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Editorials of/ Editoriaux de Gilles Gervais
Les Premières Nations : une question de loi naturelle

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Ndlr—Nous publions de nouveau cet éditorial du 2 février 2013 intitulé « Les Premières Nations : une question de loi naturelle ».

En février 2013, cet éditorial se voulait une réponse de sortie de crise par le haut, un énoncé de principe et de solution fondamentale sur le long terme. Les revendications autochtones au début 2013 avaient fait les manchettes sous le nom du mouvement « Idle No More ».

En février 2020, les changements exigés ne sont pas exactement les mêmes qu’en 2013, mais la solution doit, encore aujourd’hui, être abordée à partir de principes qui vont bien au-delà des Proclamations royales, des Traités, de la Loi sur les Indiens, des Conventions signées, et même au-delà de la Constitution canadienne !

Les principes de la loi naturelle invoqués ici sont ceux qui ont été élaboré par le grand philosophe et génie universel Wilhelm Leibniz au XVIIè siècle et sont les principes qui sous-tendent la Paix de Westphalie, qui mit fin à plus de cent ans de guerres religieuses en Europe.

2 février 2013

Les statistiques fédérales de 1973 indiquaient que le taux de mortalité infantile chez les Premières Nations était de 62.12 enfants sur mille comparativement à 15.3 enfants pour l’ensemble des Canadiens. Le taux de chômage de la population autochtone en milieu urbain était de 68%. Parmi la population autochtone active sur le marché du travail, 90% n’avaient pas reçu de formation pour un emploi qualifié. En matière de logement, 10% des foyers autochtones étaient composés d’une seule pièce. En moyenne, il y avait 5.5 personnes par foyer et 90% des foyers faisaient moins de 45 mètres carrés et 60% des foyers n’avaient pas d’électricité.

Toujours en 1973, quatre fois plus d’autochtones mouraient d’homicide, de suicide ou de crime violent que l’ensemble des Canadiens. Entre 1944 et 1975, seulement 526 autochtones ont gradué d’universités canadiennes—moins de 17 par année.

En 1968, le Ministre des affaires indiennes estimait que le revenu moyen des autochtones en milieu rural était de $200 par année, une somme à peu près égale à celle des populations autochtones de la Bolivie, l’Équateur et le Guatemala, trois pays parmi les plus pauvres des Amériques.

Aujourd’hui la question n’est pas de se donner bonne conscience en affirmant que les conditions de vie des populations autochtones se sont améliorées depuis 1973 mais plutôt de se demander comment nos institutions ont-elles pu permettre cette politique éhontée envers les Premières Nations de perdurer ? Pourquoi des générations d’autochtones ont été isolées et tenues à l’écart du patrimoine scientifique mondial ? Qui a empêché que ne surgisse parmi les Premières Nations un Nelson Mandela, un Vaclav Havel ou un Martin Luther King qui nous enseigna « qu’une injustice envers un des nôtres est une injustice envers nous tous ».

La Proclamation Royale de 1763 ainsi que les traités subséquents et la reconnaissance des droits ancestraux ne peuvent adresser ces questions fondamentales.

Les Premières Nations ont élaboré une stratégie légale et fondé beaucoup d’espoir sur le respect des traités, l’interprétation de la Constitution et de la Charte. Avoir gardé une confiance aveugle envers la monarchie britannique comme garante de leurs droits, leur a été fatal. Si la monarchie peut sembler être sympathique à la cause des populations autochtones, ce n’est aucunement par altruisme, compassion ou un désir d’équité ou de remédier à une injustice. À ce jour, la monarchie britannique applique une politique néo-malthusienne de dépopulation globale, d’où découle leur « alliance tactique » avec un certain nombre de populations ayant des cultures traditionnelles ainsi que les mouvements qui prônent un retour à la terre et un mode de vie plus simple.

C’est comme si les Premières Nations refusaient de voir la preuve historique amplement documentée contre celle qu’ils appelaient au XIXe siècle leur « Great White Mother, la Reine Victoria qui fut la tête dirigeante de l’empire le plus meurtrier de l’histoire.

Seuls des États-nations souverains sont en mesure de créer les conditions par lesquelles les droits inaliénables de l’homme, considérés par les pères fondateurs américains comme étant la vie, la liberté et la recherche du bonheur, peuvent être sauvegardés alors que cela est impossible sous un système d’empire.

La situation stratégique mondiale actuelle nous confronte tous

Ce système d’États-nations souverains, appelé système du Traité de Westphalie, aussi imparfait soit-il présentement, est menacé de disparition dans les prochaines semaines et mois à venir résultat d’un cancer monétariste qui s’est propagé a travers le système. L’effondrement non contrôlé de cet empire financier centré à « la City », avec ses appendices à Wall Street et dans les paradis fiscaux, risque d’engendrer un chaos planétaire d’une telle ampleur que c’est l’espèce humaine elle-même qui risque de disparaître !

Une victoire contre les États-nations de S.A.R. Élisabeth II et de tout ce qu’elle représente en tant que « primus inter pares  » de cette oligarchie financière d’un nouvel empire britannique signifierait la fin de tout espoir de changement en faveur d’un affranchissement et d’une Renaissance culturelle et scientifique pour le Canada et les Premières Nations !

Nous assisterions alors à la mise en œuvre par l’oligarchie d’une politique accélérée de réduction de la population mondiale, qui passerait en moins d’une décennie, de plus de 7 milliards à moins de 2 milliards : un génocide sans précédent résultat soit d’un conflit nucléaire des puissances de la région transatlantique contre la Russie et la Chine, et/ou des famines engendrées par une combinaison de politiques de guerre permanente, de développement durable et d’économie verte.

