Lyndon H. LaRouche
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Conférence internationale de l’ Institut Schiller
La signification de la crise aux Etats-Unis pour l’Europe

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Ce texte est la transcription d’un discours ou d’une contribution à la conférence internationale de l’Institut Schiller organisée sur le thème Sauver l’humanité de l’abîme à Rüsselsheim, en Allemagne, lors du week-end du 2-3 juillet 2011.

Discours de Lyndon LaRouche

Tout d’abord, concernant le thème qui m’a été confié, j’aimerais préciser un peu la nature du sujet. On parle volontiers de l’économie des Etats-Unis par rapport à l’Europe, mais très peu d’Européens savent ce qu’est l’économie américaine. Ils disposent de rapports de presse ou d’informations émises par des institutions européennes, mais c’est l’histoire des Etats-Unis qu’ils ne connaissent pas !

En réalité, l’histoire des Etats-Unis remonte très loin, jusqu’à Platon. Et le véritable début des Etats-Unis, disons, l’enchaînement de l’engendrement menant aux Etats-Unis, remonte à un grand homme ayant vécu des siècles auparavant : Nicolas de Cues. Il reconnaissait que tout le projet établi au Concile de Florence et ses fruits étaient menacés par un mouvement dont le centre du pouvoir se trouvait à l’époque à Venise, et que la reconstitution des opérations vénitiennes, y compris l’organisation de guerres, avait affaibli et miné le très grand accomplissement du Concile de Florence.

Avant de mourir, Cues s’est dit : « Nous devons envoyer des gens au-delà des vastes océans, afin de trouver un endroit où semer nos précieuses idées, sur un sol étranger, un autre continent, pour y faire pousser quelque chose qui puisse sauver l’Europe de son système pourri !  » Voilà la véritable naissance de l Amérique.

En fait, lors d’un voyage dans la capitale portugaise, Christophe Colomb, qui était à l’époque un brillant capitaine au service des Portugais, également doté de lettres de créance espagnoles émises non par les Habsbourg, mais par leur opposition, auparavant au pouvoir en Espagne, rendit visite à un ami de Cues, un diplomate de haut niveau au Portugal. A l’issue de cette visite, Cues proposa ce projet d’envoyer des gens de l’autre côté des océans, afin d’établir une coopération avec d’éventuels habitants et forger ensemble les bases d’une société affranchie de cette maladie vénérienne qui s’appelait le système européen, contrôlé depuis Venise, et qui l’est encore aujourd’hui en principe.

Mais là encore, l’origine est plus ancienne. Elle nous ramène à la Grèce et à la Macédoine. A l’époque, Philippe de Macédoine conclut un accord avec la dynastie achéménide, prévoyant d’établir une alliance entre l’Asie et l’Europe, représentées par ces parties, qui deviendrait le système oligarchique ; autrement dit, ce sont les caractéristiques de l’empire Perse, qui remontent à Babylone et autres lieux peu recommandables.

La situation était telle, globalement, qu’il fallait opérer un changement fondamental. Il faut reconnaître que le problème de l’Europe est qu’elle est restée victime de ce système oligarchique, en particulier depuis cet accord entre Philippe et l’empire Perse.

Cela signifie, et c’est la clé pour comprendre les Etats-Unis et l’Europe ainsi que leurs relations, que l’Europe vit dans un système oligarchique, à l’origine de nos problèmes économiques, tout comme les Etats-Unis, car les vrais Etats-Unis n’ont jamais été, hormis une brève période, une grande puissance. En réalité, la grande puissance est l’Empire romain sous ses différentes formes : l’Empire byzantin qui lui succéda, le système des croisades, dit vénitien, qui était du même ordre, puis aujourd’hui, bien sûr, l’Empire britannique, constitué pour être le nouveau parti vénitien de Guillaume d’Orange, qui accéda au pouvoir pour polluer l’Europe, notamment l’Angleterre. L’Angleterre ne s’est jamais remise de Guillaume d’Orange, qui posa les fondations de ce qui allait devenir, en 1763, l’Empire britannique, dans le cadre de la Paix de Paris. Les idiots, dans les nations européennes, s’étaient fait la guerre entre eux tandis que la Grande-Bretagne se contentait d’organiser et d’attiser ces guerres. Une fois que les victimes se furent saignées mutuellement, les Britanniques se déclarèrent comme Empire, en 1763.

