Lyndon H. LaRouche
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LaRouche : la Russie doit adopter d’urgence la solution Mahathir

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Pour se défendre des attaques spéculatives contre le rouble, Poutine devrait s’inspirer de la politique de contrôle des changes et des capitaux qui avait permis au premier ministre Mahathir (photo) de défendre la Malaisie. Crédit : Reuters

Devant les tentatives britanniques et américaines de provoquer une guerre économique et militaire contre la Russie, l’économiste américain Lyndon LaRouche a déclaré que cette dernière devrait adopter la « solution Mahathir », une politique de contrôle de change et de capitaux mise en place en 1998 par le Premier ministre malais pour protéger son pays, avec succès, contre les attaques du mégaspéculateur américain George Soros.

C’est la seule façon, a précisé LaRouche, de mettre fin aux assauts financiers contre la Russie, et d’en finir avec les provocations de Wall Street et de la City, des provocations qui peuvent conduire le monde à une grave crise internationale . « Si les Russes prennent les mesures appropriées dès maintenant, les Britanniques et Wall Street se verront infliger une sérieuse défaite et leprocessus des BRICS pourra faire un bond significatif vers l’avant  », a-t-il conclu.

Il est clair que les sanctions économiques imposées par l’Occident visent à provoquer un changement de régime, et constituent de ce fait un acte de guerre à peine voilé contre la Russie.

Une analyse qui a été confirmée le 16 décembre par le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov, lors d’un entretien à la chaîne télé France 24.

Si Lavrov a dénoncé les sanctions comme un signe d’irritation de la part des puissances occidentales, et non pas comme l’instrument d’une politique sérieuse, il a également déclaré qu’il avait de bonnes raisons de croire qu’elles visaient à créer les conditions d’un changement de régime en Russie, puisque qu’elles ne répondaient à aucun autre objectif logique. En effet, la dernière vague de sanctions votée en septembre dernier par l’Union européenne, a-t-il fait remarquer, a été adoptée le jour suivant la signature du Protocole de Minsk pour un cessez-le-feu entre Kiev et les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, une étape importante, pourtant, pour rétablir la paix en Ukraine même.
L’effet boomerang de la chute du prix du pétrole

Il en va de même pour les manipulations anglo-saoudiennes sur le marché du pétrole, comme l’a implicitement reconnu le ministre britannique des Finances George Osborne, à la suite d’un discours le 15 décembre devant l’Economic Club de New York :

[Cette chute] met plus de pression sur Vladimir Poutine. Les gens demandaient si les sanctions fonctionnaient, [et affirmaient] que Poutine pourrait passer outre grâce à des prix du pétrole élevés. Je ne crois pas que cela soit si évident à l’heure actuelle. Le budget russe dépend lourdement de prix élevés pour le pétrole. Sa faiblesse peut être exposée aux yeux de tous par ceci.

Le ministre britannique a manifestement décidé de passer sous silence le désespoir de la City et de Wall Street face à la montée des BRICS sur la scène internationale, et de jouer à fond la carte de l’affrontement, dans une situation où une baisse prolongée des prix du pétrole pourrait provoquer l’éclatement de la bulle des gaz de schistes aux Etats-Unis, le détonateur redoutable d’un krach systémique transatlantique.

Contrôle des changes et des capitaux

Quand aux mesures que doit prendre la Russie pour se protéger, deux conseillers économiques de Poutine, Sergeï Markov, et Sergeï Glazïev, ont évoqué, tout comme LaRouche aux Etats-Unis ou encore Jacques Sapir en France, la possibilité de voir le président russe mettre en place des mesures de contrôle sur des changes et des capitaux.

Markov et Glazïev ont ainsi réitéré leurs propositions en ce sens. Dans un chronique sur le site Vzglyad.ru, Markov écrit :

Étant donné que les raisons de la chute du rouble sont politiques, la réponse se doit elle aussi d’être politique. Par exemple, [on pourrait faire] une loi interdisant aux sociétés russes de repayer leurs dettes à leurs contreparties occidentales si le rouble chute plus de 50 % au cours de l’année précédente. (…) Plusieurs pays ont fait ceci. La Malaisie est un exemple. Elle est dans une forme économique resplendissante aujourd’hui.

Quant à Glazïev, dans un entretien sur la chaîne BFM.ru le 16 décembre, il a dénoncé les opérations spéculatives contre le rouble, incluant celles des banques russes elles-mêmes, avant de préciser ce qu’il faut faire :

La Banque centrale a un instrument simple pour mettre fin à cette spéculation : imposer des contrôles sur les paris sur les devises étrangères. Ceci a été fait en 1998 [en Malaisie]. Les banques se sont vues simplement interdire la détention de plus de devises étrangères sur leurs comptes à la fin de la journée, par rapport à ce qu’elles détenaient en début de journée. C’est simple et efficace.