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Mobiliser l’esprit de la « Mission Apollo » pour vaincre les pandémies

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Pistes élémentaires pour un vrai système de santé mondial

Nous présentons ici une version abrégée d’une esquisse programmatique, inspirée du volontarisme de la politique spatiale du Président Kennedy, élaborée par Dennis Small et Jason Ross, pour la mise en œuvre, à l’échelle d’un système de santé performant pour l’ensemble de la population mondiale, intitulée Build a Global Health System Now ! LaRouche’s ’Apollo Mission’ to Defeat the Global Pandemic.

Ce document, s’appuyant sur les critères économiques développés par l’économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019), examine le lien causal entre des choix économiques effectués dans le passé, notamment par le FMI et la Banque mondiale, et l’émergence d’anciennes et nouvelles épidémies aujourd’hui, un exerce auquel LaRouche et son mouvement s’étaient déjà livré, d’abord en 1974 et ensuite, à partir de 1985.

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INTRODUCTION

Le 10 avril 2020 - Lorsque cet appel urgent a été écrit, le monde comptait déjà plus de 1,5 million de cas de Covid-19 et le nombre de décès attribués à la pandémie s’élevait à plus de 80 000. Cette maladie, qui s’est manifestée chez l’homme entre novembre et décembre 2019, s’est répandue en quelques mois à presque toutes les nations, à un rythme agressif, parmi les populations n’ayant pas pris de mesures énergiques pour en arrêter la progression. Son taux de contamination est de l’ordre de 5 à 7 par personne infectée, contre 1,2 pour la grippe saisonnière et 2-3 pour la grippe espagnole. Au moment où vous lirez cet appel, les statistiques seront sans doute beaucoup plus élevées.

Et le plus grave, c’est que nous pourrions assister à une explosion des infections et des décès dans le secteur dit moins développé, particulièrement en Afrique, talon d’Achille de l’humanité, ce qui demande une attention particulière, comme nous le verrons plus loin.

Vaincre ce virus mortel exige une action globale, immédiate et coordonnée :

  • mesures de santé publiques intensives, incluant un dépistage à grande échelle et le confinement des individus infectés ;
  • accroissement considérable des dispositifs et des équipements de soins ;
  • investissement significatif et moyens alloués à la recherche pour trouver traitements et vaccin ;
  • progrès rapides dans les mesures sanitaires, en particulier dans les pays moins développés ;
  • fin du non-développement et des politiques de pillage dans le monde.
  • Cette pandémie globale exige une réponse globale, car la présence de réservoirs du virus dans n’importe quelle partie du monde pourrait entraîner des résurgences pendant des années.

Garantir les soins nécessaires à toute la planète

Cette réponse globale nécessite une coordination entre les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Inde, une alliance entre ces quatre puissances, ouverte à toutes les nations de la planète. Les dirigeants de ces quatre pays devraient tenir un sommet dès que possible afin d’établir une approche commune pour s’attaquer aux énormes besoins mondiaux en santé, matériel et infrastructures. Ce serait le premier pas vers la mise en place d’un Nouveau Paradigme pour remplacer le vieux système qui a failli.

Aucune autre voie, aucune orientation moins ambitieuse, ne pourra vaincre réellement la pandémie.

Malheureusement, le Covid-19 qui ravage actuellement la planète n’est qu’une crise parmi toutes celles qui pourraient nous frapper à cause de l’effondrement de l’ordre international depuis cinquante ans, et plus particulièrement le pillage mortifère des nations du secteur en développement.

Une puissante éjection de masse coronale provenant du Soleil pourrait neutraliser la plupart des réseaux électriques du monde ; pourquoi ne les a-t-on pas durcis contre ce risque, même dans les pays dits en développement ? Un astéroïde ou une comète encore inconnus pourraient détruire un continent entier ; pourquoi n’avons-nous développé aucune défense contre cette menace ? 800 millions de personnes sur cette planète n’ont pas une ration alimentaire adéquate ; pourquoi a-t-on toléré cela ? Une invasion de criquets menace actuellement la vie et les moyens de subsistance de dizaines de millions d’êtres humains. Une autre maladie pourrait survenir n’importe quand ; pourquoi n’avons-nous pas de meilleures défenses contre les virus ?

La communauté internationale doit préparer une véritable sécurité pour sa survie à long terme. Cela ne peut se produire dans le cadre de ce paradigme néolibéral qui a fait preuve de son échec. Cela ne peut pas se faire non plus dans un régime de renflouement qui considèrent les valeurs financières comme sacro-saintes. Ce système, avec sa bulle spéculative évaluée à 1,8 millions de milliards de dollars, est virtuellement en banqueroute et devrait être placé en redressement, comme l’économiste américain Lyndon LaRouche l’a proposé il y a longtemps.

Cela devrait s’accompagner, au niveau national et international, de la mise en place d’un nouveau système de crédit inspiré du premier secrétaire américain au Trésor, Alexander Hamilton, ayant pour objectif de redonner la priorité au développement de l’économie physique, stimulé par l’innovation scientifique et technologique.

La survie à long terme et l’épanouissement de l’espèce humaine nécessitent un ordre mondial qui reconnaisse la créativité de chaque individu comme étant la clé du développement économique, et qui encourage ce potentiel.

Voici un aperçu de ce à quoi cette coopération internationale devrait ressembler. C’est une première estimation des besoins, qui, nous l’espérons, sera enrichie par les apports des experts internationaux et des gens concernés dans les semaines qui viennent.

Pour commencer, deux questions se posent :

1. Quelle est la cause de cette crise, probablement la plus grave que l’humanité ait jamais connue ?

2. Quel ensemble de mesures doit-on prendre sur tous les fronts, aux États-Unis et dans le monde, pour vaincre la pandémie ?

Nous ne recenserons pas tous les goulets d’étranglement et les pénuries constatées dans une approche en profondeur. Nous commencerons au contraire par identifier ce qui est nécessaire : cette crise existentielle doit nous permettre de surmonter enfin le sous-développement inadmissible de vastes parties de l’humanité.

Nous déterminerons ensuite les besoins au niveau de l’économie physique afin d’assurer chaque étape du chemin, notamment les budgets en matériel et en main d’œuvre, définis du point de vue de l’ingénierie industrielle.

Nous reviendrons ensuite aux goulets d’étranglement pour voir comment les faire sauter. Nous verrons que pour accomplir cette trajectoire, nous devrons nous mettre en route, à marche forcée, en faisant constamment des percées technologiques. Nous sommes là, très précisément, dans le domaine de la science de l’économie physique, traitée par LaRouche de façon extensive. Son travail sera notre source d’inspiration pour établir notre feuille de route.

