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La question du Xinjiang et des Ouïghours

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Christine Bierre éditrice-en-chef
du journal Nouvelle Solidarité

Nous présentons ci-contre une vidéo diffusée par la CGTN (chaîne de télévision chinoise à l’internationale) sur le problème du terrorisme au Xinjiang, qui contient du matériel filmé inédit.

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Cliquez sur l’image ou ICI pour visionner la vidéo de la CGTN sur le problème du terrorisme au Xinjiang.

En 2017, le Pentagone a diffusé dans différents documents officiels, l’analyse que le retour de la Russie et de la Chine sur la scène internationale, et leur ambition de contester les règles de l’ordre néolibéral mondial, ouvrait une nouvelle période, dite de compétition entre grandes puissances, pour l’hégémonie du monde. Si ces instances américaines, appuyées par celles du Royaume-Uni, n’utilisent pas encore le mot « ennemis » à leur encontre, d’ores et déjà l’hallali est sonné pour employer tous les moyens – propagande, sanctions économiques et politiques – permettant de reprendre la main sur ces pays qualifiés de « régimes autoritaires » et « révisionnistes ».

C’est dans ce contexte qu’on a vu les officines de propagande américaines, notamment la NED (National Endowment for Democracy) et leurs machines à « révolution de couleurs », ainsi que le Congrès américain, ouvrir les hostilités contre la Chine dans deux endroits particulièrement sensibles pour ce pays : Hong Kong, où la Grande-Bretagne cogère avec la Chine le délicat processus d’adhésion à cette dernière jusqu’en 2047, et le Xinjiang, où les États-Unis cultivent depuis des années, des éléments radicaux de la minorité Ouïghour, aujourd’hui regroupés au sein du Congrès Ouïghour Mondial (COM).

Erkin Alptekin, le premier président du COM, lors de sa fondation, en Allemagne, en 1991, travaillait pour Radio Free Europe/Radio Liberty, une radio animée par l’US Information Agency (USIA). La mission explicite de cette agence, à cette époque, était « de comprendre, d’informer, et d’influencer des publics étrangers, dans la promotion de l’intérêt national des Etats-Unis ». En 2006 Alptekin est remplacé par Rebiya Kadeer, exilée Ouïghour basée à Washington où elle présidait l’Association Ouïghour Américaine (AUA).

Ce n’est un secret pour personne que ces associations reçoivent d’abondantes subventions de la NED. En 2018, la NED confirme elle même avoir donné au COM deux contributions de plus de 300 000 dollars chacune pour la cause !

Un autre organisme basé aussi à Washington, le Chinese Human Rights Defenders (CRDH), qui a joué le rôle de lanceur d’alerte sur les « camps de détention » du Xinjiang, reçoit des financements encore plus importants de la NED. Un rapport de The Grayzone révèle qu’entre 2012 et 2016, le CRDH a touché environ 500 000 dollars annuels de la NED.

Le Xinjiang partage des frontières avec 7 pays de l’Asie centrale (Pakistan, Afghanistan, Inde, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, et Mongolie).
Le Xinjiang partage des frontières avec 7 pays de l’Asie centrale (Pakistan, Afghanistan, Inde, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, et Mongolie).

Rien n’est dit dans ces campagnes de presse, sur l’ampleur terrifiante des attentats terroristes, commis par des éléments extrémistes ouïghours au Xinjiang depuis les années 1990, avec des méthodes qui ressemblent à s’y méprendre aux attentats qu’a connu la France depuis 2015 : attaques des foules à la voiture bélier, meurtres indiscriminés des passants à la hache ou à la machette, ainsi que des attentats à la bombe. Rien n’est dit, non plus, sur le fait que des extrémistes Ouïghours, affiliés au Parti Islamique du Turkestan (PIT), appelé aussi Mouvement pour l’indépendance du Turkestan oriental (MITO), ont envoyé un fort contingent de combattants – certains parlent de 10 000 individus – combattre aux côtés d’Al-Qaïda en Syrie, dans l’objectif avoué explicitement de s’aguerrir pour pouvoir s’en prendre ensuite à la Chine, au Xinjiang.

Depuis, a déferlé toute une campagne internationale, via tous les organes de propagande médiatique associés à ces révolutions de couleurs, pour dénoncer l’emprisonnement de plus d’un million de ouïghours dans des camps de détention et d’endoctrinement dans le Xinjiang et la volonté de la Chine de s’en prendre aux musulmans et d’effacer leur culture à tout jamais.

