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Le Sud-Planétaire confirme sa trajectoire de développement et de coopération économique

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S&P—La dixième conférence commerciale arabo-chinoise, qui vient de se dérouler à Riyad, en Arabie saoudite, a attiré plus de 2 000 participants et a marqué le virage de l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe vers la croissance commerciale et économique avec la Chine. L’année dernière, le commerce entre les pays arabes et la Chine avait déjà augmenté de 31% par rapport à 2021 ; et en mars dernier, les deux pays ont conclu un accord pour la construction d’une aciérie moderne en Arabie saoudite par le sidérurgiste chinois Baosteel, et pour la construction d’un complexe pétrochimique à Panjin, dans le nord-est de la Chine, par l’Arabie Saoudite.

La Chine, au cœur du renouveau des relations internationales

Au cours des deux jours de la conférence, au moins 30 accords commerciaux, d’une valeur de 10 milliards de dollars, ont été signés. L’événement a été clôturé par Dilma Rousseff, présidente de la Nouvelle Banque de développement, qui a déclaré :

" La Chine et l’Arabie saoudite ont le potentiel de réécrire les règles du marché mondial de l’énergie, ouvrant la voie à la diversification des monnaies et à l’adoption de nouveaux modèles de collaboration économique"

L’ancienne présidente brésilienne a ajouté que le partenariat sino-saoudien pouvait également inspirer les pays du Sud à développer le commerce régional intérieur et extérieur, offrant de grandes possibilités aux pays actuellement marginalisés par le système financier international établi.

L’Amérique Latine n’est pas en reste. Lundi 12 juin, la présidente du Honduras Xiomara Castro a rencontré le Chinois Xi Jinping au Grand Palais du Peuple à Beijing. Le Honduras, qui était il y a encore peu de temps l’un des rares pays du monde à reconnaître officiellement Taïwan, rejoint désormais l’initiative chinoise de « la Ceinture et la Route » — autrement dit les Nouvelles Routes de la soie.

Lors de leur entrevue, Castro a dit à Xi que son pays ayant connu la cruauté du système néolibéral, son objectif est de « parvenir à un développement humain réel et équitable pour obtenir une véritable indépendance. C’est pourquoi nous sommes ici. (...) Nous avons la possibilité de définir, planifier et exécuter des projets d’investissement conjoints avec un cofinancement pour les infrastructures, les routes, les ports, les aéroports, les télécommunications, l’énergie, la sécurité alimentaire, la recherche, la science, la technologie, la construction ferroviaire entre l’Atlantique et le Pacifique et un accord de libre-échange qui tient compte de nos asymétries. L’histoire de l’art et de la culture est aussi essentielle dans cette relation avec la Chine. »

Du côté du Proche-Orient, le président de l’État de Palestine, Mahmoud Abbas, est arrivé le 13 juin à Beijing, où il doit rencontrer le président chinois à propos de l’accord de paix israélo-palestinienmis sur la table par la Chine le 17 avril dernier. Rappelons que les pourparlers de paix directs entre les deux pays sont rompus depuis neuf ans aujourd’hui. Mais l’entente entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, relancée à l’initiative de la Chine le 10 mars dernier, a produit un semi-miracle dans l’ensemble de la région, surmontant les profondes lignes de fracture religieuse (lire la chronique stratégique du 13 mars).

Pour un véritable multilatéralisme

Le 14 juin s’est ouvert le Forum économique international annuel de Saint-Pétersbourg. Malgré toutes les pressions occidentales visant à isoler la Russie, plus de 100 pays ont répondu présents, pendant que l’UE et les États-Unis restent sur le banc de touche, à grincer des dents et grommeler des sarcasmes.

Un vent de bon sens et de bonne volonté se répand actuellement dans une grande partie de la majorité mondiale, dans ce qu’on appelle désormais le Sud Planétaire. L’abandon du dollar au profit d’un commerce basé sur les monnaies nationales s’étend à des projets physico-économiques définissant la capacité des pays à défendre leurs propres monnaies.

Et, il convient de noter que les dirigeants de ces pays sont de moins en moins enclins à courber l’échine devant le système néolibéral tant vanté de spéculation financière. Après que le secrétaire d’État américain Blinken est descendu à Riyad la semaine dernière pour signifier aux Saoudiens pourquoi ils devaient garder leurs distances avec la Chine, le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdulaziz bin Salman, interrogé sur les critiques occidentales contre la diplomatie saoudienne avec la Chine, a simplement répondu : « Je l’ignore totalement ».

De même, lorsque la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est rendue au Brésil pour faire la leçon au président Lula sur le ridicule « Plan de paix pour l’Ukraine », Lula a tenu bon. Il a réitéré qu’« il doit y avoir un chemin vers la paix, car une nouvelle escalade et l’usage de la force comportent d’énormes risques. Il n’y a pas de solution militaire à ce conflit. Nous avons besoin de plus de diplomatie en réponse aux invasions de l’Ukraine, de la Palestine ou du Yémen. Les horreurs de la guerre et les souffrances des peuples ne peuvent être résolues de manière sélective, les principes fondamentaux du droit international doivent être valables pour tous ».

Comme l’ont souligné Xi Jinping et Xiomara Castro le 12 juin, «  l’histoire et le monde changent d’une manière jamais vue auparavant », et une volonté croissante se manifeste pour « défendre conjointement l’ordre international fondé sur le droit international et la Charte des Nations Unies et un véritable multilatéralisme » — les chantres de « l’ordre mondial fondé sur des règles » du complexe militaro-financier anglo-américain auront compris le message.

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