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Crise économique : la main tendue de la Chine à l’Amérique

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S&P—Les Chinois sont bien conscients que malgré l’apparente homogénéité de l’hystérie anti-russe et anti-chinois parmi les élites américaines (et européennes), il existe encore au sein de l’administration Trump une volonté de ne pas se laisser entraîner dans une logique de confrontation. Et ils font feu de tout bois pour pousser dans ce sens.

En effet, quelques jours après le délire « MacCarthyste » du directeur du FBI, Christopher Wray, où il avait dénoncé devant la Commission du renseignement du Sénat l’espionnage chinois opérant sur le sol américain par le biais des milieux culturels et universitaires, le président Trump a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il n’a pas l’intention de se prêter à ce « China bashing », qui fait chauffer les esprits dans la capitale américaine ces dernières semaines. « Ma relation avec [le président chinois] Xi est extraordinaire. Je l’aime bien, et je crois bien que c’est réciproque », a-t-il affirmé. « Je pense que nous pouvons établir une bonne relation avec la Chine, et j’espère que ma relation personnelle avec Xi le permettra ».

Le conseiller économique du président chinois, Liu He, qui avait représenté la Chine au Forum de Davos, est actuellement aux États-Unis pour une visite officielle de cinq jours, afin de s’entretenir avec des responsables de l’administration Trump sur des questions économiques et commerciales. D’après le ministère chinois des Affaires étrangères, cette visite a lieu à l’invitation du gouvernement américain. Dans une tribune du 27 février intitulée « La visite de Liu aux États-Unis a pour but d’apaiser les tensions », le quotidien chinois China Daily souligne le fait que le voyage de Liu fait suite à celui du conseiller d’État Yang Jiechi, il y a deux semaines, où d’importantes avancées avaient pu être réalisées dans la relation sino-américaine. Pour Wu Xinbo, directeur du Centre d’études américaines de l’Université Fuban de Shanghai, « Beijing et Washington ont trouvé un moyen de renforcer leur confiance mutuelle – principalement grâce à des rencontres régulières entre des responsables-clés des gouvernements ». Autrement dit, les présidents Xi et Trump prennent soin de maintenir un lien direct et permanent de communication afin de développer leur « excellente » relation personnelle, entamée en avril 2017 à Mar-a-Lago en Floride, puis lors de la visite de Trump en Chine en novembre dernier.

Le Global Times remarque que les visites de Yang Jiechi et de Liu He – « très inhabituelles » – reflètent le point crucial auquel se situent actuellement les relations bilatérales, et montrent que la Chine « espère pouvoir rétablir dès que possible des relations meilleures et plus stables avec les États-Unis ».

Ne pas laisser passer le train

Le professeur Wang Yiwei, directeur l’Institut des Affaires internationales à l’Université chinoise de Renmin et auteur du livre « La ceinture et la route : ce que la Chine offre au monde à travers son ascension » (2016), s’attaque aux peurs des Européens et des Américains vis-à-vis de l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la soie (BRI – « Belt and Road initiative »), qui sont selon lui infondées et surtout suicidaires. Dans une tribune publiée le 27 février dans le China Daily sous le titre « l’initiative n’est pas une menace pour l’Ouest », Wang écrit qu’avec cette initiative, « la Chine ne répète pas les vieux schémas géopolitiques, mais offre plutôt un nouveau modèle de coopération gagnant-gagnant ».

«  En raison du manque de confiance en leur propre modèle de développement », continue le professeur, « les pays occidentaux manifestent leur inquiétude face au modèle de développement chinois, étendu ces dernières années à la [BRI]. Étant donné les capacités immenses acquises par la Chine dans la construction d’infrastructures, l’avancement de cette initiative renforcera certainement la connectivité entre la Chine et le reste du monde. La Chine n’est pas opposée – au contraire elle se réjouit – à l’idée que les États-Unis coopèrent avec ses alliés afin de lancer leurs propres programmes de construction d’infrastructures à travers le monde. Au fur et à mesure que la BRI progresse de façon irréversible, l’Occident risque non seulement de voir la Chine lui échapper mais aussi le monde, s’il laisse passer les opportunités offertes par l’initiative ».