La Chine rétorque à juste titre que :

  • Au Xinjiang, elle ne combat ni les Ouïghours, ni les musulmans, mais un mouvement terroriste soutenu par des puissances étrangères. D’ailleurs, toute tentative d’accuser la Chine de vouloir éliminer la culture et la religion de ses nombreuses minorités, est risible, face à l’effort considérable qu’elle mène au niveau national pour protéger le patrimoine culturel de toutes ses minorités et pour assurer non seulement la liberté mais aussi la pratique des cultes, en contribuant à la modernisation des locaux et à la diffusion gratuite du Coran. La Chine n’intervient que lorsque, sous couvert de pratique religieuse, prospèrent le séparatisme ou l’extrémisme.
  • Notons, avant de jeter la pierre aux Chinois, que les mêmes considérations, délicates sans aucun doute, ont poussé la France à fermer des mosquées, où les prêches tournaient aux appels à la haine contre « les infidèles ». Des recherches sérieuses sont aussi conduites, en France et dans d’autres pays qui ont subit ces attentats et où de pans entiers de la population ont été radicalisés par l’extrémisme religieux profitant des mécontentements économiques, sociaux ou politiques, pour savoir comment les inciter à retrouver un rôle positif au sein de la société. Quelques dizaines de djihadistes français se retrouvent actuellement dans les prisons syriennes et le gouvernement français a décidé de les faire juger sur place, car, a dit Jean-Yves Le Drian ministre des Affaires étrangères, ce sont des terroristes, des ennemis qui ont combattu avec Daech. Sauf que sur place, ils sont passibles de la peine de mort, ce qui n’est pas le cas en France. Voyons donc, le type de difficultés, auxquels cet extrémisme religieux confronte nos États de droit.
  • La Chine attire l’attention sur le fait que le Xinjiang, partage des frontières avec 7 pays de l’Asie centrale (Pakistan, Afghanistan, Inde, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, et Mongolie), où le djihadisme et le terrorisme sont endémiques, depuis l’époque où les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ont utilisé les services des djihadistes pour combattre les Soviétiques en Afghanistan ; depuis aussi la dissolution de l’URSS qui a créé des situations d’instabilité dans certains de ces pays ;
  • A la campagne menée par les néo-conservateurs américains contre la Chine, les responsables chinois ont répondu, à juste titre, que les Etats-Unis dans pareils circonstances, ont choisi comme seule méthode d’action, celle de bombarder les Etats accusés d’héberger les terroristes, jusqu’à les réduire à néant : l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Afghanistan...

Au contraire, la Chine, consciente que la pauvreté est l’un des éléments dont profitent les extrémistes religieux pour recruter, oriente ses efforts de lutte contre le terrorisme, vers le développement économique des populations particulièrement exposées à ce phénomène.

C’est le cas du Xinjiang notamment, et du Gansu, où il y a aussi une minorité bouddhiste, deux régions de l’Ouest de la Chine, particulièrement défavorisées jusqu’à récemment, auxquelles la Chine consacre d’importants efforts pour relever le niveau de vie et de qualification depuis quelques années. Aujourd’hui ces provinces ont été désenclavées grâce à la Voie Express routière, ouverte en 2017 entre Beijing et Ürümqi, capitale du Xinjiang – 2540 km de longueur – et par le TGV Beijing-Lanzhou. De plus, aussi bien dans le Gansu qu’au Xinjiang, les réseaux routiers ont été modernisés, avec stations de service et aires de repos. Au Xinjiang, les touristes se bousculent désormais pour pouvoir le visiter, apportant de très utiles devises pour la population locale. Les deux régions sont particulièrement concernées en plus, par le projet national visant à éliminer la pauvreté extrême en 2020.

C’est donc dans un contexte de hausse du niveau de vie, et des projets d’avenir comme celui de l’Initiative une ceinture et une route qui apporte déjà et qui apportera un progrès considérable à cette région, que les centres vocationnels, partiellement fermés, visant des populations qui, dans le Xinjiang, se sont rendus coupables de crimes mineurs dans le contexte d’opération terroristes et qui ont manifesté leur volonté de changer, ont été créés. Là, ils sont informés sur les lois de la Chine (les droits et les devoirs) ; ils apprennent le Mandarin, à côté de leur langue maternelle, et reçoivent des formations professionnelles leur permettant d’avoir accès à un emploi selon les conditions du marché (industrie, tourisme, etc.). Ceux qui se sont rendus coupables de crimes aggravés, subissent, par contre, le poids entier de la loi.

La Chine, un pays de 1,4 milliards de personnes, qui a déjà pu sortir 800 millions de personnes de la pauvreté extrême dans un temps record, agit à sa façon, pour résoudre ses problèmes. Nous aurions peut-être notre propre façon de faire. Le problème en Occident est que non seulement nous avons été incapables d’enrayer la montée de l’extrémisme dans nos banlieues, mais aussi de mettre fin au chômage et à la chute du niveau de vie que subit toute notre population, sans parler de nous doter d’un rêve permettant d’avoir un avenir fleurissant, comme celui que la Chine promet à son peuple.

Et si, à la place de vouloir stopper le développement d’autres pays, comme la Chine notamment, par des moyens machiavéliques, nous nous mettions à résoudre nos problèmes et à imaginer un rêve pour nos pays ?