|
Allemagne : Olaf Scholz sommé de prévenir une catastrophe économique et sociale
31 octobre 2022
par Karel Vereyken .
Le 28 septembre, près de 60 maires de villes et communes du Landkreis (disctrict ou arrondissement) Bautzen en Saxe orientale (ex-Allemagne de l’Est), ont signé un appel urgent au chancelier Olaf Scholz et son gouvernement.
Avec une population dépassant les 300 000 habitants, le district de Bautzen s’étend sur environ 2 400 km², ce qui en fait le plus grand district de l’État libre de Saxe - avec Bautzen, Bischofswerda, Kamenz, Hoyerswerda et Radeberg comme villes principales. Loin des petits jeux politiciens, ces élus de terrain sonnent le tocsin. Ils somment l’exécutif allemand d’agir avec cœur et raison afin de prévenir le désastre annoncé qu’ils ont devant leurs yeux. Olaf Sholz en parlera sans doute avec son conseiller principal Jörg Kukies, un homme qui passa 18 ans chez Goldman Sachs, une banque qui continue à parier sur un prix élevé des hydro-carbures... Dans le souci de notre pays et de son peupleMonsieur le Chancelier Permettez-nous, en tant qu’administrateur de district, maire principal et maire, de nous adresser à vous en tant que détenteurs de la responsabilité de notre pays et des personnes qui y vivent. Veuillez prendre note que les actions actuelles du gouvernement fédéral nous laissent avec une grande inquiétude quant au maintien de la paix sociale et de la cohésion sociale dans nos villes et collectivités. Les développements actuels sur le marché de l’énergie et l’augmentation incontrôlée des prix du gaz et de l’électricité sont particulièrement menaçants pour les entreprises et les personnes à petits et moyens revenus. Des vies sont détruites ici. La faillite personnelle imminente d’une partie importante de notre population aura un impact à court plutôt qu’à long terme sur l’économie, les recettes fiscales et donc le financement des services publics. Si les factures d’électricité et de gaz ainsi que les loyers ne peuvent plus être payés, les sociétés de logement, les services publics municipaux et les fournisseurs seront touchés de plein fouet. En fin de compte, les municipalités seront également confrontées à des difficultés financières supplémentaires en conséquence. Cela affecte les municipalités dans leur rôle d’actionnaires de sociétés de logement ou de services publics, ainsi que le district en tant que fournisseur d’un large éventail de services d’assistance sociale. Il est donc urgent d’adapter rapidement la loi sur les finances communales. À notre avis, l’aide sous forme de prêts n’est pas une solution, car les problèmes sont simplement reportés à l’avenir. Les entreprises qui, par le passé, ont conclu des contrats annuels et non pas des engagements à long terme pour l’approvisionnement en électricité et en gaz, ne recevront plus de nouvelles offres. Les fermetures ou les réductions de production se traduiront rapidement par du chômage, du chômage partiel et des problèmes croissants d’indisponibilité, de qualité et d’approvisionnement. Nous craignons que cette évolution ne se produise déjà au début de l’année prochaine si le cap n’est pas fixé maintenant. D’autre part, les services publics régionaux seront mis en danger s’ils doivent intégrer de gros clients du secteur industriel ayant des besoins énergétiques élevés, alors même que l’approvisionnement énergétique nécessaire n’existe pas. De nouveaux achats à grande échelle entraîneraient des hausses de prix importantes pour tous les clients, qui sont déjà confrontés à d’importants problèmes financiers. Là aussi, selon nous, les aides sous forme de prêts ne sont pas une solution, car les problèmes sont simplement reportés à l’avenir. Le gouvernement allemand ne peut que contrer par une action courageuse et rapide une tendance qui, une fois en marche, est difficile à arrêter. Au nom de nos habitants, nous vous demandons de décider rapidement et d’agir de manière non bureaucratique, en mettant de côté toute contrainte idéologique.
Monsieur le Chancelier, La menace imminente pour la paix sociale et l’impact sur la cohésion sociale proviennent des peurs existentielles des gens. C’est une chose que nous, en tant que décideurs à tous les niveaux, devons prendre extrêmement au sérieux. Même 32 ans après la réunification, la situation des revenus dans les États d’Allemagne de l’Est n’est toujours pas la même que dans les États d’Allemagne de l’Ouest. En moyenne, des revenus plus faibles, des pensions plus petites et des réserves limitées entraînent dans la crise des prix de l’énergie, combinée à une inflation croissante, un impact beaucoup plus sévère. Beaucoup de personnes touchées sont menacées de perdre le travail de leur vie. Nous vous demandons, en tant que Chancelier de notre République, de prendre, avec votre cœur et votre raison, des décisions de nature à prévenir la crise redoutée de la vie économique et sociale. Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Chancelier, l’expression de nos sentiments distingués. Udo Witschasn, Les 57 co-signataires :
|