Nous verrons aussi qu’une telle approche exige une pleine coopération internationale, particulièrement entre les Etats-Unis et la Chine. C’est grâce à cette approche que Franklin Roosevelt sortit son pays de la grande dépression et mobilisa ses forces pour vaincre le fascisme dans la Deuxième Guerre mondiale. C’est grâce à cette approche que la Chine a réussi, en 40 ans, à sortir 800 millions de personnes de la pauvreté extrême et à devenir la deuxième puissance économique mondiale.

Une crise en préparation depuis cinquante ans

Le coronavirus n’a pas été causé par la propension des Chinois à manger des chauves-souris. Il n’a pas non plus été concocté dans un laboratoire militaire secret au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis (bien que le désir publiquement revendiqué par le prince Philip de se réincarner dans un virus pour réduire la population mondiale puisse faire réfléchir…). Il a été causé par un processus sous-jacent de l’économie physique à l’œuvre depuis au moins un demi-siècle. Il y a près de cinquante ans, Lyndon LaRouche avait déjà prévu le risque d’éclatement de pandémies comme celle qui nous frappe aujourd’hui.

D’abord en 1971, dans des déclarations publiques sur la fin du système de Bretton Woods, et en 1974, lors de son témoignage devant la Comité judiciaire de la Chambre des représentants, où il avait averti du danger d’holocauste biologique, notamment des pandémies multiples que provoqueraient des politiques de recherche de profit à court terme, entraînant la chute du niveau des équipements de santé et la baisse du système immunitaire chez les populations appauvries.

Par la suite, il mit régulièrement en garde contre ce danger, notamment lors de l’éruption des épidémies de Sida et d’Ebola.

En 1985, dans un document intitulé Le Rôle de la science économique dans la prévention des pandémies, l’une des caractéristiques des stades avancés d’un effondrement économique, LaRouche expliquait que la cause réelle des pandémies et des phénomènes similaires est la chute du Potentiel de densité démographique relative (PDDR) en dessous du niveau effectif de la population. Cet indice, le PDDR, mesure combien de population une nation peut potentiellement porter, en tenant compte de son stade de développement et de ses difficultés géographiques particulières.

« La croissance durable de l’économie (et de la population) est donc mesurée comme un taux (idéalement constant) d’accroissement du potentiel de densité démographique relative de cette société. C’est la mesure de son potentiel moyen de croissance. C’est aussi la mesure absolue de la productivité du travail par tête. »

Pour que le PDDR augmente, expliquait LaRouche, il faut que l’économie produise un excédent d’« énergie libre » par rapport à « l’énergie du système », c’est-à-dire l’énergie consommée pour faire fonctionner le système. Il ajoutait :

Dans les processus économiques, ’l’énergie du système’ est représentée par les besoins d’entretien de trois paniers debiensde consommation interdépendants. Chacun de ces paniers de marchandises correspond à une valeur minimale nécessaire pour maintenir le fonctionnement de l’économie à un niveau constant de potentiel non-entropique.

Ces trois paniers sont :

1. Le panier des biens de consommation des ménages par tête ;

2. Le panier des biens de production ;

3. Le panier de l’infrastructure économique de base : production et distribution d’énergie, gestion de l’eau, transport, etc.

Quand se déclenchent les pandémies ?

Le cas ’idéal’ pour examiner les économies, au cours de l’éruption d’une pandémie provoquée par le contexte économique, est celui où le potentiel de densité démographique relative tombe en dessous du niveau de population existant... Par exemple lorsque, avec la chute du PDDR, la consommation moyenne passe en dessous du niveau nécessaire pour la population existante. »

Mais il y a aussi le cas où,« du fait des inégalités sociales, le panier de biens de certaines catégories de ménages tombe en dessous du niveau de ’l’énergie du système’. Ce qui nous préoccupe surtout, ce sont les effets sur la santé constatés lorsque la ration alimentaire par tête chute en dessous d’un minimum biologique relatif, ainsi que les effets de l’effondrement des installations sanitaires et d’autres aspects liés à l’infrastructure, sur une population en sous-nutrition. Cette population peut alors devenir un milieu favorable pour l’éruption d’épidémies et de pandémies.

C’est précisément ce qui s’est produit pendant les 50 dernières années de pillage mortifère, imposé aux populations des pays en développement, spécialement de l’Afrique, à travers les politiques de la City de Londres, de Wall Street et, bien sûr, du Fonds monétaire international.

L’impact de telles politiques, conclut LaRouche, ne peut être compris qu’en plaçant le développement humain (ce que Vladimir Vernadski appelait la noosphère) dans le cadre global de la biosphère.

La société est partie intégrante de la biosphère... Plutôt que de voir la forte chute du potentiel de densité démographique relative comme une chute de la valeur relative de la société en tant que telle, examinons-la comme une chute du niveau relatif de la biosphère qui inclut cette société... Ce niveau tendra alors à se réajuster [au niveau global] par le renforcement du rôle des formes de vie relativement inférieures... [qui] ‘consomment’ des formes de vie humaines ou d’autres formes supérieures comme ‘carburant’ pour leur propre prolifération [les virus]. Dans cette optique, les pandémies humaines, animales et sylvestres, tendentà ressurgir et à se propager, à l’occasion de certains types de chocs sur la biosphère causés par une accumulation extrême de chutes du potentiel démographique.

INVENTAIRE SANITAIRE MONDIAL

Hôpitaux

On estime que le monde dispose actuellement de 18,63 millions de lits d’hôpitaux pour 7,7 milliards d’habitants (soit une moyenne de 2,4 lits par mille habitants !) . Certains pays sont mieux lotis que d’autres. En nombre de lits par 1000 habitants en 2017, le Japon et la Corée du Sud étaient en tête avec 13,1 lits pour le Japon et 12,3 lits pour la Corée du sud. La Russie et l’Allemagne suivaient avec 8,1 pour la première et 8 pour la seconde.

De 11,1 lits en 1980, la France est passée à 6, une chute de près de 55 %. La situation est bien plus grave pour les Etats-Unis, qui ne comptent que 2,8 lits, l’Asie du Sud 0,7, tandis que le Nigeria, qui, avec quelque 200 millions d’habitants représente un cinquième de la population d’Afrique subsaharienne, n’a que 0,5 lit pour 1000 habitants...

En prenant comme référence 4,5 lits pour 1000 personnes, le monde devrait disposer de 35 millions de lits d’hôpitaux, presque le double du niveau actuel. Cela demanderait la construction de 35 200 nouveaux hôpitaux modernes, particulièrement en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie.

