant, puisque l’esprit ne peut pas, de la même manière, exister par lui-même, tout esprit appartenant plutôt à un être, nous devons nécessairement postuler l’existence d’êtres spirituels. Mais puisque les êtres spirituels ne peuvent exister par eux-mêmes mais doivent être créés, je n’hésite donc pas à appeler ce Créateur mystérieux, comme l’ont fait toutes les nations civilisées de la Terre depuis les premiers millénaires, Dieu ! Avec ceci vient le physicien, qui doit s’occuper de la matière, du Royaume de la Substance à celui de l’Esprit. Et avec ceci notre tâche s’achève et notre recherche doit être remise, afin qu’elle soit poursuivie, dans les mains de la philosophie. »

Nous voyons ici aussi comment Planck pose la pensée comme processus premier. C’est également le cas d’Einstein. Celui-ci a d’abord fait éclater toute l’idée du temps, de l’espace et de l’espace-temps comme ayant une existence réelle, ontologique. Ils sont en fait relatifs. Les relations de l’espace-temps changent selon la perspective de l’observateur individuel.

Quel est l’invariant ? Qu’est-ce qui ne change pas ? Si vous regardez sa Théorie générale de la relativité, Einstein arrive à la conclusion que ce qui reste invariant est le fait que quelle que soit votre perspective, tout esprit humain mesurera toujours la trajectoire que prend la lumière du point de vue de la moindre action. Ce qui est préservé, ce qui est invariant dans toutes les observations est le fait que l’action se manifeste sous la forme d’un processus de moindre action.

Le concept de moindre action doit être considéré non seulement comme une chose faisant appel à la mesure, mais aussi comme reflet d’un processus qui peut être connu. Il s’agit du caractère non arbitraire des processus, dont la qualité de moindre-action, comme Fermat l’a soulevé à propos de la lumière, indique que ceux-ci opèrent dans l’univers selon une intention, une directionalité, et qu’ils ont par conséquent quelque chose de connaissable.

Ainsi, même s’il est possible pour tout observateur d’un processus de mesurer des relations de temps et d’espace, tous les êtres humains, indépendamment de leur perspective, seront en mesure de connaître l’invariant réel, la trajectoire de moindre-action de ce processus électromagnétique. Voilà l’universel, l’invariant. Ainsi, Einstein s’attaque lui aussi à ce qui constitue la substance, le cœur du monde physique : l’intention. Il y a, ici aussi, une directionalité dans le processus.

C’est sur ce chemin que s’engagera plus en avant Vernadski. Je cite à nouveau LaRouche, en particulier la partie de son article consacrée au scientifique russe :

« Nous devons désormais reconnaître que l’espace et le temps n’existent plus en tant que notions fiables, ni comme se révélant d’une efficacité pratique pour l’humanité ; seul le rôle qui est assigné à l’humanité en vertu de sa propre nature revêt une certaine utilité, exactement comme l’a stipulé Vernadski. (…) Il faut partir des seuls pouvoirs créateurs (noétiques) attribués à l’esprit humain individuel, s’exprimant par l’accroissement des capacités de l’espèce humaine à changer le cours de son propre développement au sein, du moins pour l’instant, de notre Système solaire. (…)

« En faisant évoluer consciemment les conditions préalables autant que les avancées réelles de son pouvoir effectif, pour chaque individu, de pair avec une progression des conditions de vie humaine vers des niveaux de densité de flux d’énergie plus élevés – au moyen de ce que nous appelons les capacités caractéristiques de l’homme à user d’une chimie évolutive –, l’humanité redéfinit jour après jour l’avenir du Système solaire. Elle accomplit ceci en se pliant aux exigences de grands sauts dans la densité du flux d’énergie disponible pour chaque pays, chaque peuple et chaque personne consentante. Ces exigences ont pour rôle d’assurer la montée en puissance, par bonds successifs, de l’humanité (et ce pour chaque individu de l’espèce) au sein de l’univers. Telle est l’expression de la véritable nature de l’homme. Elle reflète les avancées révolutionnaires accomplies par ce magnifique poète de la raison humaine, V.I. Vernadski, et de son principe d’intention scientifique. »

C’est à cela que Vernadski a voué sa vie, évoluant lui-même grâce à ses recherches sur le vivant et sur le principe de la vie régissant la biosphère. Comme Planck, il se trouva confronté à la même question, celle de l’esprit humain, à savoir d’où vient cette intention, cette directionalité. Quel est le principe supérieur capable de guider ceci ?