La seule stratégie qui puisse défaire l’empire britannique, sans engendrer un chaos planétaire, est de faire front commun et de former une communauté de principe d’États-nations souverains capable de mettre en place un système Glass-Steagall global.

Lyndon LaRouche, homme d’État et auteur d’un Projet de Constitution du Commonwealth du Canada, écrivait en 2007 un court texte prémonitoire dont voici quelques extraits :

La force du destin : le pouvoir de la loi naturelle

« Les idiots savants et chicaniers se trompent lorsqu’ils croient que la loi suprême des nations, même celle que l’on appelle par erreur « loi naturelle » ou « loi constitutionnelle », est élaborée selon les modalités d’un contrat négocié, comme on signe un acte de vente ou un contrat commercial. Cette loi est l’apanage du Créateur de cet univers et aucun juge, avocat ou législateur ne peut prévaloir longtemps sur Lui.

« Avec la crise globale d’un système monétaire-financier mondial qui s’est condamné lui-même, nous voilà face à l’absurdité des corps de lois habituellement enseignés. La loi naturelle nous est connue à travers la découverte par l’homme de la loi inhérente à l’ordre de la création universelle, telle, par exemple, la découverte du principe de gravitation universelle par Johannes Kepler. Telle est la loi naturelle, à laquelle toute autre forme de loi adoptée est inférieure, moralement et à tout point de vue.

« L’humanité ne peut fabriquer une telle loi, elle doit découvrir ce qui a été implicitement créé.

« … Aujourd’hui, des puissances financières exercent un contrôle effectif sur les institutions de nombreux pays parmi les plus influents, faisant prévaloir leurs propres intérêts au détriment du droit naturel et constitutionnel de ces gouvernements qu’on considérait jadis comme représentant des États-nations souverains. Les droits que revendiquent ces pouvoirs financiers prédateurs ont servi de prétexte au pillage implicitement meurtrier du plus grand nombre et à la spoliation des droits naturels des peuples, droits qui avaient été dûment établis par mesures gouvernementales.

« …Ceux qui malmènent la loi pour voler le bien des nations et de leurs peuples, seront d’autant plus sévèrement punis qu’ils auront promu une conception corrompue du droit afin de perpétrer des crimes contre l’humanité, comme les fonds spéculatifs et autres prédateurs le font encore aujourd’hui.

« … Il n’existe dans l’univers aucune puissance pouvant outrepasser les droits inhérents à la nature innée des capacités intellectuelles créatrices de l’individu, et qui place l’humanité au-dessus de toute autre forme d’existence.

« Que les juges et les législateurs corrompus et leurs complices tremblent en réfléchissant à cela. Vous voulez prétendre connaître la loi ? Eh bien, la loi, la voilà. »

Culture universelle et les Premières Nations

Pour de nombreux autochtones la culture semble être un ensemble de croyances, une sorte de « collection objective » d’Artefacts, alors qu’en réalité toute culture doit être associée à un processus de développement. À chaque étape de ce processus il est possible d’évaluer la progression du savoir et la méthode par laquelle ce savoir fut acquis.

Toute grande culture doit pouvoir juger et mesurer le cheminement accompli, comme si nous pouvions du sommet de la montagne de l’évolution nous tourner dans telle ou telle direction, tantôt vers le passé, tantôt vers le présent et tantôt vers l’avenir. Nous pourrions y apercevoir non seulement les frontières des pays mais aussi le déroulement de l’histoire. Nous pourrions ainsi y observer les civilisations passées et juger celles qui par leurs découvertes ont progressé et contribué au progrès de l’humanité.

De même le développement des pouvoirs créateurs de chaque individu devient la source d’inspiration qui nourrie la capacité de l’individu à défendre avec succès ses droits inaliénables et œuvrer pour assurer le progrès continu de sa nation.

Ainsi à travers les enseignements des dialogues de Platon, chaque culture traditionnelle peut se transformer non pas en répudiant le savoir des ancêtres, mais en donnant une signification plus universelle à l’existence des ancêtres et du legs ancestral en bâtissant sur leurs fondations une culture capable de contribuer des avances fondamentales au bien être général de l’humanité. Il incombera alors aux artistes et poètes, comme le firent jadis Dante par sa Divine Comédie et Platon sa République, de raconter cette riche épopée, millénaire, dans un poème épique qui célébrera le développement de l’identité humaine vers les sphères les plus hautes de la raison.

Les individus comme les nations ne valent pas grand-chose s’ils ne sont pas conscients d’exister dans un but plus élevé que la simple préoccupation avec leurs problèmes internes immédiats, aussi urgents qu’ils puissent paraître. Mais si les Premières Nations s’engagent d’elles-mêmes dans une mission commune avec les autres nations de la planète, alors il sera possible dans un proche avenir de mettre fin à la plus grande entreprise criminelle de l’histoire de l’humanité. Cette abomination que représente l’empire britannique (1763-2013) doit-être neutralisée dans les semaines à venir à travers un nouveau système Glass-Steagall global.

L’intérêt propre des Canadiens et des Premières Nations se situe non seulement dans un futur meilleur qu’ils devront léguer à leur postérité, mais également dans nos efforts internationaux communs pour la promotion de politiques qui puissent jeter les bases d’un nouvel ordre économique mondial plus juste. Présentement, c’est l’humanité toute entière qui demande à grands cris de nouveaux flambeaux d’espoir pour un ordre meilleur, plus sur, dans les affaires de l’humanité. S’il est exact que « le nouveau nom de la paix est le développement  », alors il est du ressort des Canadiens et des Premières Nations d’établir le grand projet hydrologique NAWAPA (l’Alliance Nord-américaine pour l’eau et l’énergie) donnant ainsi l’exemple dont l’humanité aujourd’hui en péril a terriblement besoin.