Cependant, les lits en tant que tels ne peuvent sauver des vies. Il faut du personnel médical, et les cas graves exigent des équipements supplémentaires, tels que des respirateurs artificiels.

Respirateurs mécaniques

L’inventaire mondial des respirateurs est difficile à dresser, mais certains chiffres sont révélateurs des problèmes que nous aurons pour faire face au Covid-19 dans les pays sous-développés.

Les Etats-Unis ont un total de 170 000 respirateurs pour leurs 330 millions d’habitants, ce qui fait environ 500 respirateurs pour 1 million. L’Allemagne en a environ 25 000 pour ses 83 millions d’habitants,soit quelque 300 respirateurs par million – le plus haut niveau en Europe.

En Afrique, le tableau est accablant. Selon le magazine Time, il y a 500 respirateurs pour 200 millions de personnes au Nigeria, ce qui revient à 2,5 respirateurs par million d’habitant – environ 200 fois moins que les Etats-Unis par rapport au nombre d’habitants.

Le Soudan n’en compte que 1,9 par million d’habitant. La République Centrafricaine a, en tout et pour tout, 3 respirateurs pour une population de presque 5 millions, et le Liberia, qui compte 4,7 millions d’habitant, n’en a aucun !

Des estimations de la Brookings Institution et du Financial Times montrent que l’Inde a approximativement 20 000 respirateurs, ce qui en ferait 15 par million de personnes.

Equiper le monde entier de respirateurs, au même niveau que les Etats-Unis, demanderait d’en construire 40 millions.

Connaissance actuelle du Covid-19

Le Covid-19 attaque le corps d’au moins deux façons. Les premiers effets ressemblent beaucoup à la grippe saisonnière lorsque le virus se multiplie à l’intérieur du corps. Fièvre, courbatures, maux de tête et fatigue sont fréquents, de même que la toux, en particulier une toux sèche. Celle-ci est due à une caractéristique spécifique du virus : son ciblage des cellules pulmonaires et la réponse qu’il suscite de la part du système immunitaire.

Au moment où nous écrivons, il semble que chez beaucoup de patients atteignant le deuxième stade de la maladie, le syndrome de détresse respiratoire aiguë, le corps lui-même attaque les cellules pulmonaires à mesure qu’un « orage » de cytokines déclenche une intensification de la réaction contre le virus et les cellules qui en sont infectées, mais aussi contre les cellules saines.

Sur le nombre de personnes contaminées, 80 % le sont légèrement et sur les 20 % restants, environ 15 % devront être hospitalisées dans un état sévère, et 5 % seront admises en service de réanimation, dans un état critique. Le taux de mortalité chez les personnes contaminées est difficile à établir pour l’instant, du fait que la plupart des pays ont effectué peu de dépistages et que la mortalité n’est établie qu’en fonction des cas confirmés et non de tous les cas de contamination. Généralement, les pays ayant dépisté très tôt ont des taux de mortalité nettement plus bas : c’est le cas de la Corée du sud, voire même de l’Allemagne. Aux États-Unis où l’on teste désormais beaucoup, le taux de mortalité avoisine les 5 %.

La Chine est un cas de référence d’un pays qui, ayant pris l’épidémie en cours de route, à Wuhan dans le Hubei, a commencé les dépistages généralisés un peu tardivement, en même temps qu’elle a mis en branle toutes les armes, plus traditionnelles, de la lutte contre les épidémies : quarantaine, masques, gants, distanciation sociale, etc. Avec environ 80 000 cas confirmés, la Chine affiche donc un taux de mortalité d’environ 4 %. En France, en Italie et en Espagne, où il n’y a pas eu de dépistages de masse, le taux de mortalité apparaît comme étant beaucoup plus élevé, respectivement de 12 %, 13 % et 11 %.

Comment combattre l’épidémie ? Les mesures pasteuriennes permettent de se protéger contre le virus : distanciation physique et sociale, hygiène des mains, masques et mise en quarantaine d’un grand nombre de personnes : fermeture des écoles, transports publics (bus, trains, avions), commerces, espaces fermés destinés à accueillir le public (cafés, restaurants, cinémas, théâtres, stades, clubs de sport, églises, etc.), arrêt de certaines industries produisant des biens non essentiels. Autrement, les chercheurs et les médecins travaillent d’arrache-pied pour trouver le vaccin qui, en dernière analyse, assurera notre protection à l’avenir, ainsi que les traitements antiviraux pour lutter contre la maladie. Ces méthodes seront traitées plus en détails ci-dessous.

Afrique : un cas d’étude

L’Afrique est un cas d’étude pour savoir ce qu’il faut faire comme combattre le Covid-19 et autres virus, à court et long terme. L’Afrique subsaharienne abrite 1,1 million de personnes, 14 % de la population totale de la planète. A cause de son passé (et présent) colonial, les nations de cette région souffrent d’extrême pauvreté, de manque d’électricité et d’insalubrité dans les bidonvilles de ses centres urbains,de loin 25 fois le taux moyen mondial.

L’Afrique subsaharienne cumule les difficultés : 14 % de la population mondiale, 60 % de l’extrême pauvreté mondiale, 70 % des personnes dans le monde n’ayant pas accès à l’électricité, 20 % des citadins de la planète vivant dans des bidonvilles. [[D’après la Banque Mondiale, un bidonville est une unité d’habitation qui manque d’au moins un des éléments suivants : eau courante, installations sanitaires convenables, espace de vie suffisant, durabilité du logement.]

Il s’agit d’une partie de l’espèce humaine où le potentiel de densité démographique relative a nettement plongé bien en deçà de la population actuelle, en raison des politiques génocidaires de l’Empire britannique et de ses acolytes de Wall Street.

Considérons également le cas de Haïti, de loin le pays le plus pauvre d’Amérique latine et des Caraïbes,qui présente des conditions similaires à celles des nations africaines les plus appauvries. Des experts de la santé ont estimé que dans ce pays, qui compte 11,1 millions d’habitants, la pandémie de Covid-19 pourrait coûter la vie à près de 800 000 personnes, soit plus de 7 % de la population.

Le Nigeria, avec environ un cinquième de la population totale de l’Afrique subsaharienne, a une pauvreté et des indicateurs associés qui sont typiques de toute la région. Les problèmes auxquels il doit faire face dans le combat contre le coronavirus sont emblématiques non seulement de l’Afrique, mais de l’ensemble des pays en développement où un pourcentage très élevé de la population vit dans des conditions sordides.

