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Général allemand : seule la diplomatie peut empêcher une guerre nucléaire en Europe

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S&P—Avec la victoire de la Russie dans l’oblast de Louhansk et sa progression dans le reste du Donbass, le récit sur la défaite stratégique de Vladimir Poutine fond comme neige en enfer et laisse apparaître une possible bérézina pour Washington, de Londres et Bruxelles, qui misaient sur le prolongement du conflit et l’affaiblissement géopolitique et économique de la Russie.

Un dénouement qui ne va pas sans danger car il laisse planer la menace d’une guerre nucléaire, comme en avertit le général allemand Harald Kujat, ancien chef d’état-major de la Bundeswehr et ancien président du Comité militaire de l’OTAN

« Nous sommes peut-être plus proches d’une situation de type crise des missiles de Cuba que beaucoup ne le pensent », a averti le général Harald Kujat, dans un article publié le 12 juin dans les colonnes de la Preußische Allgemeine Zeitung. « La différence étant que l’épicentre ne serait pas dans les Caraïbes, mais en Europe. Il est donc essentiellement dans l’intérêt de l’Europe d’empêcher une extension de la guerre en Ukraine qui nous exposerait à ce danger ».

Le général allemand prend la mesure du danger à l’aune des rapports selon lesquels la Russie a simulé des attaques à l’aide de missiles Iskander (qui peuvent être armés aussi bien d’ogives conventionnelles que nucléaires) depuis son enclave de Kaliningrad. Ce que l’on sait, c’est que cette manœuvre d’entraînement consistait en une simulation de lancement sur une cible militaire en réponse à une attaque nucléaire.

"Le message du ministère russe de la Défense est apparemment destiné à envoyer un nouvel avertissement selon lequel l’utilisation d’armes nucléaires est une option réaliste pour le gouvernement russe, écrit Kujat."

La stabilité stratégique entre les deux grandes puissances (États-Unis et Russie), qui a été soigneusement préservée, ne signifie pas pour autant que le risque d’une guerre nucléaire limitée à l’Europe a disparu, explique le général. Au contraire : « Si les dirigeants russes estiment que l’utilisation de missiles nucléaires à courte portée ne déclenchera pas de contre-attaque nucléaire de la part des États-Unis, l’éventualité d’une frappe nucléaire en premier pour la Russie serait calculable ». En effet, l’ancien conseiller présidentiel d’Eltsine et de Poutine, Sergey Karaganov, a récemment déclaré : « Je sais aussi, grâce à l’histoire de la stratégie nucléaire américaine, que les États-Unis ne défendront probablement pas l’Europe avec des armes nucléaires ».

Le potentiel de la menace réside dans le fait que le conflit ukrainien n’est pas un différend Ukraine-Russie, mais un conflit OTAN-Russie. C’est la raison pour laquelle l’option diplomatique, que le président Zelensky a mise sur la table au tout début de la guerre, a rapidement été écartée, sous la pression du Royaume-Uni et des États-Unis, et que le 9 mai, Zelensky affirmait sa volonté de reprendre la Crimée.
A lire : Et si la Crimée n’était ni russe, ni ukrainienne ?.

Kujat souligne le fait que les politiciens occidentaux affirment de plus en plus que les livraisons d’armes sont destinées « non seulement à la défense de l’Ukraine, mais aussi à la victoire ukrainienne sur la Russie ». Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré par exemple fin avril que les États-Unis « veulent voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire ce qu’elle a fait lorsqu’elle a envahi l’Ukraine ».

"C’est un changement significatif dans l’orientation de la stratégie américaine dans la guerre en Ukraine, écrit Kujat. Le centre de gravité n’est plus de soutenir l’Ukraine dans sa lutte défensive, mais d’affaiblir la Russie en tant que rival géopolitique."

Cependant, le déroulement de la guerre jusqu’à présent montre qu’il n’y aura pas de vainqueur militaire dans ce conflit, estime le général allemand. La conséquence rationnelle n’est donc pas de prolonger la guerre en fixant davantage d’objectifs stratégiques, mais d’y mettre fin par une paix négociée. « L’appel à rechercher une paix négociée n’est pas non plus un appel à la reddition de l’Ukraine. Il n’est même pas dirigé contre l’Ukraine », souligne-t-il.

Les principaux acteurs militaires de cette guerre sont les États-Unis et la Russie. « Il n’y a pas eu de négociations entre les deux grandes puissances depuis le début de la guerre. La guerre a pris la place de la diplomatie. C’est la tâche de la politique et un impératif de la raison de mettre fin à la souffrance des Ukrainiens et à la destruction du pays et d’empêcher la guerre de glisser vers une catastrophe européenne », conclut Kujat.


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