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Editorials of / Editoriaux de Gilles Gervais

Commémoration : 1812 ou 1776 ?

4 juillet 2012

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Le gouvernement Harper a pris la décision de célébrer en grande pompe les évènements commémoratifs du 200e anniversaire de la guerre de 1812 avec une abondante couverture médiatique, de nombreux débats d’historiens, discours à la chambre des Communes et reconstitutions historiques de batailles militaires à divers endroits en Ontario qui, aujourd’hui, sont classés lieux historiques nationaux.

La majorité des Canadiens n’ont eu droit qu’à une version journalistique écourtée et plutôt étroite de ces évènements, où les articles étaient concentrés sur les différentes escarmouches et batailles militaires.

Il faut comprendre cette guerre de 1812-1815 entre la Grande Bretagne et les États-Unis comme une réaction de l’oligarchie européenne à la guerre d’Indépendance américaine de 1776 qui avait été encouragée et appuyée par les cercles républicains de par le monde.

En Prusse les réformateurs tel le ministre von Stein, les généraux Scharnhorst et Gneisenau, l’éducateur von Humboldt, et d’autres, saisirent l’occasion de la défaite de Napoléon en Russie en 1812 pour déclencher les guerres de libération à travers l’ancien État de l’Allemagne du Nord.

Une fois l’abdication de Napoléon conclue, la contre-révolution s’organisa avec le congrès de Vienne en 1815 : pour les monarchies et princes européens, à quoi servirait la défaite de Napoléon si les idées de 1776 devenaient hégémoniques à travers l’Europe et l’Asie ?

Les réformateurs Prussiens déléguèrent von Stein et Scharnhorst au congrès afin qu’ils puissent présenter en leurs noms un projet constitutionnel pour la nation allemande, mais les forces réactionnaires qui dominaient le congrès étouffèrent ce projet et toute autre réforme républicaine. L’Europe allait revenir au statu quo de 1792 et même d’avant 1789.

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La question que se posait Friedrich Schiller, le poète de la liberté, et ses réseaux républicains à travers l’Europe dans les années 1780, à savoir « Comment développer l’État, afin de permette la plus grande liberté pour ses citoyens ? » avait trouvé un rejet brutal au congrès de Vienne et tout espoir que la Révolution Américaine puisse être répliquée en France, puis en Allemagne, fut anéanti en 1815.

Le congrès de Vienne fut non seulement une contre-Réforme, une abomination politique, mais les principes coloniaux, fixés en 1815 lors de ce « sommet », opèrent toujours aujourd’hui en 2012 lorsqu’il s’agit de la gérance de la dette globale : endetter à outrance les pays, former un cartel de créditeurs qui considère le non paiement de la dette une raison suffisante pour briser les reins de ce pays, en le contraignant à abandonner son droit souverain de réguler son crédit et ses finances, le forçant ainsi à couper la croissance industrielle et agricole, ce qui résultera en un taux croissant de mortalité parmi sa population.

Derrière les plénipotentiaires des grandes puissances au congrès de Vienne , Castlereagh (Grande-Bretagne), Hardenberg (Prusse), Metternich (Autriche), Nesselrode (Russie), et Talleyrand (France) se trouvaient les principales banques et compagnies d’assurances et derrière elles, contrôlant le véritable pouvoir, se trouvaient les veilles familles européennes et leurs fonds consolidés – les fondi.

Nous avons affaire à un même scénario aujourd’hui, avec le groupe bancaire dominant en Europe, l’Inter-Alpha de Lord Jacob Rothschild et les deux pôles de l’empire britannique sous la mondialisation, « la City » et Wall Street. Les plénipotentiaires de l’empire britannique financier se nomment Van Rompuy, Barroso, Draghi et Juncker. Sa Majesté peut aussi compter sur Obama et Cameron. Dans le cas de l’Italie et la Grèce, les hommes de Goldman Sachs ont été mis en place sans même se préoccuper d’une élection ! L’on se croirait en 1827, lorsque les puissances du congrès de Vienne nommèrent le Conte Capodistria gouverneur de la nation Grecque !

Un Glass-Steagall global et une banque nationale Hamiltonienne

Aujourd’hui, face à la menace existentielle à laquelle est confrontée la planète entière, il nous faut mobiliser un grand nombre de Canadiens qui comprennent le danger mortel que représente « la City » et l’oligarchie anglaise et européenne derrière elle.

En ce 4 juillet 2012, il est plus urgent que jamais de libérer l’Europe du joug d’un « nouveau fascisme » bancaire en votant le plus tôt possible, d’abord, aux États-Unis le projet de loi H.R.1489 qui rétablirait la loi de séparation bancaire Glass-Steagall, et par la suite, un projet de loi semblable dans tous les autres pays de la région transatlantique. Au Canada, il nous faut, dans un premier temps, ramener la politique bancaire dite des « 4 pilliers ».
Ces premières mesures d’urgence doivent-être suivies par une politique de taux de change fixe afin de couper court à la spéculation et mettre sur pied une banque nationale Hamiltonienne autorisée à émettre du crédit productif public capable de construire au Canada, aux États-Unis et au Mexique, le projet d’infrastructure NAWAPA.

Et par des mécanismes républicains similaires en Europe, construire autour de la Méditerranée et en Afrique les infrastructures essentielles nécessaires pour assurer sur ces continents une politique de croissance qui puisse actualiser « certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur  ».

Percy Shelley, dans son poème « La mascarade de l’anarchie », annonce cette victoire anticipée du « printemps mondial » en concluant :

« Levez-vous, comme des lions sortant de leur torpeur,
En nombre invincible !
Secouez vos chaînes à terre, comme une rosée
Qui dans votre sommeil serait tombée sur vous !
Vous êtes nombreux – ils sont peu.  »

Gilles Gervais