La majorité de la main-d’œuvre y travaille dans l’économie parallèle, trouvant sa subsistance au jour le jour dans des activités ambulantes sur un marché qui varie du gris au noir. Jusqu’à 70 à 80 % de la main-d’œuvre peut être concernée par cette économie parallèle. Pour la plupart d’entre eux, « se mettre à l’abri » ou se confiner sans pouvoir travailler équivaut littéralement à mourir de faim,tout en risquant l’infection certaine au Covid-19 dans les bidonvilles où ils vivent. Le confinement est presque une plaisanterie cruelle pour les millions d’Africains, Asiatiques, Sud-Américains et autres qui n’ont même pas l’eau courante.

Dans ces nations comme dans les nôtres, seule une unité d’action permettra de vaincre cette pandémie. Voici les mesures :

  • 1. Adopter une approche nationale totalement centralisée. Dans la plupart des pays, développés comme en développement, l’armée peut jouer un rôle clé dans l’organisation logistique de la lutte contre le virus et dans la construction de bâtiments pouvant héberger l’important surplus de malades provoqué par l’épidémie. Bien souvent, dans les pays en développement, c’est aussi la seule institution nationale qui tienne encore et qui ait le respect de la population ;
  • 2. La population, en particulier urbaine, doit être testée sans exception et séparée en deux grands groupes : le groupe A, qui n’a pas le Covid-19, et le B, regroupant ceux qui sont testés positifs, même s’ils sont asymptomatiques. Le personnel médical et d’autres personnels des services publics réquisitionnés pour effectuer les tests doivent être équipés de toutes les protections adéquates ;
  • 3. Le groupe B doit être immédiatement mis en isolement dans des unités de logement séparées, que ce soient des hôtels, des bureaux requalifiés à cet effet, des centres sportifs ou événementiels, ou de nouvelles unités de logements modulaires rapidement construites. Les soignants devront également être isolés, pour ne pas infecter leurs propres familles et amis ;
  • 4. Les patients considérés comme des cas sévères et ceux qui sont dans un état critique doivent être hospitalisés. De nouveaux hôpitaux doivent être construits avec suffisamment de lits pour gérer l’afflux de cas de Covid-19. Le recrutement adéquat de médecins et d’infirmiers doit être organisé, y compris en les réquisitionnant à l’échelle nationale ;
  • 5. Quant au groupe A, pendant la durée de l’épidémie, ces personnes doivent être soit mises en quarantaine, lorsqu’elles ne participent pas aux activités essentielles à la survie de la nation, soit équipées en masques pour sortir tous les jours vaquer à leurs occupations, en appliquant les mesures de distanciation sociale et les gestes barrières contre l’épidémie.

A plus long terme, ce que la Chine fait déjà en Afrique avec la construction de nouveaux chemins de fer et d’autres infrastructures,doit être étendu à tous les pays en développement,afin d’empêcher que des foyers d’infection s’y constituent à l’avenir. Il est essentiel d’étendre le Pont terrestre mondial à toute l’Afrique, grâce à une coopération en profondeur entre la Chine et les Etats-Unis en particulier,ainsi que d’autres pays.

Mais la communauté mondiale doit immédiatement faire beaucoup plus pour répondre à la situation africaine, comme nous le détaillons en conclusion de ce rapport.

CHAPITRE 1
MESURES DE SANTE PUBLIQUE

A. POUR LES CAS SYMPTOMATIQUES

Hôpitaux

Prenons le cas des Etats-Unis. Au 8 avril, l’Institut d’évaluation et des mesures de santé (Ecole de médecine de l’Université de Washington) estimait qu’aux Etats-Unis, il faudrait, à l’approche du pic de la maladie, approximativement 100 000 lits d’hôpitaux de plus, dont 20 000 en unités de soins intensifs, et plus de 16 000 respirateurs artificiels. Selon l’Association des hôpitaux américains,en 2018, on comptait près de 800 000 lits dotés en personnel dans les hôpitaux locaux, et autour de 70 000 à 80 000 lits en unités de soins intensifs pour adultes. Cela paraît beaucoup, mais un grand nombre de ces lits sont déjà occupés.Aussi, lorsque le nombre de patients hospitalisés atteindra son pic,il y aura des pénuries.

En comptant large, le nombre total de lits d’hôpitaux aux Etats-Unis est actuellement de 2,8 pour 1000 personnes, tout juste un tiers du niveau de 1970 de 7,9 lits ! Quant aux « lits d’hôpitaux locaux »,utilisés parla plus grande partie de la population, il n’y en a que 2,4 pour 1000 personnes.

Considérons maintenant les besoins totaux et les coûts des hôpitaux en termes d’énergie, d’eau, d’hygiène et de moyens de transport. 575 000 lits supplémentaires seraient nécessaires pour porter la moyenne nationale à 4,5 pour 1000 personnes. Selon un rapport de 2007 de l’Administration américaine d’information sur l’énergie (US Energy Information Administration – EIA), les 3040 plus grands hôpitaux, avec approximativement 915 000 lits (au moment de l’étude), consommaient environ 134 milliards de kWh par an, dont 57 milliards de kWh sous forme d’électricité et le reste sous forme de gaz naturel, de chauffage collectif et de fioul.

D’après ces chiffres, par une règle de trois, des hôpitaux comportant 575 000 lits supplémentaires demanderaient environ 36 milliards de kWh d’électricité chaque année. Cela se traduit par 5000 MW de puissance de centrales électriques à 80 % de leur capacité. Ce serait l’équivalent de cinq grands réacteurs nucléaires ou deux barrages Grand Coulée (fonctionnant à sa capacité moyenne) [dans l’Etat de Washington]. Et cela ne prend même pas en compte les besoins en gaz naturel !

Dans le même rapport, l’EIA estime que ces 3040 grands hôpitaux consomment 503 millions de mètres cubes d’eau chaque année. Des hôpitaux avec 575 000 lits supplémentaires requerraient une augmentation annuelle de 318 millions de mètres cubes. Pour donner un sens des proportions, la plus grande usine de dessalement actuellement à l’étude, située au Royaume d’Arabie saoudite, fournirait environ 378 millions de m3 d’eau dessalée par an.

Ouvrir 15 à 20 millions de lits d’hôpitaux supplémentaires, afin de porter à 35 millions leur nombre total à l’échelle mondiale,demanderait environ 100 000 MW de capacité de production, que pourraient fournir100 grandes centrales nucléaires ou près de 2000 petits réacteurs nucléaires modulaires. Les besoins mondiaux en eau pour ces nouveaux hôpitaux atteindraient environ 4 milliards de mètres cubes annuels, ce qui représente environ la moitié du volume d’eau contenue dans le barrage des Trois Gorges en Chine.