(…) Cependant, au moment où Colomb arrivait en Amérique du Nord, la dynastie des Habsbourg avait pris le pouvoir en Espagne. Par conséquent, même les premières colonisations dans les Amériques, sous l’Espagne et dans une certaine mesure le Portugal, qui étaient plus ou moins la même chose, furent polluées dès le début par l’influence des Habsbourg.

La colonie de la Baie du Massachusetts

Mais un nouveau mouvement émergeait, issu des forces d’opposition en Angleterre, qui faisait revivre la politique de Cues. Puis cet élan anglais fut plus ou moins écrasé. Néanmoins, parmi les partisans du changement aux Pays-Bas et en Angleterre, une nouvelle colonisation fut entreprise dans la région de la Baie du Massachusetts, d’abord avec les Pèlerins (the Pilgrims), puis avec la Colonie de la Baie du Massachusetts. Là fut établie une forme de république, avec le Commonwealth du Massachusetts, qui resta intact jusqu’à l’intervention de Guillaume d’Orange. Cette institution reposait sur le principe économique d’un système de crédit, à la différence d’un système monétaire.

Le point essentiel ici, c’est que les systèmes européens sont monétaristes, alors que la monnaie n’a aucune relation intrinsèque avec la valeur économique ! En fondant les Etats-Unis, nous sommes revenus aux politiques de la Colonie de la Baie du Massachusetts, dont Benjamin Franklin était l’héritier. Les Etats-Unis furent créés dans leur continuité.

Il y avait en cela un avantage exceptionnel : les Britanniques étaient si pervers, dans leur comportement impérial, qu’une alliance se forma en Europe, avec la France en particulier, le roi d’Espagne et la tsarine russe, qui était à la tête de la Ligue de la neutralité armée. Ces forces se sont liguées après avoir reconnu qu’elles s’étaient fait piéger par les Britanniques à mener des guerres folles les unes contre les autres, et pendant un moment, elles ont soutenu la jeune république en Amérique du Nord pour assurer la défaite des forces britanniques.

Ceci fut accompli pour l’essentiel en 1782, mais pas complètement, parce que les différentes colonies, encore largement sous influence britannique, tentaient de fonctionner dans le cadre d’un système monétaire, suivant le modèle anglo-hollandais. Que se passa-t-il alors ? Franklin avait déjà une idée de la politique que devait adopter la jeune république américaine, mais il fallait la préciser. Franklin prend donc un de ses jeunes protégés, Alexander Hamilton, et ils se disent : « Qu’allons-nous faire ? Nous avons cette dette de guerre, contractée par les différentes colonies pour combattre l’impérialisme britannique. Maintenant, nous avons remporté une victoire nominale, une indépendance nominale, mais nous avons des dettes partout en Europe, correspondant aux coûts de la guerre. » Sous l’influence de Franklin, entre autres, Hamilton en conclut qu’il n’y a qu’une solution. « Nous devons rembourser cette dette, qui est une dette de guerre. Mais comment ? Eh bien, en créant un système de crédit. »

La Constitution des Etats-Unis fut donc une réforme préfigurant ce que les Etats-Unis allaient devenir, une réforme systémique fondamentale, sous la forme d’un système de crédit. Une nation qui fonctionne sur la base d’un véritable système de crédit ne tolère pas de jeux d’argent. Ce fut le cas de la Colonie de la Baie du Massachusetts, dans sa constitution originale : le crédit était émis comme une dette, puis la dette et ses intérêts étaient calculés en fonction des résultats espérés, et les dettes ont été remboursées. Tel est le principe. La Colonie de la Baie du Massachusetts est l’expérience économique la mieux réussie de toute cette période. Elle fut détruite par Guillaume d’Orange, qui était par ailleurs en train de violer les Irlandais, de les tuer et d’entreprendre d’autres actes tout aussi « bienveillants ».

