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Afghanistan : les armées partent, mais les bourreaux financiers serrent encore plus la vis !

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Les sanctions imposées à l’Afghanistan par les institutions financières occidentales – Réserve fédérale américaine (Fed), FMI, Banque mondiale, Union européenne – depuis la prise de pouvoir des Talibans, menacent de faire basculer le pays dans une crise humanitaire et économique catastrophique.

La fin des guerres permanentes de l’Otan doit absolument aller de pair avec un changement du système financier et monétaire international, de façon à créer un cadre – par de nouveaux accords de Bretton Woods – empêchant le type de pratiques financières prédatrices et criminelles qui ont dominé le monde depuis plus de quarante ans, et réorientant le crédit et la monnaie vers l’économie productive. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que si Joe Biden a effectivement retiré les troupes américaines d’Afghanistan, les sanctions financières imposées au nouveau régime (et donc à la population afghane) montrent qu’aucune leçon n’a réellement été tirée.

Guerre financière

Dès la prise de Kaboul par les Talibans, la Fed a gelé les 9 milliards de réserves de la banque centrale du pays (réserves or, devises étrangères et autres capitaux) ; le FMI a bloqué l’accès à l’Afghanistan aux 450 millions de dollars de Droits de tirage spéciaux (DTS), et la Banque mondiale et l’UE ont suspendu toutes leurs aides financières.

Largement dépendant de ces aides extérieures (en 2020, elles représentaient plus de 42% du PIB afghan, et les trois quarts des dépenses publiques), le système bancaire afghan est désormais presque entièrement paralysé. Depuis la mi-août, la valeur de la monnaie, l’afghani, a chuté de près de 5% ; et l’économie afghane étant très dépendante des importations, les prix des biens de première nécessité – farine, huile, pain, riz, etc – s’envolent.

Les conditions sont donc réunies d’une véritable catastrophe. Dans son rapport du 9 septembre, l’ONU dresse un tableau apocalyptique de la situation humanitaire : dix millions d’enfants afghans dépendent des aides alimentaires pour survivre, un million souffrent de malnutrition aiguë, et quatre millions sont déscolarisés. 72% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté (fixé par les Nations unies à 2 dollars par personne et par jour), et selon les rapporteurs, les actuelles sanctions risquent d’en faire basculer 25% supplémentaires sous le seuil, et donc de plonger la quasi intégralité de la population dans l’extrême pauvreté. Quatre millions d’Afghans sont menacés de mourir de faim au cours de l’hiver prochain.

Lors de son intervention devant le Conseil de sécurité, l’envoyée spéciale de l’ONU pour l’Afghanistan, Déborah Lyons, a prévenu que le gel des avoirs afghans allait créer les conditions d’une crise terrible :

"Un grave ralentissement économique pourrait plonger des millions de personnes dans la pauvreté et la famine, générer une vague massive de réfugiés afghans et, en fait, faire reculer l’Afghanistan pour des générations", a-t-elle déclaré. ...suite