Cependant, les lits d’hôpitaux ne valent rien sans médecins ni infirmiers. La crise actuelle a obligé le personnel médical à la retraite à reprendre le travail, et l’on a vu des écoles de médecine proposer de délivrer des diplômes anticipés aux étudiants de dernière année souhaitant renforcer les équipes médicales pendant la crise, et qui comptent s’installer comme médecin aussitôt après. Alors que les foyers de virus migrent à travers le monde, les soignants en mesure de voyager devraient être encouragés à travailler aussi dans d’autres régions et pays.

Estimation mondiale de besoins en respirateurs

En s’appuyant sur des scénarios de pandémie de grippe envisagés dans une étude de planification du département américain de la Santé et des Services sociaux, datant de 2005, il pourrait y avoir plusieurs millions d’hospitalisations aux États-Unis, dont jusqu’à au moins un million de patients nécessitant un traitement en soins intensifs et un demi-million ayant besoin de respirateurs mécaniques. En projetant ces chiffres à la population mondiale actuelle, 10 millions de personnes pourraient avoir besoin de respirateurs, dont environ 1 million en Afrique, en Amérique latine et en Inde.

Équipement de protection individuelle

L’équipement de protection individuelle (EPI) est utilisé dans les établissements de soins pour empêcher les patients et le personnel soignant de transmettre la maladie à leur entourage. Cela comprend gants, masques, visières faciales, lunettes, blouses, couvre-cheveux et combinaisons intégrales. Sans la filtration de haute qualité offerte par un masque certifié N95 (ou FFP2 et 3, encore plus protecteurs), les employés courent un risque sérieux d’attraper eux-mêmes la maladie. Profitant des pénuries dramatiques dans la production de ces équipements, des médiateurs sans scrupules ont provoqué d’énormes hausses de prix et des tensions entre les pays cherchant à en importer des pays qui en fabriquent. Les pays du secteur avancé, trop occupés à rechercher des profits financiers rapides, ont délocalisé toute la production de ces équipements en Chine et dans d’autres pays en développement. Il leur faudra désormais en relancer chez eux la production industrielle.

L’aménagement d’un hôpital ou d’un autre établissement de soins peut avoir un impact énorme sur la quantité d’EPI requise. Dans un cadre de soins de santé ne comprenant que des cas confirmés de Covid-19, il n’est pas nécessaire pour le médecin de prendre des précautions pour éviter de contaminer les patients. Les soignants pourront porter un équipement de protection pendant certaines périodes de travail. Quand ils doivent s’occuper de malades de statut mixte (atteints ou non du coronavirus), les meilleures pratiques exigent qu’ils s’équipent d’EPI avant d’entrer dans une chambre et s’en débarrassent aussitôt après leur sortie, pour éviter de contaminer les patients non infectés qu’ils visiteront ensuite. Cette configuration pourrait nécessiter dix kits d’EPI par jour et par chambre de patient. Ainsi, les dispositions en vigueur dans les établissements de santé séparant les patients Covid-19 des autres, peuvent permettre de réaliser d’importantes économies d’EPI. Cependant, la séparation précise de ces patients exige un dépistage systématique.

Masques

Bien ajusté, un masque N95 protège le porteur de 95 % des particules de plus de 0,3 microns. Bien que le coronavirus SARS-CoV-2 lui-même soit de taille inférieure, les virions ne flottent pas tout seuls dans l’air et sont efficacement bloqués par les masques respiratoires N95.

Une étude réalisée en 2015 par la Bibliothèque nationale de médecine des États-Unis, qui fait partie des National Institutes of Health, estimait, après avoir étudié plusieurs scénarios, que si 20 % à 30 % de la population américaine tombait malade, quelque 4 milliards de masques N95 seraient nécessaires pour y faire face. En extrapolant ce chiffre à la population mondiale, les besoins mondiaux seraient de l’ordre de 100 milliards de masques N95 pour la durée de l’épidémie, dont quelque 15 milliards en Afrique, 10 milliards en Amérique latine et 20 milliards en Inde.

Dépistage rapide au point d’intervention

Les progrès de la technologie permettent désormais de traiter des milliers de tests de dépistage par jour avec une seule machine dans un laboratoire dédié (haut débit) et de délivrer des résultats rapides aux points d’intervention (labos,drive-in, etc.). Le développement par les laboratoires Abbott d’une unité de test portable, capable de fournir un résultat positif en cinq minutes, ou un résultat négatif en un quart d’heure, accélère considérablement le processus de dépistage des patients présentant des symptômes possibles de Covid-19, leur permettant d’être orientés directement vers l’établissement ou le service de soin appropriés.

B. POUR LES CAS ASYMPTOMATIQUES</font

Hébergement confiné

Toute personne dont la contamination est avérée doit être isolée de ses voisins, colocataires et famille, y compris les personnes asymptomatiques ou légèrement symptomatiques, qui doivent être placées dans des établissements conçus pour le confinement. Les hôtels ayant un taux d’occupation de moins de dix personnes devraient être réaffectés à cet effet, avec des fournitures d’EPI adéquats et un personnel hospitalier restreint, formé à cet effet. Les types d’hébergement utilisés suite aux catastrophes naturelles seraient également appropriés.

C’est l’approche adoptée à Wuhan, où tout cas positif confirmé a été isolé sous surveillance médicale dans des dispensaires, des gymnases ou des hôtels. Les cas bénins et asymptomatiques pourraient alors socialiser et participer à des activités de groupe, ce qui serait bien meilleur pour leur santé mentale que de devoir se cacher dans une pièce à la maison, de peur d’infecter leurs proches ! Deux tests d’acide nucléique négatifs au virus, à 24 heures d’intervalle, sont nécessaires avant que les malades puissent quitter les installations de confinement. C’est le confinement de chaque catégorie de patients, dans des lieux séparés, qui a permis de vaincre l’épidémie à Wuhan et au Hubei. La réussite de la Chine à Wuhan reste le modèle le plus efficace à ce jour pour lutter contre le coronavirus.

C. POUR TOUT LE MONDE

Vers un dépistage de masse

Étant donné qu’entre un quart et la moitié des personnes infectées par le coronavirus ne présentent que des symptômes bénins ou pas de symptômes du tout, des tests à grande échelle (notamment pour les asymptomatiques) permettront d’isoler les cas de manière ciblée et de faciliter la traçabilité des contacts. La Corée du Sud a testé une personne sur 170 et a utilisé ces résultats pour rechercher, grâce à leurs coordonnées digitales, les personnes qui avaient pu être en contact avec elles.