Voilà les origines des Etats-Unis. Nous avons adopté une Constitution fédérale, qui a changé le caractère des Etats-Unis en tant que nation. Il y a eu une période de transition, pendant laquelle nous avons conçu une forme constitutionnelle d’autogouvernement, comme il est dit succinctement dans le Préambule de cette Constitution. C’est en lisant le Préambule de ce point de vue que l’on comprend vraiment la question.

Depuis cette époque, les Etats-Unis ont été la plupart du temps assiégés par des forces européennes, n’est-ce pas ? Néanmoins, de temps en temps, nous avons pu concrétiser l’idée d’un système de crédit, avec un succès assuré, en partie, par le développement d’un réseau de canaux, puis de chemins de fer, pour aboutir au chemin de fer transcontinental !

Nous avons gagné la guerre de Sécession, et cette victoire nous a propulsés sur la voie de devenir une puissance mondiale. Le grand afflux d’immigrés aux Etats-Unis pendant cette guerre contribua à bâtir les Etats-Unis sur ces conceptions.

C’est alors que Lincoln fut assassiné, et la situation empira. [Son successeur] Grant a bien tenté de prendre la suite, mais il n’était pas aussi qualifié sur ces questions. Néanmoins, nous avons continué ; nous étions encore une grande puissance. Nous avons eu de grands Présidents, tant qu’ils ne se faisaient pas assassiner par des intérêts britanniques. Puis, l’assassinat de McKinley a tout changé et un « mauvais » s’est imposé comme Président, Teddy Roosevelt, qui appartenait aux Britanniques, et nous nous sommes laissés embarquer stupidement dans la Première Guerre mondiale.

L’empire et les guerres

Cette guerre avait été organisée par les Britanniques, une fois Bismarck éliminé. Car celui-ci comprenait bien le jeu surnommé guerre de Sept Ans, et il a dit « non ». Il avait conclu avec le tsar de Russie un accord afin d’éviter de s’embourber dans une guerre mondiale en Europe, due à la folie d’un vieil Habsbourg bon à rien qui était encore appelé Kaiser. Bismarck n’allait pas s’embarquer dans une guerre dans les Balkans destinée à entraîner le reste de l’Europe dans une guerre mondiale !

Par conséquent, la Grande-Bretagne opta pour la facilité : faire limoger Bismarck en 1890. Ensuite, elle s’accorda avec le Japon pour qu’il attaque la Chine, détruise la Corée, puis la Russie, afin d’accélérer les guerres balkaniques. L’Europe était à genoux.

Durant une partie de cette période, les Etats-Unis étaient dirigés par Teddy Roosevelt, un véritable vaurien, un traître, une vraie pourriture. On a eu un autre Président, Woodrow Wilson, qui refonda le Ku Klux Klan – un homme très respectable, quoi ! Et il organisa le Ku Klux Klan depuis la Maison Blanche ! Ça s’est passé comme ça. Un gars vraiment bien !

Puis pendant les années 1920, nous avons eu un Président fonctionnel. Il est mort après avoir mangé des huîtres dans un train ! Mort dans un train, à cause d’huîtres ? Non ! En tout cas, nous avons eu aussi ce problème. Harding n’était plus, et la clique de la Nouvelle Angleterre, la même bande de Tories, était à nouveau au poste de commande.

On arrive ensuite à Franklin Delano Roosevelt. Il était le descendant d’un grand Roosevelt, Isaac, un collaborateur d’Alexander Hamilton. Et alors qu’il était gouverneur de l’Etat de New York, il prépara une mesure importante, qui allait devenir la loi Glass-Steagall de 1933. Cette loi ne représentait pas un précédent en termes législatifs, mais plutôt une tentative de revenir à l’intention de la Constitution. Et elle le reste aujourd’hui !

Les systèmes européens ne se sont jamais libérés du système oligarchique, dans lequel l’argent est contrôlé par une puissance impériale ! L’impérialisme, depuis la Rome antique, a toujours reposé sur la suprématie d’une monnaie, sous l’emprise entière d’une tyrannie. (…)

Maintenant, nous sommes arrivés au point où les grandes puissances de cette planète ne peuvent plus se permettre de mener une guerre générale. Étant donné l’existence d’armes nucléaires et thermonucléaires et d’autres systèmes similaires, il n’est pas possible que les grandes puissances du monde s’engagent dans une guerre sérieuse. A la place, les puissances impériales s’en prennent à certaines nations, comme de fut le cas des deux guerres en Irak, de celle qui se déroule actuellement en Afghanistan, etc. On utilise des déstabilisations et des guerres à la périphérie, pour obtenir le même effet que la guerre, à savoir contrôler la société, comme les Britanniques le firent lors de la guerre de Sept Ans.

