Committee for the Republic of Canada
Comité pour la République du Canada
www.committeerepubliccanada.ca / www.comiterepubliquecanada.ca

 

News / Brèves

Nucléaire : la Chine accélère son programme thorium

27 mars 2014

Yves Paumier

(Solidarité&Progrès)—Si les pays de la zone Atlantique semblent paralysés par leur propres peurs, et ce en dépit de leur passé glorieux dans la science et la technique nucléaire, il n’en est rien dans le reste du monde, et particulièrement en Chine.

L’évolution de la technologie atomique et de la science qui la soutient se poursuit, et les choix pour le « nucléaire du futur » ont été formalisés dans ce qu’on appelle la Génération IV.

Cette IVe génération de réacteurs intègre toutes les exigences et connaissances mondialement accumulées à ce jour. Parmi les différentes filières retenues, une des plus prometteuse est celle des réacteurs aux sels fondus associés au thorium, car fondamentalement elle est celle qui fera le mieux le lien avec la fusion thermonucléaire d’après-demain, et pratiquement celle qui se miniaturise le mieux. Il n’existe pas encore de réacteur de ce type en service et la France continue à vendre de la technique de IIIe génération ou de IIIe génération améliorée comme l’EPR français à la Chine.

Mais les Chinois comptent accélérer le tempo ! Leurs besoins s’expriment en dizaines d’usines de deux ou quatre réacteurs. Comme nous l’avons rapporté ici, la Chine se mobilise depuis quelques années pour développer la filière du thorium. Depuis 2013, le fils de Jiang Zemin, Jiang Mianheng, dirige à l’Académie chinoise des sciences une start-up de 350 millions de dollars. 140 docteurs en science ont déjà été recrutés à plein temps à l’Institut de physique nucléaire de Shanghai pour travailler sur le thorium et d’ici 2015, l’équipe comptera 750 personnes. A l’origine, le projet visait à aboutir au bout de 25 ans.

Trop lent !

D’après le South China Morning Post du 18 mars, les autorités chinoises ont ordonné d’avancer de 15 ans l’échéance, c’est-à-dire de passer en dix ans, à la place de vingt-cinq, de la recherche à la production.

Raison officielle ? « Dans le passé, le gouvernement s’intéressait au nucléaire pour faire face aux pénuries d’énergie, affirme le Professeur Li Zhong. Maintenant ce qui les préoccupe, c’est le smog [la pollution]. »

Le premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré le 5 mars devant le Parlement que le gouvernement avait déclaré la « guerre à la pollution » et des mesures visant à fermer les centrales électriques au charbon. En 2013, 70 % de l’électricité en Chine a été produite avec du charbon, alors que l’électricité d’origine nucléaire n’en a fourni qu’un petit 1 %. Pour le professeur Gu Zhongmao de l’Institut chinois de l’énergie atomique, « si nous construisons autant de centrales nucléaires que la France et le Japon, nous pourrions bénéficier d’un ciel bleu et d’air propre comme eux ».

En réalité, la Chine compte bien se positionner comme leader dans ce domaine et puisque d’autres pays commencent à se réveiller sur la question, une véritable course est engagée.

Raccourcir les délais

C’est ce même défi sur les délais que Kennedy avait lancé à la Nasa pour son programme de l’Homme sur la Lune. Autant dire que Chine se donne les moyens de sa réussite.

Alors que le Président chinois est en France aujourd’hui et que la France dispose de chercheurs de pointe dans ce domaine, il serait bon que le gouvernement français prenne enfin la question au sérieux.

Il faudra, en toute décence, changer aussi notre langue française : pour l’instant le dicton « c’est du Chinois » désigne qu’il s’agit de quelque chose d’incompréhensible, alors qu’à partir d’aujourd’hui, il désignera quelque chose de grand et comportant un défi dans le temps.