Le confinement à grande échelle actuellement appliqué pour contenir la propagation du coronavirus a des conséquences économiques et sociales non négligeables. Si ces mesures sont appropriées, compte tenu du faible niveau de dépistage, un dépistage à grande échelle permettrait de décider à bon escient de la levée des restrictions.

Pour faire comme la Corée du Sud à l’échelle mondiale, c’est-à-dire tester un habitant sur 170, il faudrait effectuer 45 millions de tests. Et encore, beaucoup de gens auront besoin de plus d’un test. Par exemple, quelqu’un qui a été testé négatif mais aura pu être exposé entre-temps, ou tel autre qui doit être testé pour savoir s’il peut quitter son lieu de confinement. Effectuer environ 60 millions de tests, en tenant compte de ces cas multiples, prendrait une grande partie de l’année au rythme actuel de production de ces tests.

Les tests par écouvillon nasal,ou tests PCR (processus de réaction en chaîne par polymérase),les plus couramment utilisés actuellement, détectent des composants du génome du virus. Du matériel génétique y est multiplié par 1 000 000 à 1 000 000 000 de fois pour permettre la détection du virus.

Les tests sérologiques travaillent sur le sang plutôt qu’avec des écouvillons ; au lieu du virus lui-même, ils détectent des anticorps produits par l’organisme pour combattre la maladie chez des personnes qui ont été infectées mais se sont rétablies depuis. Grâce à ces tests, il sera possible d’identifier qui est immunisé ou non. Si des recherches plus approfondies révèlent que l’immunité dont jouissent ces personnes est durable, elles pourront être autorisées à retourner au travail et même à travailler en tant que coordinatrices dans la livraison de repas ou dans des centres de confinement pour cas bénins.

Elles pourront même devenir des donneurs de plasma sanguin, destiné à immuniser les populations par thérapie passive par anticorps. Leur sang pourra être transfusé chez des patients gravement malades pour aider leur organisme à lutter contre le virus. Les hôpitaux américains ont commencé à appliquer cette technique fin mars, et des appels aux dons de sang sont lancés via les réseaux sociaux pour élargir les stocks.

Des tests sont également effectués sur des échantillons d’eaux usées non traitées, afin de détecter la présence générale et la prévalence du virus dans une communauté.

Traitements et vaccins

Qu’en est-il des interventions pharmaceutiques (vaccins et traitements) pour prévenir la maladie et lutter contre le virus ? Pour l’instant, ces produits n’existent pas. Pour ce qui est du vaccin, la première phase de recherche consiste à en établir l’innocuité. Les chercheurs doivent s’assurer que le vaccin lui-même ne cause aucun problème. Si les résultats de l’étude sont prometteurs, les prochaines phases de l’étude, incluant des testsin vivo, détermineront l’efficacité du vaccin. Ensuite,on devra développer les capacités de fabrication pour produire le traitement spécifique. Ces étapes multiples expliquent pourquoi l’on prévoit généralement un délai de 12 à 18 mois pour la production de vaccins.

Les médicaments antiviraux peuvent cibler le virus lui-même, en empêchant son entrée dans les cellules ou sa réplication. Plusieurs médicaments déjà existants sont en cours de test :

  • l’Avigan (favilavir-favipiravir), un médicament antigrippal développé par Fujifilm au Japon, est désormais inclus dans l’arsenal de traitements de la Chine et il est à l’étude dans plusieurs pays, dont les États-Unis et le Japon ;
  • destiné au départ à lutter contre Ebola, le Remdesivir, développé par Gilead Sciences, une société américaine ayant une expérience notable dans le traitement des infections virales, est soumis à des essais dans plusieurs pays ;
  • le Plaquenil (hydroxychloroquine) et la chloroquine. Prescrits à l’origine contre le paludisme, ces médicaments ont également été utilisés pour les troubles auto-immunes. Des essais sont en cours dans le monde entier et de nombreux hôpitaux utilisent déjà l’hydroxychloroquine pour leurs patients Covid-19. Des centaines de millions de comprimés sont en voie de production alors même que son efficacité n’est qu’à l’étude.

Prévenir les problèmes pulmonaires

Une quatrième approche,visant à réduire les effets respiratoires mortels du virus sans combattre le virus lui-même,consiste à lutter contre ce qu’on appelle les « tempêtes de cytokines ». Au stade avancé de la maladie, se développent des problèmes respiratoires graves et potentiellement mortels,associés à une réponse excessive du système immunitaire, dans laquelle l’organisme du patient s’attaque non seulement aux cellules qui hébergent le virus mais aussi aux cellules pulmonaires saines :ce sont les tempêtes de cytokines.

Deux médicaments anticorps déjà approuvés pour d’autres affections, Kevzara (sarilumab) et Actemra (tocilizumab), encore à l’étude, sont utilisés pour réduire cette activité excessive du système immunitaire. Des anticorps entièrement nouveaux sont également en cours de développement à cet effet.

On peut aussi faire appel aux stéroïdes pour réduire l’auto-réponse immunitaire, bien qu’ils aient pour effet secondaire d’affaiblir le système immunitaire. Ils sont également largement utilisés par les médecins.

Stabilité sociale

La société doit garantir le bien-être des populations, ce qui veut dire,dans ce cas précis, aider les personnes malades à respecter les mesures de confinement, en leur accordant des congés maladie, des allocations chômage et un revenu de base.

On ne peut exiger des gens qu’ils restent chez eux s’ils sont tributaires de leur travail quotidien pour subvenir à leurs besoins vitaux. Impossible aussi de demander aux sans-abri de rester« à la maison »…C’est pourquoi les employés doivent bénéficier d’un congé maladie pour pouvoir se mettre en quarantaine. Comme c’est déjà fait en France ou en Allemagne, des prêts et des subventions doivent être accordés aux entreprises pour leur permettre de continuer à payer leur personnel dans l’incapacité de travailler. La protection contre le chômage doit être étendue aux personnes en situation d’emploi non traditionnel. Pour ceux qui ne peuvent bénéficier de ces programmes, une assistance directe, sous forme d’un revenu de base, ainsi que la fourniture de produits de première nécessité (nourriture, etc.), devra leur être assurée. On doit faire en sorte que les SDF contaminés puissent être placés en confinement dans des logements adaptés et que la nourriture et autres nécessités leur soient assurées.