On dupe les gens ! Ainsi, Frédéric le Grand finit par reconnaître qu’il avait été dupe, une dupe gagnante, même ! Il n’avait pas assez de troupes pour gagner toutes les batailles, mais il fut le plus grand génie militaire de l’époque. Puis, d’un coup il s’est réveillé : « Sapristi, qu’est-ce que j’ai fait ? » Il s’est rendu compte qu’il avait fait une erreur : il avait effectivement gagné des guerres, mais il avait perdu la cause !

Nous sommes arrivés au point où les accords et les désaccords entre nations doivent être résolus en dehors du champ de bataille. Si on lance une guerre générale, la civilisation sera détruite. C’est le grand danger aujourd’hui : que ceux qui jouent le jeu de l’euro, en provenance de Londres, trouvent les moyens de ruiner le monde, à commencer par l’Europe, en attisant un conflit, un conflit social quasi militaire, dans la région méditerranéenne.

Nous devons donc éviter la guerre, c’est un poison. Elle n’est plus efficace comme moyen de défense. Une guerre générale entre nations implique l’utilisation d’armes nucléaires et au-delà. Or la guerre nucléaire n’est pas contrôlable ! La guerre biologique non plus !

La guerre entre grandes nations n’est donc pas tolérable.

Vers une solution

Mais on ne peut pas décréter une paix arbitraire. On doit plutôt rechercher un intérêt commun entre entités respectivement souveraines que sont les nations. La lutte pour définir les termes d’un intérêt commun, qui est toujours associé à l’économie physique, est le moyen de résoudre les problèmes. En cas de dispute, que faire si on ne peut pas tuer ? Il faut créer un système qui soit efficace, sur le plan économique, qui fonctionnera et résoudra le problème, même si les parties ne l’aiment pas. Je pense que nous pouvons y parvenir.

Nous parlons ici de Glass-Steagall : eh bien, c’est cela la forme de la solution. C’est une forme de solution qui est implicite dans l’œuvre de Nicolas de Cues. C’est la forme de solution mise en évidence dans la Colonie de la Baie de Massachusetts. C’est la forme démontrée dans la Constitution des Etats-Unis, par l’administration Lincoln, la forme voulue par l’administration Winthrop et réalisée par l’administration Roosevelt.

Nous avons toujours compris cela, aux États-Unis, du moins ceux d’entre nous qui sommes suffisamment vieux pour avoir connu la Deuxième Guerre mondiale. A l’époque, nous savions ce qu’il fallait faire, du moins en grande partie. Depuis, nous avons emprunté une mauvaise voie et nous avons commis autant d’erreurs que les autres. Nous devons en tirer la leçon et nous attaquer au vrai problème. Cela veut dire reconnaître le visage de l’ennemi : c’est l’oligarchie financière, basée dans l’empire britannique – encore bel et bien vivant – qui contrôle l’Europe et une bonne partie des États-Unis aujourd’hui.

Ainsi, nous restons là comme des idiots, comme les nations qui s’entretuaient dans la guerre de Sept Ans en Europe. Nous cherchons un ennemi à tuer, un ennemi à haïr et nous consacrons notre énergie à vouloir obtenir une victoire sur l’ennemi choisi pour en faire une victime ! Nous ne poursuivons pas consciemment, avec une intention efficiente, l’intérêt pour lequel nous devons nous battre : le bien-être de l’humanité dans son ensemble, la notion de la nécessaire souveraineté des nations, car sans le facteur culturel de la souveraineté, la créativité humaine ne peut pas avancer !

La créativité humaine est fonction de la capacité de l’esprit humain à innover en toute liberté, pour apporter des contributions qui sont acceptées et démontrées comme étant utiles pour l’humanité dans son ensemble. Nous avons besoin de souveraineté nationale, car nous avons besoin que les peuples participent dans leur propre culture. Autrement, leurs pouvoirs créateurs ne se manifestent pas.

