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Obama achèvera-t-il le coup d’Etat fasciste de Bush et Cheney ?

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Enquête spéciale de l’ Executive Intelligence Review (EIR)
Publiée le 2 septembre 2011


Après avoir fait campagne en promettant cyniquement plus de transparence et un gouvernement plus ouvert, le président Obama est aujourd’hui à la tête d’une offensive sans précédent contre la Constitution américaine, appliquant des lois que même l’équipe Bush-Cheney n’avait pas réussi à imposer.

Et dans cette offensive, son modèle, à lui et ses acolytes à la Maison Blanche et au Département de la justice, c’est une puissance étrangère : la Grande-Bretagne. Si personne ne s’y oppose, l’Administration forcera un Congrès apeuré à adopter une parfaite réplique de la loi britannique de lutte contre l’espionnage, l’Official Secrets Act [OSA, en français : loi relative aux secrets d’Etat - ndt].

Sous cette loi, la liberté d’expression n’existe pas. Tout citoyen osant publier ce que la bureaucratie gouvernementale considère comme « secret d’Etat » y est punissable de graves sanctions. Pire encore, la véracité des révélations n’affecte d’aucune façon la condamnation du suspect.

Ainsi, il apparaît clairement qu’Obama met en place des mesures kafkaïennes d’Etat policier avec l’appui des éléments les plus « durs » de la législature, en particulier le sénateur Joe Lieberman, John McCain et Lindsey Graham.

Alors que ses violations flagrantes de la Constitution (comme la guerre contre la Libye et la mise sur pied d’un comité d’experts, surnommé « super-Congrès », chargé d’appliquer les coupes budgétaires) l’ont rendu passible de destitution, cependant, avec sa campagne visant à imposer une réplique de l’OSA aux Etats-Unis, Obama vient de franchir une ligne rouge.

Il ne s’agit plus de savoir s’il doit être destitué ou non, car la réponse est un « oui » massif. La question est de savoir s’il existe encore un nombre suffisant de membres du Congrès qui prennent leur mandat constitutionnel suffisamment au sérieux pour réagir. Et ceci avant de se retrouver eux-mêmes derrière les barreaux pour avoir osé protester contre le régime toujours plus dictatorial d’Obama.

Ironiquement, l’adoption de cette législation est pour Obama une nouvelle preuve de faiblesse. Comme dans ses précédentes actions anticonstitutionnelles, il se révèle pour ce qu’il est : un instrument captif des Britanniques. Et son narcissisme atteint de tels sommets que ses conseillers les plus proches ont bien du mal à le maîtriser.

Une trahison made in London

Cette tentative d’imposer l’OSA aux Etats-Unis remonte à 2005, à l’initiative d’Alberto Gonzalez, alors ministre de la Justice de George W. Bush. Dans un article paru dans Harpers Magazine du 21 avril 2007, le professeur de droit Scott Horton, de l’Université de Columbia, relate la visite de Gonzalez à Londres en 2005, où il rencontre le ministre de l’Intérieur de Tony Blair ainsi que son ministre de la justice, Lord Peter Goldsmith. Ce dernier est connu pour avoir étouffé, au nom de la sacro-sainte « sécurité nationale », l’enquête du Serious Fraud Office (police financière britannique) sur une gigantesque affaire de corruption d’Etat et d’argent sale lié aux ventes d’armes de la société britannique BAE Systems. D’après des témoins, Gonzalez a longuement interrogé les responsables britanniques au sujet de l’OSA et de son implantation aux Etats-Unis. Dans son récit publié par Harpers , Horton cite un haut fonctionnaire britannique présent lors de la rencontre Gonzalez-Goldsmith :

C’était vraiment assez époustouflant. Gonzalez était obsédé par l’OSA. En particulier, il cherchait à savoir comment cela permettrait d’empêcher des journaux et des animateurs de télévision de développer des sujets à partir de secrets officiels et comment l’OSA permettrait de criminaliser des personnes dont le métier n’était pas formellement de garder des secrets d’Etat. Il le considérait comme la panacée à ses problèmes : faire taire la presse. Ensuite, on peut torturer et faire tout ce qu’on veut avec des prisonniers sans craindre de répercussions politiques. C’était la voie la plus confortable pour traiter le dilemme de Guantanamo. Ne fermons pas Guantanamo, fermons la presse ! On était stupéfait, mais pas surpris.

Dans une interview pour l’émission This Week de la chaîne de télévision ABC , on demanda à Gonzalez s’il pensait que le gouvernement avait l’autorité pour museler la presse et l’empêcher de révéler des secrets d’Etat. « Cela dépend des circonstances , répondit-il alors. Il existe certaines dispositions dans la loi qui, si on les examine attentivement, semblent indiquer que cette possibilité existe. Cependant, la décision d’adopter une telle législation appartient au Congrès. Nous avons le devoir d’appliquer ces lois. ».