Moratoire sur les saisies, les expulsions et les fermetures de services publics

Le revenu de base pour assurer les besoins vitaux ne suffira pas pour rembourser les hypothèques et payer le loyer, les services publics et les crédits en cours. Un moratoire sur les saisies, les expulsions et les coupures de services publics (y compris internet et téléphone) doit être mis en œuvre pendant la période de confinement, et les paiements sur les hypothèques et les prêts personnels devraient être facultatifs. Les entreprises lésées par ces mesures pourront obtenir de l’aide.

Distanciation physique et sociale- interventions non pharmaceutiques

Les personnes pouvant faire du télétravail ou dont l’activité quotidienne n’est pas vraiment essentielle au fonctionnement de la société doivent rester chez elles, en confinement, et ne sortir que pour des motifs indispensables. Celles qui doivent continuer à travailler doivent porter des masques au travail et dans les transports en commun,et garder une distance d’un mètre minimum avec toute autre personne rencontrée. Pour cela, les dispositions financières et logistiques nécessaires pour assurer leur subsistance doivent être assumées par l’État.

Masques

Hors domicile, tout le monde, contaminé ou non, doit porter un masque.

Lavage des mains

Avec le masque, le lavage fréquent des mains au savon est, avec l’utilisation de désinfectants à base d’alcool sur les tables et les surfaces couramment utilisées,le geste barrière pour réduire la propagation du coronavirus.

Or, il y a sur cette planète plus de trois quarts de milliard de personnes (844 millions en 2015) qui n’ont pas accès à l’eau potable ! Deux milliards et demi n’ont pas accès à des infrastructures d’assainissement. Les coûts pour la santé et le bien-être sont stupéfiants. Selon le CDC (Centre pour le contrôle des maladies), citant une recherche publiée dans The Lancet, chaque année, 800 000 enfants de moins de cinq ans meurent de maladies diarrhéiques. Le manque d’assainissement,d’eau potable et d’hygiène contribue à hauteur de 88 % dans les décès dus aux maladies diarrhéiques dans le monde.

Exhorter une communauté privée d’installations sanitaires à se laver fréquemment les mains, sans lui en donner les moyens, est à la fois insultant et insensé. Un programme d’urgence visant à développer les installations sanitaires doit être mis en œuvre, complété par la fourniture d’un désinfectant pour les mains à des fins d’hygiène.

Traçage numérique

La connaissance intime de la NSA sur le sort de tout individu possédant un téléphone portable peut être mise à profit utilement ! À titre d’exemple, il pourrait être utilisé pour envoyer un texto avertissant de la proximité d’une personne testée positive. Cette approche a été utilisée avec succès en Corée du Sud pour aider les gens à mieux connaître leur risque d’exposition.

Restrictions de voyage

Les systèmes de transport sont une source majeure de contamination. C’est pourquoi beaucoup de pays les ont interdits tandis que d’autres obligent leurs passagers à porter un masque. Lorsque des tests de dépistage auront été effectués à un niveau suffisamment élevé, permettant de connaître l’incidence du virus dans différentes régions, les restrictions de voyage pourront être mieux ciblées.

CHAPITRE 2
L’INDUSTRIE ET L’INFRASTRUCTURE NÉCESSAIRES POUR SOUTENIR LES MESURES DE SANTÉ PUBLIQUE.

La mise en place des mesures sanitaires du chapitre 1 nécessitera des investissements majeurs dans le secteur manufacturier et les infrastructures économiques de base. Il s’agit de remédier à l’état inexcusable du monde, où la pauvreté existe toujours en 2020. C’est tout à fait possible, comme l’a montré l’expérience chinoise pour éliminer la pauvreté extrême au cours des quatre dernières décennies.

Infrastructures

Les plateformes technologiques que nous apportons à notre environnement pour améliorer notre espace physique offrent à l’espèce humaine un environnement « humanisé », bien supérieur à l’état « naturel » que nous partageons avec les singes. En contrôlant les cours d’eau, en drainant les marécages, en irriguant les champs, en construisant des canaux, des voies ferrées et des routes, en développant des systèmes d’eau et d’eaux usées, en créant des réseaux électriques et de communication et en améliorant la flore et la faune, l’espèce humaine a un pouvoir unique pour faire de cette Terre un jardin. Ces infrastructures comprennent aussi ce que l’on appelle des infrastructures immatérielles, dans les domaines de l’éducation et de la culture. Une grande partie de l’investissement pour éradiquer la pauvreté se fera sous forme d’infrastructures économiques de base et d’infrastructures sanitaires. Mais peut-on construire un hôpital sans routes ni électricité ?

Équipement médical

De nombreuses entreprises, allant des constructeurs automobiles aux entreprises aérospatiales,ont manifesté leur intérêt pour reconvertir leur outillage dans la production de respirateurs.

  • Entre autres : General Motors travaillera avec Ventec Life Systems pour en sortir 10 000 unités par semaine ; Ford Motor Company, s’est engagé avec General Electric à en fournir 50 000 unités d’ici le 4 juillet ; les groupes McLaren, Jaguar Land Rover et le groupe Volkswagen y travaillent aussi.
  • Des sociétés aérospatiales telles que Embraer, basée au Brésil, Rolls Royce et Airbus, basées en Europe, et la société américaine SpaceX y participent.
  • Les fabricants actuels accélèrent leur production : Philips double la sienne à 2000 par semaine et Getinge est passé à 3750 par semaine. Drager, Vyaire et Smiths Group travaillent tous à la production de respirateurs pour les gouvernements.

Si tout se déroule selon les projections,ces sociétés fourniraient au moins 300 000 ventilateurs d’ici juillet. Un article de Politico du 9 avril rapporte que la demande estimée des États-Unis uniquement et de plusieurs pays d’Europe occidentale atteindrait un million de ventilateurs.

En France aussi, l’actuel producteur Air Liquide a déjà dopé sa production annuelle de 100 respirateurs à 500. Et avec un consortium formé tout récemment, incluant Schneider Electric, PSA et Valeo, ils comptent en produire 11 000 nouveaux d’ici juin.

Equipement de Protection Individuelle (EPI) : 3M, qui produit actuellement environ 100 millions de masques par mois aux Etats-Unis, a l’intention de doubler sa production internationale à 2 milliards de masques N95 l’année prochaine. Honeywell Industries a modernisé son usine de Rhode Island et réorganise son installation aérospatiale à Phoenix, dans l’optique d’une augmentation globale de sa production à 120 millions par an.

En France, une production de 8 millions de masques par semaine est assurée depuis peu par des petites et moyennes entreprises nationales, dont notamment Kolmi-Hopen, près d’Angers.