Nous, Américains, avons une position privilégiée, potentiellement, si nous nous débarrassons de ce Président, qui n’est pas vraiment un Président mais une maladie. C’est un malade mental qui, en vertu du 25e amendement, Section 4, de la Constitution, peut être écarté de la présidence. Nous avons un aliéné mental bien malade en la personne de Barack Obama.

C’est un cas pathologique, comme Adolf Hitler en fut un exemple extrême, et il se dirige dans la même direction.

Le danger est que, sous pression, il tente, poussé par les Britanniques, d’organiser de nouveaux types de guerres et de conflits dans l’espoir de contrôler la société, suivant la même approche employée par la monarchie britannique dans la guerre de Sept Ans : fomenter des conflits entre ses futures victimes ! Qu’elles s’entretuent pendant que vous en tirez tout le bénéfice.

Connaissant les faiblesses des Européens – le fait qu’ils ne comprennent pas la différence entre un système monétariste et un système de crédit – si nous, aux Etats-Unis, faisons notre boulot, celui qui convient tout particulièrement à notre nature et à notre histoire, si nous mettons en œuvre un Glass-Steagall et mettons ce bon à rien de Président dans une institution mentale appropriée, alors nous aurons mis en œuvre la seule option permettant à l’Europe de survivre.

Si nous créons le précédent, l’Europe n’aura pas le choix. Elle devra admettre que le dollar américain, dans le cadre d’une telle réforme, est un facteur qu’on ne saurait ignorer. Elle ne pourra ignorer que la Chine regarde de près les États-Unis, se demandant si notre pays va retrouver ses esprits, ce qui permettrait à la Chine de pousser un gros soupir de soulagement et à d’autres nations aussi.

Il appartient aux États-Unis de remplir ses devoirs envers toute l’humanité, devoirs qui leur reviennent historiquement, de par la fondation historique des États-Unis, tout d’abord sous la forme de la Colonie de la Baie de Massachusetts, jusqu’à l’abrogation de la Charte par Guillaume d’Orange, le représentant sur le continent européen du nouveau Parti vénitien. Il s’agit de la même école d’usure de la vieille Venise, celle qui fut l’objet d’un accord entre le prince Philippe de Macédoine et l’empereur perse. Cet accord établissait la tyrannie impériale européenne dans une forme basée sur le principe oligarchique : l’oligarchie doit tout contrôler et garder le pouvoir sur les moutons en amenant les pauvres bêtes, prises de folie, à s’entretuer.

La nation au-dessus du parti

Nous, Européens de part et d’autre de l’Atlantique, devons grandir, devenir adultes et reconnaître notre devoir mutuel. Les États-Unis doivent reconnaître leur devoir historique envers l’Europe à cet égard, et inversement.

Ensemble, par cette approche, même en cette heure sombre où nous nous trouvons, nous pourrons survivre. La civilisation européenne pourra reprendre son élan. La chance est là ! Ce qui manque, c’est la compréhension, la volonté et les formes de coopération qui nous permettront de la saisir pour nous permettre de résoudre le problème.

Car le problème est intrinsèquement soluble. En avons-nous l’intelligence et le courage ? C’est la seule question, et c’est ce que nous faisons avec le Glass-Steagall aux États-Unis, avec cependant certaines complications, dont je n’ajouterai qu’un aspect notable.

Le problème que j’ai avec le gouvernement américain est notre système de partis. Dans le cadre du libéralisme, la vérité n’existe pas. Telle est la doctrine du libéralisme britannique : il n’y a pas de vérité. Lisez Adam Smith et la description qu’il en donne : l’homme est incapable de connaître la vérité, il ne peut connaître que le plaisir ou la douleur ! Dans le système britannique – encore appelé libéralisme britannique – il n’existe pas de frontières principielles, pas de loyautés, pas de vérité, il n’y a que plaisir et douleur.

Ainsi, si un gouvernement veut devenir tyrannique, il doit distribuer du plaisir, tel qu’il le définit – et de la douleur, pour ceux qui n’aiment pas le plaisir.