Ce n’était pas des paroles en l’air. Le Département de la Justice examinait déjà dans plusieurs affaires l’application de la loi contre l’espionnage (Espionage Act of 1917), notamment dans l’inculpation en mai 2005 de l’analyste du Pentagone Larry Franklin et de deux responsables de l’organisation AIPAC (America Israel Public Affairs Committee), accusés de transmettre des secrets d’Etat au gouvernement israélien.

Le professeur Horton décrit comme suit la tactique de Gonzalez :

Au lieu de demander au Congrès d’adopter l’OSA, demande qui aurait certainement été rejetée, Gonzalez décida de fabriquer sa propre législation, entièrement nouvelle. En partant de la loi contre l’espionnage de 1917, il lui inclura l’essence de l’OSA et tentera de faire avaliser son interprétation par les districts judiciaires à la botte de l’administration Bush, c’est-à-dire le District oriental de la Virginie et le Quatrième Circuit [Cour d’appel - ndt].

Alors que la plupart des observateurs, lassés par l’influence souvent excessive de l’AIPAC sur les membres du Congrès et la Maison Blanche, voyaient d’un bon œil l’affaire Franklin et l’inculpation de Steven Rosen et Keith Weissman, deux responsables d’AIPAC, seule une petite poignée de constitutionnalistes commençait à flairer ce que l’Administration Bush avait réellement en tête avec cette nouvelle interprétation de la loi anti-espionnage. En fin de compte, Franklin fit un arrangement avec les procureurs fédéraux et la procédure contre Rosen et Weissman fut abandonnée.

Cependant, avant d’en arriver là, Paul McNulty, l’Attorney du District oriental de la Virginie (promu ultérieurement à la tête de la Division criminelle du département de Justice), a introduit une motion qui développe l’argumentation spécifique permettant l’application d’une loi anti-espionnage comme l’OSA.

Pour citer une fois de plus l’article de Horton dans Harpers :

Le gouvernement soumet respectueusement l’argument que "toute personne ordinaire douée de sens commun" (…) conviendrait que des fonctionnaires étrangers, des journalistes ou autres personnes sans lien avec le gouvernement des Etats-Unis, ne soient pas habilités à recevoir des informations concernant notre défense nationale.

Obama plus fort que Bush

Alors que Bush était encore Président, l’Attorney General Gonzalez et son successeur Michael Mukasey accélérèrent le mouvement pour adopter l’OSA en lançant des procédures contre un grand nombre de whistle-blowers [dénonciateurs qui « tirent la sonnette d’alarme » - ndt] en faisant appel à la loi anti-espionnage.

Citons deux cas notoires avant le départ de Bush : celui de Thomas Drake, du National Security Agency (NSA), et de Jeffrey Sterling, un officier de la CIA, tous deux soupçonnés d’avoir laissé filtrer à des journalistes du Baltimore Sun et du New York Times, des informations concernant des programmes secrets ratés et des opérations carrément criminelles des services secrets.

Cependant, tout au long des derniers mois de l’Administration Bush, les procureurs fédéraux du département de la Justice refusèrent de poursuivre. Steven Tyrrell, chef de la section chargée de la fraude criminelle au département de Justice, quitta même son poste en laissant à ses successeurs de l’Administration Obama l’ultime décision sur ces affaires.

Drake et Sterling furent suspendus de leurs fonctions, perdant leur emploi, leur certificat de sécurité et leur retraite. Ils subirent des dommages financiers et psychologiques et sont toujours traînés dans la boue tant que perdurent les accusations.

En 2010, l’Administration Obama, sur la base de la loi anti-espionnage, lança toute une série de poursuites contre des dénonciateurs qui avaient fuité des informations à la presse sur la surveillance illégale, les écoutes téléphoniques et d’autres crimes du gouvernement à l’encontre des citoyens.

En avril 2010, Thomas Drake fut finalement inculpé en vertu de la loi sur l’espionnage pour avoir transmis des informations sur un programme du NSA connu comme « Trailblazer » au journaliste Siobham Borham du Baltimore Sun et à Diane Roark, une membre du staff de la Commission sur le renseignement de la Chambre des représentants.

En mai 2010, Shamai K. Liebowitz, un traducteur du FBI, a plaidé coupable pour avoir passé des informations à un bloggeur. Ses avocats ont avoué lui avoir conseillé de plaider coupable afin d’éviter une peine de prison très longue résultant d’une condamnation sous la loi contre l’espionnage. Ils ne s’étaient pas rendus compte que la plupart des juges fédéraux refusent généralement d’appliquer la loi anti-espionnage pour des « dénonciateurs » de nationalité américaine.