CHAPITRE 3
CHANGEMENT DE POLITIQUE GLOBALE REQUIS

Collaboration internationale

Le coronavirus qui frappe actuellement le monde n’est que l’un des virus mortels auxquels nous sommes confrontés. Le virus financier, principalement localisé dans la City de Londres et à Wall Street, s’est révélé non moins meurtrier au cours des dernières décennies. Le virus géopolitique, infectant les esprits égarés de politiciens insensés qui croient que la Guerre froide est toujours en cours, menace de détruire le potentiel de collaboration nécessaire pour vaincre les autres virus.

C’est pourquoi, une fois de plus, des négociations au sommet, impliquant les présidents Trump, Poutine, XiJinping et le Premier ministre Narendra Modi, doivent se tenir de toute urgence en vue d’instaurer la coopération nécessaire pour faire face à la crise sanitaire. Ce serait aussi l’occasion de mettre en place un nouveau système économique plus juste à l’échelle mondiale, comme le prévoyait Lyndon LaRouche.

L’Afrique est l’autre urgence. Unissant ses forces, le monde doit agir au nom de toute l’humanité pour empêcher l’imminence d’une hécatombe sur ce continent, à mesure que le coronavirus se propage.

Des brigades d’ingénieurs, de médecins et d’autres personnels qualifiés venant de dizaines de pays doivent y être mobilisées, déployées et coordonnées, sous l’égide des Nations unies et de l’Union africaine et dans le plein respect de la souveraineté de chaque nation. La construction d’infrastructures sanitaires et d’assainissement, la fourniture des équipements médicaux et de protection nécessaires et l’aide à la gestion des systèmes de santé font partie des tâches urgentes à accomplir.

Les nations africaines doivent également bénéficier d’une annulation immédiate de leur dette extérieure : la vie passe avant la dette !

De même, tous les conflits armés, sanctions, différends frontaliers et autres doivent cesser au niveau international. Il faut, au contraire, s’unir pour la bataille commune que l’humanité doit livrer contre le coronavirus.

Un changement de paradigme

Il y a près de cinquante ans, Lyndon LaRouche avertissait que le démantèlement du système de Bretton Woods par le président Nixon, le 15 août 1971, entraînerait des effets économiques dévastateurs qui se traduiraient, en fin de compte, par le retour du fascisme.Aujourd’hui, cela prend la forme, entre autres, d’un écologisme dévoyé en malthusianisme, où des personnes soi-disant inquiètes pour l’avenir du monde veulent empêcher la population de consommer des énergies à haute densité de flux, condamnant ainsi des millions d’êtres humains à mourir prématurément.

Quelques années plus tard, en 1974-1975, LaRouche mettait en garde que l’aggravation des conditions économiques créerait les conditions d’une propagation rapide de maladies, y compris de nouvelles, pouvant même provoquer un « holocauste biologique ». Bien que la Chine et les principaux pays développés paraissent avoir plus ou moins réussi à contrôler la pandémie actuelle, quel sera, dans les prochains mois, le sort réservé au monde en développement s’il n’y a pas de changement fondamental et rapide ?

Pour créer une économie résiliente face à des crises provoquées par l’émergence de nouvelles maladies, il faut d’énormes investissements dans les infrastructures économiques de base, ainsi qu’une reconceptualisation de ce qu’est l’économie.

Lyndon LaRouche était catégorique :l’économie n’est pas une question d’argent ou de valeurs pouvant s’exprimer en termes monétaires. Au contraire, le secret de la croissance économique est la capacité de l’esprit humain créatif à découvrir et à développer de nouveaux principes physiques qui étendent les capacités de l’espèce humaine. Pour mesurer approximativement la valeur d’une découverte et d’une société où l’économie est tirée par l’innovation scientifique et technique,

Lyndon LaRouche utilisa la métrique de l’accroissement du potentiel de densité démographique relative, comme nous l’avons dit au début. Autrement dit, combien de personnes peuvent être assumées par une société, au kilomètre carré, sur la base d’un vaste programme d’investissements dans les découvertes scientifiques et technologiques, porté par une culture visant à élever l’homme et à lui donner une vision d’avenir ?

Dans l’un de ses derniers écrits politiques, Lyndon LaRouche exigeait la mise en œuvre immédiate de « quatre principes », seule approche, selon lui, ouvrant à toutes les nations la voie vers la prospérité :

  • Premièrement, une réforme bancaire fondée sur les principes de la loi Glass-Steagall adoptée aux Etats-Unis en 1933, séparant totalement les banques d’affaires dédiées aux investissements spéculatifs, d’une part, des banques commerciales, gérant les dépôts des particuliers et l’investissement dans l’économie productive, de l’autre. C’est la condition préalable pour qu’en cas de crise, les investissements spéculatifs ne puissent bénéficier de la protection du gouvernement, tout en garantissant que la banque commerciale puisse survivre et jouer son rôle utile.
  • Deuxièmement, créer des banques nationales, permettant aux gouvernements de rendre le crédit à long terme disponible pour développer l’économie physique, et non pour assurer la stabilité financière, comme le font aujourd’hui la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne.
  • Troisièmement, adopter des mesures afin d’orienter le crédit en fonction non pas d’un gain financier, mais de la croissance de l’économie physique fondée sur une augmentation exponentielle de la densité énergétique, par personne, par unité de surface donnée et par quantité de matière employée. Il s’agit de faire plus et mieux, avec moins.
  • Quatrièmement, financer la recherche pour accéder aux nouvelles découvertes nécessaires à la croissance humaine au cours des cinquante à cent prochaines années : fusion nucléaire, recherche spatiale et percées fondamentales en biologie, pour ne citer que trois exemples particulièrement efficients.

En libérant le véritable potentiel économique de notre répertoire actuel de découvertes scientifiques pour l’étendre encore davantage,on pourrait éliminer totalement la pauvreté et la faim en une génération, voire en une décennie. L’énergie de fusion nucléaire changera notre relation avec l’énergie, l’eau et les ressources. Les fusées à fusion nous protégeront de tout astéroïde menaçant de percuter notre planète. Les progrès biologiques permettront de mieux guérir les maladies et d’éradiquer le risque de pandémies. Et, par-dessus tout, d’en finir avec la peur d’un conflit international à grande échelle,à mesure que nous travaillons à réaliser nos objectifs communs !

Tous ces questions seront abordés lors de la visio-conférence internationale de l’Institut Schiller à laquelle nous vous invitons de vous inscrire de toute urgence !

[1] D’après la Banque Mondiale, un bidonville est une unité d’habitation qui manque d’au moins un des éléments suivants : eau courante, installations sanitaires convenables, espace de vie suffisant, durabilité du logement.