Vers la fin de sa vie, Vernadski a écrit quelques fragments publiés à titre posthume par son fils, regroupés sous le titre « Quelques mots à propos de la biosphère ». Il nous entraîne, d’une certaine manière, vers un paradoxe, en établissant le concept de céphalisation comme flèche de l’évolution. Il s’agit du développement, à travers l’histoire biologique, du cerveau et du système nerveux, qui prennent de plus en plus d’importance au sein des organismes vivants. Mais Vernadski va plus loin. Pour lui, la véritable mesure de l’évolution n’est pas strictement biologique : il y a quelque chose d’autre que la biosphère. Et c’est ici qu’il introduit le concept de noosphère, qu’il explique de la manière suivante :

« Le processus historique se trouve changé sous nos propres yeux. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les intérêts des masses d’un côté et la pensée libre des individus de l’autre, déterminent la vie de l’humanité et fournissent la norme pour ce qui concerne la justice. L’humanité dans son ensemble devient une force géologique significative. Ceci pose le problème de la reconstruction de la biosphère, dans l’intérêt d’une humanité pouvant penser librement en tant qu’entité unique. Ce nouvel état de la biosphère, dont nous nous approchons sans nous en rendre compte, est la noosphère. »[souligné dans l’original]

Ainsi, Vernadski affirme que nous nous trouvons aujourd’hui dans cette période de l’histoire de la biosphère où la pensée humaine devient le facteur déterminant de l’évolution de la planète. La planète est dorénavant sous le contrôle de l’esprit humain. Mais revenons au problème de la nature de la relation entre la pensée et la matière. Dans l’un de ces derniers fragments, intitulé « Comment la pensée change-t-elle les processus matériels ? », Vernadski écrit : « Une nouvelle énigme se présente à nous. La pensée n’est pas une forme d’énergie. Comment peut-elle par conséquent changer les processus matériels ? » [souligné dans l’original]

Il ne répond pas à la question. Celle-ci demeure : comment la pensée, qui semble être en passe de prendre le contrôle de la planète, déterminant la direction de son évolution future, peut-elle ainsi transformer l’univers physique, alors qu’elle ne peut même pas être mesurée en termes d’énergie ? Nous n’avons toujours pas de réponse à cette question. Vernadski conclut toutefois de cette manière :

Nous vivons désormais dans la période d’un nouveau changement dans l’évolution géologique de la biosphère. Nous entrons dans la noosphère. Ce nouveau processus géologique élémentaire se manifeste dans une époque agitée, celle d’une guerre mondiale destructrice. La chose importante toutefois est que nos idéaux démocratiques sont en phase avec ces processus géologiques élémentaires, avec la loi naturelle et avec la noosphère. Nous pouvons par conséquent envisager l’avenir avec confiance. L’avenir est entre nos mains. Nous ne le laisserons pas s’échapper.

Je laisserai à M. LaRouche, qui a consacré une grande partie de sa vie à élucider ces questions, le soin de commenter tout ceci.

Lyndon LaRouche :

L’erreur fondamentale, source de la confusion qui règne sur ces questions, est la présomption que la perception des sens est la mesure de toutes les autres expériences. Alors qu’en réalité, c’est exactement le contraire. Ceci est la conséquence de la conclusion finale à laquelle est arrivé Vernadski : c’est l’esprit humain lui-même qui exprime directement la réalité de l’univers. Ce que nous ressentons par les sens – la perception des sens – n’engendre en réalité aucune pensée ! Ce ne sont que des perceptions sensorielles. La pensée, elle, ne se manifeste qu’au sein de l’esprit humain. (…) L’esprit humain est fonctionnel. La perception des sens ne l’est pas. Elle n’est que l’ombre de la réalité. L’esprit est le principe. Ceci constitue la vision d’ensemble qu’a Vernadski de la réalité, qui repose sur le fait que la perception des sens n’est qu’un symptôme et non une cause. (…)

Lorsque Vernadski fait part de sa volonté d’éliminer l’idée de l’espace et du temps, il s’appuie sur le fait que c’est la pensée qui est la réalité. L’esprit humain est la réalité. Les animaux ont une réalité différente. L’Univers, tel que nous le connaissons en tant qu’humains, repose sur le concept de la pensée comme étant première, et de la perception des sens comme un simple produit, une simple réflexion de la réalité.