De ce fait, pour ceux qui sont lui sont affiliés, l’intérêt du parti (et c’est vrai aussi pour l’Europe) devient plus important que la nation. Aussi, lorsqu’on les met le dos au mur, ils demandent : « Si c’est bon pour la nation, nous le soutiendrons peut-être, mais est-ce bon pour notre parti ? » En Europe, on trouve la même chose. Les gens disent : « Nous devons nous serrer les coudes. Oui, nous aimerions travailler avec ces gars, mais nous devons aussi défendre notre ligne, n’est-ce pas ? Les membres du parti ne doivent pas se disperser, et ceux qui n’acceptent pas la ligne doivent partir. » C’est cette manifestation de couardise que l’on constate chez le sénateur du Massachusetts : c’est un couard qui a menti sur la question de la guerre en Libye, en soutenant qu’il ne s’agit pas vraiment d’une guerre : comme si c’était une œuvre d’intérêt général !

C’est une guerre meurtrière ! Et elle s’étend sans objectif. Il n’y a aucune raison de mener cette guerre. Nous pouvons régler le problème autrement. Si nos nations s’accordaient pour dire qu’il y a une maladie parmi elles, elles pourraient décider conjointement, à bon droit, de prendre des mesures, de préférence sans intention homicide, de façon à faire comprendre à toute force dévoyée dans une quelconque nation, que son avenir sera un enfer si elle ne change pas de comportement. Nous avons la possibilité de le faire. Nous pouvons orchestrer un certain environnement, si nous comprenons l’enjeu. Rien ne nous oblige à tuer. Mais la doctrine qui règne veut que « tuer, tu peux le faire si ça te dit ».

Cependant, il faut surmonter l’esprit partisan des partis en matière de décisions nationales. Celles-ci doivent être prises par le peuple, par les institutions, pas par le parti. Les partis ne sont utiles

que dans la mesure où ils servent les objectifs de la nation, en ouvrant et forçant le dialogue, en vue de trouver la voie vers l’intérêt commun, non pas celui de l’opinion mais de l’humanité.

Sauver l’humanité

Voilà le test : que faisons-nous pour l’espèce humaine ? Faisons-nous en sorte qu’elle soit mieux nourrie, mieux éduquée ? Nous donnons-nous les moyens de prévenir les dangers grandissants émanant du changement de position du système solaire par rapport à la galaxie ? Agissons-nous en ce sens ?

Nous avons besoin d’un programme à la pointe de la découverte scientifique et technologique. Nous en avons besoin avant même l’énergie thermonucléaire, et après elle. Sans accroissement notable de la puissance de l’humanité par individu et par kilomètre carré, nous ne pourrons assurer la perpétuation des générations futures de l’espèce humaine.

Nous entrons dans une période dangereuse. L’histoire et la science nous rappellent que l’humanité est la seule espèce qui soit capable de survivre aux grandes extinctions. Environ 95% de toutes les espèces ayant existé ont disparu, incapables de faire face aux conditions de l’univers les entourant. Ainsi, notre mission consiste à accroître le pouvoir de l’humanité, non pas sur les autres hommes, mais sur les forces qui nous menacent, dans la galaxie et au-delà. Rappelez-vous que l’existence de l’humanité sur cette planète ne date que de quelques millions d’années. Avant cela, 95% de toutes les espèces ont été exterminées, dont les dinosaures. Et nous nous dirigeons vers certaines conditions que l’espèce humaine n’a jamais connues, dans le cadre d’un cycle de 62 millions d’années en vigueur dans notre galaxie.

On ne peut donc pas rester tranquillement assis, à tricoter, et prétendre protéger l’humanité de l’extinction. Nous sommes dotés d’une arme, l’esprit conscient et créateur de l’individu humain. Nous pouvons accroître notre pouvoir de protéger l’humanité. Nous en avons les moyens. Avec les progrès scientifiques contribuant à développer ces capacités, nous pourrons sauver l’humanité !

Nous maintiendrons des États-nations souverains, si nous sommes sages, car c’est au sein des cultures nationales respectives que demeure le pouvoir de créer.

Nous pourrons réaliser tout cela. Il suffit que nous nous élevions au-dessus des considérations mesquines qui attirent les gens vers la folie. Avoir un âne, ce n’est pas un problème, mais ne vous mariez pas avec !