En mai 2010, le soldat Bradley Manning était arrêté et inculpé sous le Code unifié de justice militaire, qui intègre des parties de la loi contre l’espionnage, soupçonné d’avoir fuité des documents classifiés à Julian Assange et Wikileaks .

En août 2010, Stephen Jin-Woo Kim, un contractuel travaillant pour le Département d’Etat, a été inculpé sous la loi contre l’espionnage, soupçonné d’avoir transmis à James Roston, un reporter de Fox News, des informations sur les armes nucléaires de la Corée du Nord.

En décembre 2010, après quatre ans d’enquête, des procureurs fédéraux ont inculpé l’officier de la CIA Jeffrey Alexander Sterling sous la loi anti-espionnage, pour avoir révélé des opérations clandestines de la CIA contre l’Iran à James Risen, un journaliste du New York Times . Cette « fuite », qui aurait eu lieu en 2003, apparut dans un livre de Risen publié en 2006. Pourtant, l’inculpation ne fut prononcée que fin 2010. Parmi les crimes mentionnés figurent une série d’actions parfaitement légales : dépôt de plainte contre la CIA pour discrimination raciale (Sterling est afro-américain), transmission d’informations aux dirigeants des Commissions de surveillance des services de renseignement et demande d’autorisation auprès de la CIA pour écrire un livre.

Les poursuites menées dans le cadre de la loi anti-espionnage se sont effondrées les unes après les autres. En juin 2011, les procureurs fédéraux réduisirent toutes les charges contre Drake à un seul délit : l’utilisation illicite de documents officiels.

Lorsque la sentence fut prononcée, le juge Richard D. Bennett saisit l’occasion pour dénoncer le Département de la Justice, et en particulier le procureur général, William M. Welch, pour procédure abusive. En outre, il rejeta sa demande d’assortir la condamnation d’une peine de 50 000 dollars. « On a infligé à cet inculpé une dévastation financière qui dépasse de loin toute peine que je pourrais lui infliger. Je ne vais pas en rajouter d’aucune façon (…) Ce sont quatre années d’enfer qu’un citoyen a dû traverser. Cette procédure n’était pas très nette. Ça sent mauvais », déclara le juge.

Ensuite, il s’en prit frontalement à la tentative de l’Administration Obama d’imposer sournoisement l’OSA par le biais de la loi anti-espionnage :

Je ne pense pas que la dissuasion doive inclure, pour un citoyen, d’avoir à attendre deux ans et demi après qu’on ait perquisitionné sa maison pour savoir s’il sera inculpé ou non. Je pense que c’est excessif, déraisonnable. Cela touche au cœur de ce contre quoi ce pays a été créé, les « general warrants » [mandat général étendu] des Britanniques. C’est l’un des aspects fondamentaux de la Charte des droits que dans ce pays, on soit protégé contre des gens, mandatés par l’Etat, venant frapper à votre porte pour pénétrer chez vous. Et lorsque cela arrive, cela doit pouvoir se régler rapidement, et certainement pas prendre deux ans et demi avant que les gens sachent s’ils sont inculpés ou non.

Prochainement au Congrès

D’après Scott Horton et d’autres experts des droits civiques, l’affaire Sterling se clôturera de la même façon et portera un nouveau coup aux efforts de l’Administration Obama pour, via des précédents juridiques, faire adopter sournoisement l’OSA.

Les experts s’accordent à dire que l’Administration Obama va certainement soumettre une législation OSA au Congrès. Trois sénateurs de premier plan, McCain, Lieberman et Graham, ont particulièrement souffert des révélations de Wikileaks et appuieraient sans doute la Maison Blanche dans une tentative de supprimer le premier amendement [garantissant la liberté de parole - ndt].

En août 2009, une dépêche du Département d’Etat, rendue publique par Wikileaks , avait plongé le trio dans le désarroi. Le message décrivait en détail une visite en Libye où les trois législateurs avaient pu s’entretenir avec Kadhafi et faisaient son éloge en tant qu’allié essentiel des Etats-Unis dans la guerre globale contre le terrorisme. Ils défendaient également l’aval donné par le Congrès à des ventes d’armes, y compris des armes de « contre-insurrection » permettant de réprimer d’éventuelles émeutes populaires contre le régime.

D’après les experts juridiques et des sources haut placées du renseignement américain, depuis le 11 septembre, l’Administration Bush autant que celle d’Obama s’adonnent systématiquement au mensonge et, pour en cacher les traces, dissimulent leurs crimes au nom de la « sécurité nationale ».

Ayant échoué dans leur tentative de forcer les cours fédérales à avaliser une interprétation erronée et inconstitutionnelle de la loi anti-espionnage, afin de mettre au pas des dénonciateurs légitimes, ils s’apprêtent maintenant à pousser le Congrès à piétiner la Constitution.

La destitution d’Obama est peut-être la seule chose qui permettra d’écarter ce danger mortel pour la République américaine et sa Constitution.