Ceci s’exprime sous la forme d’accroissements dans la densité du flux d’énergie, en termes du comportement des espèces vivantes. Ainsi, tout est coordonné avec les espèces vivantes. L’humanité est la seule espèce capable de se mesurer elle-même. Les animaux ne peuvent pas se mesurer ; ils ne peuvent pas changer volontairement leur nature. Les êtres humains en sont capables, pas les animaux. L’humanité est par conséquent le seul déterminant de l’existence de l’univers, la seule à en avoir une compréhension primaire. C’est par le développement de cette capacité, que nous appelons progrès, que nous faisons la différence.

Ceci est la clé pour comprendre les conséquences de l’exploration de l’espace-temps physique. Il faut remettre la chose à l’endroit, et reconnaître que tout ce que nous savons en tant qu’humains vient du concept même de l’esprit. (…) Ce n’est pas la perception de l’objet qui compte, mais l’action. Et c’est en cela que s’exprime tout le génie de Vernadski, lorsqu’il affirme que l’espace et le temps ne déterminent pas le rôle de l’homme dans l’univers, mais sont au contraire déterminés par lui, car l’espèce humaine est la seule à pouvoir se transformer elle-même. (…)

Nous avons une vision « Zeusienne » (tyrannique), selon laquelle il n’y a que la matière, même si on peut la rendre plus compliquée en la coupant en morceaux et en la combinant sous toutes les formes que l’on sait.

Pouvons-nous cependant changer la manière dont l’homme agit dans l’univers ? La réponse est oui ! En découvrant de nouveaux principes universels. Mais on ne peut y parvenir en faisant appel à la perception des sens. On ne peut les découvrir que par l’expérience, humaine, de la pensée. La capacité noétique de l’esprit humain est le seul outil expérimental dont nous disposons. Ce n’est qu’à partir de cela que nous pouvons construire une science... du phénomène de la pensée humaine. (…) Pour comprendre le mécanisme supérieur à l’œuvre dans l’univers, il faut s’élever au-dessus de la perception des sens, car seule la connaissance de la manière dont agit l’esprit humain nous permet de comprendre l’effet qu’est la perception des sens, et comment l’utiliser.

Jones : Ce n’est probablement pas une coïncidence si depuis la mort de Roosevelt, suivie de près de celle de ces trois géants que furent Einstein, Planck et Vernadski, rien de tout cela n’a pu être développé plus avant, tant au niveau scientifique, musical que politique. C’est en quelque sorte la fin d’un processus.

LaRouche : Vernadski était au sommet de ce type de développements. En raison de sa contribution et de son influence dans l’évolution et l’histoire de son pays, il est important de reconnaître que la Russie se voit attribuer un rôle très particulier dans le monde actuel. Car nous avons ici un principe unificateur, en termes de politique, de stratégie politique, qui est la contribution de Vernadski au corpus du savoir global de l’humanité. Ceci est le point culminant de toute l’histoire de l’évolution de la pensée humaine concernant l’humanité elle-même, et ce sur une période très longue de son histoire. Ce n’est pas une question abstraite, un simple théorème. Il s’agit de savoir comment l’homme doit envisager la manière dont il pense afin de réaliser les objectifs de l’espèce humaine. Comment la science doit-elle se développer, afin que l’on soit en mesure de faire franchir un pas supplémentaire, ou plutôt un saut, à toute l’humanité ?

Pour y arriver, il faut sortir les gens de leur stupide réflexe de réaction et leur inspirer un effort de renouveau, allant bien au-delà de leur banalité quotidienne.

Forces physiques, forces spirituelles

une citation de Paul Langevin

« [Les élèves] doivent être amenés à sentir l’importance de ce développement de l’esprit, et qu’indépendamment des forces que la physique et la chimie nous font découvrir, il en est d’autres constituées par l’activité spirituelle qui fait, elle aussi, partie de la réalité et peut contribuer à transformer le monde.

« De même que nous commençons à entrevoir les liens qui existent entre la gravitation et l’électromagnétisme, considérés jusqu’ici comme deux groupes de phénomènes totalement différents, de même nous pouvons espérer que les forces physiques et les forces spirituelles nous apparaîtront plus tard unifiées dans une synthèse plus haute, qui fera apparaître l’Esprit comme l’un des aspects des forces de l’univers. »

(Tirée de : Paul Langevin, « Contribution de l’enseignement des sciences physiques à la culture générale », Conférence faite le 11 juin 1931 au Musée pédagogique, sous les auspices de la Société française de pédagogie, Paul Langevin, la pensée et l’action, Les Editeurs français réunis, 1950)

Traduction et adaptation : Benoit Chalifoux

Weekly Report, The New Paradigm for Mankind du 4 juin 2014