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L’inde refuse de rejoindre le parti de la guerre

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S&P—Les États-Unis en viendront-ils à sanctionner l’Inde pour la punir de son refus de joindre sa voix au chœur anti-russe ? C’est ce qu’envisage en tout cas l’administration Biden — démonstration supplémentaire du (dangereux) niveau de surchauffe dont souffrent les va-en-guerre du Département d’État américain, du Pentagone et en général de l’Empire anglo-américain.

Dans sa fuite en avant frénétique visant à maintenir l’hégémonie de la « seule superpuissance mondiale », l’administration Biden a annoncé le 3 mars qu’elle envisageait des sanctions contre l’Inde, en prenant pour prétexte l’achat par l’Inde d’équipement militaire russe. Sur ce point, rien de nouveau sous le soleil : l’Inde a toujours dépendu de la Russie pour son armée. Ce qui est nouveau, c’est le refus de l’Inde de faire de la Quadrilatérale (Quad) un outil de l’OTAN.

En effet, lors du sommet du Quad jeudi dernier, malgré les pressions exercées par les États-Unis, le Japon et l’Australie, l’Inde a refusé de se joindre au reste du groupe pour dénoncer l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

The Hill rapporte que Donald Lu, le secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires sud-asiatiques, a déclaré jeudi au Congrès que

"l’administration évalue dans quelle mesure la relation militaire historiquement étroite de l’Inde avec la Russie est une menace pour la sécurité des États-Unis. C’est une question que nous examinons de très près, alors que l’administration étudie la question plus large de savoir s’il faut appliquer les sanctions prévues par le CAATSA ou renoncer à ces sanctions."

L’administration se réfère pour cela au Countering American Adversaries Through Sanctions Act, une loi adoptée en 2017 à la suite des mensonges du Russiagate sur l’ingérence du Kremlin dans les élections américaines, qui implique la possibilité de sanctionner les transactions avec les secteurs de la défense ou du renseignement russes. La Turquie a été sanctionnée en vertu de cette loi pour avoir acheté des systèmes de défense aérienne russes S-44.

M. Lu a déclaré que l’administration s’était engagée dans une « bataille rangée » avec les responsables indiens au cours des deux derniers mois qui ont précédé l’invasion de l’Ukraine par la Russie, comme le rapporte The Hill. Le président Biden, le secrétaire d’État Antony Blinken et d’autres hauts fonctionnaires du département d’État ont exhorté New Delhi à « adopter une position plus claire, une position opposée à l’action de la Russie ».

Le nouveau paradigme mondial en gestation

Cette attitude de l’administration Biden est révélatrice de la peur des milieux impérialistes de voir émerger un nouvel ordre mondial échappant au diktat de l’oligarchie de Londres et de Wall Street.

Comme le souligne Gilbert Doctorow, l’un des principaux experts mondiaux de la Russie, si la déclaration conjointe Poutine-Xi Jinping du 4 février était importante pour donner à Poutine le soutien nécessaire pour faire face à l’encerclement militaire des frontières russes par les forces de l’OTAN, la visite antérieure de Poutine en Inde était tout aussi importante. A cette occasion, le Premier ministre Narendra Modi, ignorant les pressions des États-Unis, a conclu avec le président russe une expansion des achats indiens de matériel militaire russe, notamment le système de défense aérienne S-400.

"Alors que les États-Unis déploient depuis cinq ans des efforts de plus en plus importants pour se dissocier de la Chine, en prenant des mesures militaires, politiques et économiques destinées à la ‘contenir’, ils se sont donné tout autant de mal pour détourner l’Inde de son amitié de plusieurs décennies avec la Russie et pour amener New Delhi à participer activement aux plans de défense ‘indo-pacifiques’ dirigés contre la République populaire de Chine, écrit Doctorow sur le site antiwar.com."

Soulignant le refus indien de voter pour les résolutions américaines à l’ONU dénonçant la Russie, Doctorow en conclut que nous assistons de fait à l’émergence d’un nouveau monde bipolaire, après trois décennies d’une hégémonie mondiale américaine qui a entraîné des guerres sans fin, la mort de millions de civils, et la destruction d’économies nationales entières, dans des endroits comme la Libye, la Syrie, l’Afghanistan. « Dans le cadre des efforts insensés des États-Unis pour créer un monde à leur image, conformément aux promesses de l’idéologie néoconservatrice exposée très efficacement par Francis Fukuyama dans son ouvrage La fin de l’histoire en 1992, ils ont abusé de leur domination afin d’accélérer artificiellement les tendances historiques vers la démocratie libérale qu’ils croyaient destinées à apporter la paix universelle dans un avenir indéfini ».

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